Danny Reweghs

Une trêve, pas un armistice

Danny Reweghs Journaliste

Le conflit commercial qui oppose la Chine aux Etats-Unis n’est qu’un instrument dans la lutte pour l’hégémonie mondiale pour le reste du 21e siècle.

On l’attendait depuis longtemps: c’est lors du sommet du G20 (qui réunit les 20 pays industrialisés les plus riches), organisé le dernier week-end de juin dans la ville japonaise d’Osaka, que Donald Trump a rencontré son homologue chinois, Xi Jinping. Les deux hommes ont décidé de suspendre le conflit commercial qui les oppose, pour donner toutes leurs chances aux négociations. Dans un geste symbolique, Donald Trump a autorisé les entreprises américaines à recommencer à vendre leurs équipements à Huawei Technologies.

Cette décision est ce que l’on pouvait espérer de mieux. Les spécialistes n’escomptaient pas en effet de réelle avancée, surtout en l’absence, d’un côté comme de l’autre, de véritable sentiment d’urgence. La prochaine élection présidentielle américaine aura lieu le 3 novembre 2020, soit dans 16 mois; or l’occupant de la Maison-Blanche mise énormément sur l’accord “historique” qu’il conclura avec la Chine, si bien qu’il serait prématuré d’y arriver maintenant. Les stratèges situent plutôt l’armistice à la fin de cette année, voire au début de l’an prochain. Les autorités chinoises n’ont pas d’enjeux électoraux; pour elles, la pression est purement économique, mais plusieurs instruments, comme des baisses d’impôts, leur permettraient au besoin de limiter les dégâts pour le Chinois moyen.

La réaction des marchés à l’annonce du cessez-le-feu a été positive, mais pas euphorique. Ce n’est pas la première fois que les hostilités sont suspendues et Donald Trump est susceptible de remettre de l’huile sur le feu à tout moment. L’issue du G20 n’oblige en aucun cas la Federal Reserve à procéder d’urgence à des abaissements de taux. La perspective de voir le conflit commercial nuire sérieusement à l’économie américaine est le principal, sinon le seul, argument en faveur d’une diminution à relativement court terme.

Nous restons convaincus que les marchés boursiers redescendent doucement de leurs sommets et que les métaux précieux, qui ont eux aussi souffert des résultats du G20, sont repartis à la hausse. Il ne nous paraît donc pas opportun de revenir, pour l’heure, sur la stratégie définie pour le portefeuille modèle.

Lutte de pouvoir

Rappelons que le conflit commercial s’inscrit dans un contexte bien plus vaste. Depuis l’élection de Donald Trump, surtout, le monde politique américain considère l’essor de la Chine bien plus comme une menace que comme une aubaine. Washington n’a pas apprécié que lors du dernier congrès du Parti communiste, qui l’avait reconduit à la tête de sa formation, Xi Jinping annonce que le pays avait l’ambition de devenir un acteur technologique mondial et confirme ses ambitions militaires. Le conflit n’est donc qu’un instrument dans la lutte pour l’hégémonie mondiale pour le reste du 21e siècle. Les analystes politiques évoquent une nouvelle “guerre froide”; c’est vrai, à ceci près que la Chine a de biens meilleurs atouts que n’en avait l’Union soviétique à l’époque.

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