J’ai testé la C-zéro

A en croire les promesses de la plupart des constructeurs automobiles, la voiture “tout électrique” a de l’avenir. Mais est-elle pour autant la solution à nos problèmes de mobilité et d’écologie ?

D’accord, la voiture électrique n’est pas neuve. Mais le type de batteries utilisé (lithium-ion) et les motifs poussant les constructeurs à se tourner vers ce type de motorisation ont changé. “Le souci écologique général et la pression imposée aux constructeurs pour réduire les émissions de leurs véhicules sont deux facteurs qui incitent au tout électrique”, pointe Stéphane Verwilghen, CEO d’Arval. La société de leasing avait récemment à l’essai une C-zéro, le petit modèle citadin 100 % électrique que Citroën lancera dès 2011 sur le marché européen. J’ai pu la tester en primeur.

Au niveau conduite d’abord : rien à redire. La voiture est ultra silencieuse et la reprise est tout à fait correcte. Un petit passage sur autoroute me le confirme. La bête a cependant deux inconvénients majeurs : son coût – environ 30.000 euros – et son autonomie, qui ne dépasse pas 120 à 150 km (si la météo est clémente…).

“La batterie, qui vaut à elle seule 10 à 12.000 euros, plombe le coût de ce genre de véhicules, admet Stéphane Verwilghen. Peu de particuliers prendront en outre le risque de devoir la remplacer après trois ans. C’est la raison pour laquelle la plupart des constructeurs envisagent une formule de location des batteries, qui élimine le risque pour l’utilisateur.”

Mais cette mesure, couplée à une fiscalité avantageuse, ne suffira vraisemblablement pas : malgré les promesses des constructeurs, la voiture 100 % électrique restera sans doute plus chère que son homologue traditionnelle. Avec une autonomie nettement moindre et une sérieuse contrainte liée à la recharge : 6 à 7 heures sur le réseau électrique domestique. Total lance en outre des stations de recharge rapide qui limiteront ce temps à 60, 20, voire 10 minutes pour les plus efficaces. Mais dans ce cas, la recharge ne sera jamais totale, et le “plein” sera évidemment plus cher – 4 euros pour 10 minutes de recharge, soit environ 10 km d’autonomie.

On peine donc à croire que les quelques milliers de voitures électriques qui seront lancées en Europe en 2011 séduiront les particuliers. “Je mise davantage sur les sociétés dont l’activité nécessite des petits déplacements bien déterminés – la Poste ou Belgacom, par exemple – et qui disposent des budgets nécessaires pour montrer le bon exemple.”

Quid des sociétés de leasing ? “La valeur de revente de ces véhicules est évidemment un point critique, puisqu’il n’existe pas encore de marché d’occasion, avance Stéphane Verwilghen. Pour le reste, à part les batteries dont nous ne serons vraisemblablement pas propriétaires, le service sera surtout de nature électronique, et en la matière, nous nous y connaissons relativement bien. L’un dans l’autre, nous tablons sur un prix de location 25 à 40 % supérieur à celui des modèles classiques.”

Peu de chances que les sociétés de leasing se ruent sur ces gadgets électriques donc. “Ce n’est clairement pas la panacée, même en matière d’écologie : la production d’électricité nécessaire pour faire rouler une voiture 100 % électrique génère quasi autant de CO2 que des moteurs hybrides, TDI ou essence récents ! Mais le modèle tout électrique incite à envisager autrement – et plus durablement – la mobilité. Et je suis convaincu que la recherche menée sur les batteries va booster les modèles hybrides et donner lieu à de belles avancées dans le secteur.”

Camille van Vyve

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