Danny Reweghs

Une transaction historique dans le secteur biotech

Danny Reweghs Journaliste

L’américain Gilead Sciences offre au belge Galapagos les moyens de réaliser ses ambitions en Europe et à l’international. Nous applaudissons cet accord de coopération, qui confirme le potentiel des entreprises de biotechnologie belges.

La transaction historique conclue entre Galapagos et le groupe américain Gilead Sciences fera l’objet d’une analyse détaillée cette semaine dans notre rubrique Avis. Le terme “historique” est, il est vrai, utilisé à tort et à travers, mais est ici à notre sens très approprié.

Pendant trop longtemps, les investisseurs ont douté du potentiel des entreprises de biotechnologie belges; le flop commercial du médicament ophtalmologique Jetrea conçu par celle qui se dénommait autrefois ThromboGenics a atterré nombre d’entre eux. A cette période, nous avons décidé de nager à contre-courant et d’investir le portefeuille modèle de l’Initié, sous le thème du vieillissement de la population, en valeurs (belges) du secteur. Leurs cours étaient extrêmement bas alors que nos entreprises excellaient – et c’est toujours le cas.

Début 2018, le géant français Sanofi rachetait la biotech gantoise Ablynx pour 3,9 milliards d’euros, ou 45 euros par action. Ce fut un premier succès pour le pôle “biotechs belges” de notre portefeuille type. L’action Ablynx avait évolué autour de 10 euros jusqu’à l’été 2017. Et pourtant, malgré la plus-value de 259%, nous n’étions pas totalement convaincus par ce rachat. Ablynx n’était pas une nouvelle UCB. Nos craintes se sont révélées justifiées: sur le plan opérationnel aussi, les Français ont rogné les ailes à Ablynx.

De belles ambitions

De ce scénario-là, Onno van de Stolpe, CEO de Galapagos, ne voulait pas. Et manifestement, il a été entendu par Daniel O’ Day, son homologue chez Gilead Sciences.

La capitalisation boursière de Galapagos pourrait bien dépasser celle d’UCB.

Cette transaction est historique car elle offre à Galapagos l’opportunité de devenir, en toute autonomie, le numéro un européen du secteur, et de se faire sa place à l’international. Galapagos (dont la capitalisation boursière dépasse les huit milliards d’euros) pourrait donc bien devenir une deuxième UCB (qui pèse près de 14 milliards d’euros en Bourse), voire la supplanter.

Nous n’allons dès lors pas prendre notre bénéfice sur Galapagos, même si nous aurions gagné 70% en l’espace de seulement six mois. Nous nous en tenons rigoureusement au plan tactique que nous avons échafaudé il y a plusieurs années: investir dans les biotechnologies de manière diversifiée (sept valeurs actuellement en portefeuille) et sur un horizon de plusieurs années. Si nous avons allégé nos positions, tout aussi porteuses, dans argenx et Mithra Pharmaceuticals, ce n’est que par souci d’équilibre des pondérations.

Toutes les biotechs n’ont certes pas vocation à réussir. Mais à notre estime, vendre ses titres Galapagos après une telle nouvelle serait une erreur – tout comme il serait contre-indiqué de conserver un titre après une actualité décevante. S’agissant de Bone Therapeutics et d’Oxurion, le tableau clinique nous semble nettement meilleur que ce que juge le marché. Quant à Biocartis, elle aura selon nous un avenir radieux. Nous restons prudents vis-à-vis de MDxHealth.

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