Pourquoi ils ont eu le prix Nobel d’économie en 2010

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François Langot, professeur d’économie à l’Université du Mans et chercheur à l’Ecole d’économie de Paris, est le meilleur connaisseur en France des travaux des prix Nobel d’Economie Mortensen, Pissarides et Peter. Interview.

En quoi les travaux de Peter Diamond, Dale Mortensen et Christopher Pissarides, lauréats 2010 du Nobel d’économie, sont-ils importants ?

Ils ont d’abord permis de comprendre le fonctionnement du marché du travail et surtout le comportement de la personne qui recherche un emploi. Il en est résulté une vision positive du chômeur, qui, loin de la vision passive qui dominait auparavant, apparaît comme un individu actif qui consacrera du temps à chercher les meilleures opportunités.

Cette approche dynamique a permis de comprendre pourquoi quelqu’un pouvait rester une assez longue période au chômage même quand le marché de l’emploi était favorable, ce qui a permis d’expliquer pourquoi il y avait un chômage “frictionnel” ou d’attente, même en situation de plein emploi.

Ces travaux ont-ils influencé les politiques publiques ?

Très largement, puisque leurs travaux ont inspiré bon nombre de dispositifs d’aide à l’emploi, et notamment des agences françaises comme l’ANPE, dont le rôle est de confronter l’offre et la demande travail pour rendre leur mise en rapport moins coûteuse et plus rapide.

Pourquoi sont-ils récompensés cette année ?

Le prix Nobel est souvent décerné en tenant compte des grands problèmes économiques du moment. Et le chômage, aujourd’hui, en est un, puisqu’on parle presque partout en Occident de reprise sans emploi. Or, outre leurs travaux sur la recherche d’emploi et la rotation de l’emploi, ils ont permis de comprendre pourquoi, dans les cycles économiques, les entreprises étaient bien plus réactives pour détruire des emplois que pour en créer, et quels étaient les liens entre recherche, innovation et emploi.

Là encore, ces travaux ont largement marqué les politiques publiques pour réduire les freins à l’embauche de la part des entreprises. Mortensen a notamment mis en évidence plusieurs politiques de gestion des ressources humaines de la part des sociétés, entre celles qui paient bien, notamment pour garder leurs salariés, et celles qui paient mal au prix d’une rotation accélérée des effectifs.

Propos recueillis par Emmanuel Lechypre, L’Expansion.com

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