Uranium Participation & Cresud

Je lis régulièrement des articles peu engageants sur les énormes réserves d’uranium, alors que la production continue à augmenter malgré les prix bas. Je doute de plus en plus d’une possible hausse significative du prix de l’uranium au cours des années à venir. Qu’en pensez-vous ?

Les certitudes n’existent pas dans ce monde et il est vrai que tous les observateurs ne partagent pas notre opinion selon laquelle le prix de l’uranium va augmenter au cours des années à venir. Plusieurs raisons à cela figurent déjà dans votre question. Les 48 réacteurs nucléaires du Japon sont à l’arrêt depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima le 11 mars 2011, et on assiste régulièrement à des interruptions de production dans d’autres pays sous l’influence du durcissement des mesures de sécurité, ce qui accroît les réserves. L’offre primaire d’uranium (provenant de la production minière) est en augmentation constante, mais le démarrage de Cigar Lake (Cameco, Canada) au printemps est le dernier grand projet à avoir été mis en service. Cependant, l’offre primaire reste structurellement inférieure à la demande et le déficit s’élevait à 14% en 2012, selon un rapport de la World Nuclear Association. Il est comblé par l’offre secondaire provenant du démantèlement de têtes nucléaires, mais aussi de l’uranium recyclé. Le contrat de désarmement nucléaire entre les Etats-Unis et la Russie a expiré fin 2013, et dans le contexte politique actuel, il ne faut pas attendre beaucoup de la Russie. Il est clair que la Chine et la Russie, les deux pays pour lesquels on s’attend à la hausse la plus marquée de la demande, s’y préparent en achetant des mines étrangères pour conclure des contrats d’approvisionnement direct. Selon certains, cette attitude affecte le potentiel de hausse du prix spot, mais pour ces mines aussi, il est impossible de produire indéfiniment à perte. Le prix spot, qui est tombé récemment sous 30 USD la livre à la suite de nouveaux atermoiements concernant le redémarrage des premiers réacteurs au Japon, fait office de référence pour le prix des contrats à long terme et devra donc s’adapter tôt ou tard à une augmentation (significative) des coûts de production des exploitants de mines. Reste à attendre l’élément déclencheur (Japon, fermeture d’une grande mine ?). La demande d’uranium devrait augmenter de 48% entre 2013 et 2023, et de 23% entre 2020 et 2030. La valeur de portefeuille Uranium Participation Corp (UPC) profite des prix bas pour utiliser les fonds provenant de la récente augmentation de capital (57,6 millions CAD) et a acheté 850.000 livres de concentré d’uranium (U3O8) pour 32 millions CAD. Nous pensions avoir atteint un plancher, mais le récent recul a ramené l’action à son plus bas annuel de 4,70 CAD. Nous considérons UPC comme un investissement à long terme et nous profitons de la faiblesse actuelle du cours pour renforcer légèrement notre position. D’où l’ordre d’achat supplémentaire (1B).

Quelle est la raison de la hausse de Cresud ces derniers mois ?

Cresud est une entreprise argentine active dans l’agriculture et l’immobilier. Dans l’agriculture, elle gère 400.000 ha de terres – 207.000 ha plantés – affectées à la production de soja, de céréales, de betteraves sucrières, mais aussi de viande de boeuf et de lait. Outre l’Argentine, l’entreprise est active au Brésil (participations de 39,64% dans Brasilagro), en Bolivie et au Paraguay. De plus, Cresud achète et développe des terres agricoles – actuellement de 205.000 ha à développer – en vue de leur revente ultérieure. L’activité immobilière comprend une participation de 65,43% dans IRSA, l’un des plus grands acteurs sur le marché immobilier en Argentine. Comme la Bourse argentine en général, le cours de Cresud a beaucoup baissé entre 2011 et la mi-2013 sous l’influence de la politique peu favorable aux entreprises de la Présidente Cristina Fernandez de Kirchner. Le sentiment boursier semble cependant s’être retourné depuis les élections intermédiaires d’octobre 2013 et la Bourse argentine a progressé de plus de 40% en USD (+125% en peso argentin). Cresud a notamment pu en profiter. Sur le plan opérationnel, l’exercice 2013 (clôturé le 30 juin) a été difficile en raison de récoltes décevantes consécutives à une grave sécheresse. Malgré les ventes record de terres agricoles moyennant de belles plus-values, la perte nette s’est creusée de 26% à 26,9 millions de pesos (-0,06 USD par action). Après neuf mois, l’exercice 2014 est marqué par une hausse du chiffre d’affaires de 35% à 3,16 milliards de pesos, surtout imputable à la progression des revenus dans l’agriculture (+52%). Le bénéfice brut a gagné 49,3% grâce à une réévaluation positive des actifs biologiques. Le bénéfice opérationnel (EBIT) a progressé de 36,3% à 1,05 milliard de pesos (dont environ 95% provenant de l’immobilier). Le résultat financier a largement plongé dans le rouge sous l’influence de lourdes pertes de change et l’entreprise enregistre une perte nette de 494,2 millions de pesos ou 1,23 USD par action, contre encore un bénéfice net de 84,5 millions de pesos il y a un an. L’entreprise veut racheter jusqu’à 5% des actions propres en circulation. Nous ne courrions pas derrière le cours. A 1,5 fois la valeur comptable, la valorisation est correcte. Conserver (2C).

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