Danny Reweghs

Un secteur bancaire européen en larmes

Danny Reweghs Journaliste

Les valorisations du secteur bancaire européen montrent que ses acteurs ne sont pas parvenus à regagner la confiance des investisseurs depuis la crise financière. L’investisseur prudent ciblera les banques présentant les meilleurs bilans et l’évolution des bénéfices la plus stable.

Le mois dernier, un nouveau scandale a éclaboussé la sphère bancaire européenne: selon le FinCEN, un bureau du département du Trésor américain, de nombreuses banques européennes se sont livrées à du blanchiment d’argent. ING a été expressément citée, et son action a dévissé. Cette énième mauvaise nouvelle a échaudé un certain nombre d’investisseurs.

Les valorisations du secteur bancaire européen montrent clairement que ses acteurs ne sont pas parvenus à regagner toute la confiance des investisseurs depuis la crise financière de 2008. Les actions des banques européennes sont restées bon marché pour plusieurs raisons, et en premier lieu l’absence de restructuration audacieuse des bilans bancaires, surtout en Italie, mais aussi en Allemagne, chez Deutsche Bank et Commerzbank. En outre, la Banque centrale européenne impose des pénalités (taux négatif) pour le dépôt d’espèces, ainsi que de nouveaux règlements et limitations – autant de mesures qui érodent la marge d’intérêt et donc, la rentabilité des banques. A cela s’ajoute le risque de lourdes pertes de crédit après la récession à laquelle a conduit la pandémie.

Ce n’est donc pas pour rien que le sentiment à l’égard du secteur est négatif et, partant, que les valorisations y sont très, très faibles. C’est inédit : les 38 valeurs de l’indice Stoxx 600 Banks (qui regroupe les principales actions bancaires européennes cotées) se négocient à moins de 0,42 fois leur valeur comptable en moyenne (contre 1,8 fois pour les actions de l’indice Stoxx 600); le chiffre était même de 0,3 au creux de la vague, en mars, pour certains titres. D’un point de vue historique, la valorisation est au plus bas par rapport à la moyenne du marché, mais aussi à la moyenne sectorielle sur la décennie écoulée. Toujours en termes de capitalisation boursière par rapport à l’actif total (à peine 3,5% en moyenne), les actions des banques n’ont jamais été aussi bon marché qu’aujourd’hui (près de 27%, en 2007).

Net retrait

Sur la décennie écoulée, les actionnaires des banques européennes n’ont vraiment pas eu de raisons de se réjouir: un investissement dans l’indice Stoxx 600 Banks a généré un rendement total (évolution des cours + dividendes) de -43% (-5,5% en moyenne par an), malgré des dividendes souvent généreux, car l’action bancaire européenne moyenne affiche toujours un niveau inférieur de 61% à celui d’il y a 10 ans. Le rendement de l’indice Stoxx 600 sur la période atteint, lui, 9,6% (6,9% en moyenne par an), soit un écart de près de 140%!

Depuis janvier, les valeurs bancaires européennes font nettement moins bien que le marché européen dans son ensemble: -42% pour le Stoxx 600 Banks, -11% pour le Stoxx 600. La prudence reste donc de mise. Il s’agira d’opter pour les acteurs présentant les meilleurs bilans et l’évolution des bénéfices la plus stable. Comme KBC, dans laquelle l’on peut aussi investir par le biais de sa “société mère”, KBC Ancora, moins chère qu’elle.

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