Danny Reweghs

Des géants chinois dans le gratin de l’industrie technologique

Danny Reweghs Journaliste

Les entreprises chinoises du secteur méritent d’être suivies d’aussi près que leurs concurrentes américaines.

La situation s’envenime encore: la semaine dernière, Pékin a riposté à Donald Trump. Mais comme nous l’avons déjà fait remarquer, cette guerre s’inscrit dans un contexte beaucoup plus large. Washington s’est véritablement mise en alerte il y a quelques années déjà. C’était lors du congrès quinquennal du Parti communiste qui s’est tenu en octobre 2017. Durant celui-ci, le président chinois Xi Jinping a non seulement consolidé son pouvoir, mais il a aussi exprimé son ambition de faire de la Chine un acteur technologique prééminent. Les ambitions militaires du pays sont claires depuis des années également. De même que son aspiration à dominer la mer de Chine méridionale. La guerre qui oppose les deux superpuissances depuis plus d’un an n’est pas seulement commerciale; il s’agit d’une lutte pour l’hégémonie mondiale.

Près de la moitié des vingt plus grandes entreprises technologiques cotées sont chinoises

Il y a quelques années encore, les Etats-Unis mettaient la Chine au défi de montrer ne serait-ce qu’un produit ou projet novateur… La situation a bien changé. Pourtant, aux yeux de nombreux Occidentaux, l’esprit d’innovation fait défaut aux Chinois, tout juste capables de copier, mais qui excellent dans la violation de la propriété intellectuelle occidentale. Ce n’est pas pour rien que de plus en plus d’auteurs tentent d’expliquer aux Européens que leur perception de l’empire du Milieu est désuète – songeons, pour n’en citer qu’un, à l’ouvrage “China’s New Normal” (traduction libre: “Le nouvel ordinaire chinois”, Ndlr.) de Pascal Coppens. Xi Jinping les a devancés. Peu après son accession à la présidence, en 2013, l’homme a affirmé qu’une nouvelle ère commençait en Chine, celle de la “nouvelle normalité”. Une période durant laquelle la croissance économique, certes plus modérée, ne reposerait plus uniquement sur les exportations et les aides publiques, mais aussi, et de plus en plus, sur la consommation intérieure et l’innovation.

Dignes d’intérêt

Aujourd’hui, environ la moitié des 20 plus grandes capitalisations boursières liées à l’Internet sont chinoises. La Chine compte autant de “licornes”, ces entreprises privées qui valent un milliard de dollars au bas mot, que les Etats-Unis. Les entreprises chinoises n’investissent plus moitié moins, mais autant que leurs concurrentes occidentales en recherche et développement. Et les entreprises technologiques chinoises enregistrent en moyenne une croissance (beaucoup) plus soutenue que leurs rivales occidentales.

Or, nous le concédons, nous avons jusqu’ici consacré trop peu d’attention aux entreprises technologiques chinoises cotées en Bourse. Nous comptons y remédier. Notre récente analyse de Tencent Holdings (lire ici), un géant chinois dont on entendra longtemps parler, constitue d’ailleurs un premier pas dans ce sens. Sa valeur boursière (410 milliards de dollars) n’est pas (encore) comparable à celles des leaders américains du secteur, mais l’a tout de même hissé dans le Top 10 mondial.

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