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Le grand mensonge de l’économie collaborative

Il y a une mode aujourd’hui qui consiste à dire et à penser que nous sommes en train de changer d’économie grâce aux vertus du numérique.

C’est un discours qu’on entend souvent y compris à gauche de l’échiquier politique, car l’économie collaborative donne l’impression aux jeunes qu’on entre enfin dans une économie de troc, une économie plus sympa que l’ancienne et moins ultra libérale que l’économie de “papa”. Certains disent même que c’est la fin du capitalisme. En fait, rien n’est plus faux.

D’abord, il faut rappeler qu’avant de partager, il faut posséder quelque chose. Si vous ne voulez pas aller dans un hôtel, mais bien loger chez l’habitant à l’étranger, grâce au site Airbnb, vous vous trouverez dans un appartement ou une maison, mais n’oubliez pas que quelqu’un possède cette maison ou cet appartement.

De même, lorsque vous refusez de prendre le Thalys ou le TGV pour aller en France, et que vous préférez utiliser les services de Blablacar, qui vous permet de voyager en compagnie de quelqu’un qui a une voiture et qui va dans la même direction que vous, vous ne devez pas oublier que ce service n’est possible que parce que quelqu’un a acheté cette voiture. Le fait qu’il cherche à amortir son voyage en partageant avec vous les frais d’essence est une autre affaire. Il est d’abord propriétaire de sa voiture et vous permet de l’utiliser.

On essaie de nous faire croire que l’économie collaborative est une économie de Bisounours. Rien n’est plus faux.

Pourquoi est-ce que je dis tout cela ? Parce qu’on essaie de nous faire croire que la nouvelle économie, l’économie collaborative est une économie de Bisounours. Que l’usage des biens aurait remplacé la propriété de ces biens, mais c’est faux comme on vient de le voir. Certains possèdent, puis partagent avec d’autres qui ne possèdent pas de voiture ou de logement. Je ne vois donc pas en quoi ce serait la victoire du marxisme sur le capitalisme. “Au Moyen-Age, on faisait déjà cela avec le four à pain”, rappelle judicieusement le consultant Philippe Silberzahn. Quelqu’un devait bien posséder ce four à pain !

En fait, on tente de nous enfumer sous prétexte de modernité. Exactement comme tous ces réseaux sociaux comme Facebook ou ces moteurs de recherche comme Google qui offrent la gratuité apparente, mais font oublier à leurs utilisateurs que quand c’est gratuit, c’est eux qui sont le produit ! En clair, le but de Google ou de Facebook est de faire un maximum d’argent avec l’usage de nos données personnelles. Car sinon, comment expliquer que Google, qui officiellement offre ses services, est devenu en peu de temps l’une des entreprises les plus rentables au monde. C’est bien que la gratuité apparente est un leurre.

Au fond, la révolution numérique recycle d’anciennes méthodes, comme celle de Gilette qui vendait ses rasoirs à perte pour se rattraper sur la vente des lames. Gilette a inventé le fait que l’accessoire (lames) rapportait plus que le principal (rasoir) avant d’être copié par d’autres (Nespresso). Google et Facebook pour ne citer que ces deux-là ont compris que l’accessoire, c’était nous, ou plutôt nos données personnelles. Et voilà comment on fait fortune avec du soi-disant gratuit !

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