Telefonica est mûr pour un redressement

Le secteur des télécommunications connaît une sensible croissance en Amérique latine. C’est d’ailleurs ce qui nous incite à mettre pour la première fois le groupe espagnol Telefonica (11,97 EUR; Bourse de Madrid, ticker : TEF; capitalisation boursière : 55 milliards EUR; code ISIN : ES0178430E18) sous les feux de la rampe.

L’action Telefonica a bien entendu beaucoup souffert de la crise de l’euro, qui a très lourdement touché l’Espagne. Elle a notamment perdu plus de 50% de sa valeur entre le début de l’année 2011 et l’automne 2012. Le redressement intervenu depuis n’a toutefois rien de spectaculaire. L’action reste d’ailleurs 40% sous son niveau de début 2011. Contrairement au cours de l’action, le chiffre d’affaires (CA) est resté très stable entre 2010 et 2012. Les CA des trois exercices s’établissent ainsi à 60,7, 62,8 et 62,4 milliards EUR. Il faut quand même signaler une légère érosion de la marge opérationnelle. Alors qu’elle s’établissait à 42% en 2010, la marge d’EBITDA est retombée à 30% en 2011, pour se redresser à 34% en 2012. Selon les prévisions moyennes des analystes, elle devrait s’établir à proximité de ce niveau au terme de l’exercice en cours. La stabilité du groupe est précisément attribuable à une croissance moyenne annuelle du CA de 11,5% en Amérique latine sur la période 2010-2012. Au cours du 1er semestre de 2013, le groupe a réalisé 51% (14,7 sur 28,6 milliards EUR) de son CA en Amérique latine. Avec les marques Vivo (leader au Brésil) et surtout Movistar (dans le reste de l’Amérique latine), Telefonica y est un acteur dominant et le grand challenger de America Movil (compagnie de Carlos Slim). Vivo est leader sur le marché brésilien, comme Movistar l’est en Argentine, au Chili et au Venezuela, avec en outre des activités au Pérou, en Colombie et au Mexique. A la moitié de l’année, Telefonica comptait 215 millions de raccordements sur le continent, dont 179,1 millions de clients mobiles. Le reste du CA provient d’Europe, avec près de 102 millions de raccordements répartis entre bien entendu l’Espagne (marque Movistar), le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Allemagne, la Tchéquie et la Slovaquie (avec chaque fois la marque 0²). Cela a pris quelques mois, mais la compagnie de télécoms espagnole a enfin réussi à consolider sa présence sur le marché allemand en acquérant E-Plus, la filiale de KPN, et en l’intégrant dans Telefonica Allemagne. Cette dernière détient une part de 31,6% sur le plus grand marché des télécommunications d’Europe, ce qui lui procure une taille comparable à celle de T-Mobile (Deutsche Telekom) et de Vodafone. C’est un marché lucratif, qui a continué de grandir entre 2009 et 2013 (+1%), alors que la zone euro enregistrait une croissance négative de -4,3%. Cela dit, la principale opportunité en Europe réside dans le redressement de l’Espagne, son marché domestique, dont Telefonica est le leader incontesté avec 42,3 millions de raccordements. à la mi-2013, le CA par client était en baisse de 15,1% par rapport au milieu de l’an dernier. L’Espagne représente la moitié du CA en Europe et donc un quart du CA du groupe. Telefonica est l’une des rares actions très liquides permettant de miser sur un redressement de l’Espagne. Et la stratégie adaptée commence à porter ses fruits dans la péninsule Ibérique. Et ce, outre bien entendu l’opportunité de miser sur la poursuite de la croissance en Amérique latine et des possibilités supplémentaires en Allemagne. A 12 fois le bénéfice attendu pour 2014, un rendement de dividende attendu de 6,25% et un rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flow opérationnel (EBITDA) attendu de 5,6, Telefonica s’échange avec une décote moyenne de 13% par rapport à ses concurrents, malgré de meilleures perspectives de croissance, un rendement de dividende plus élevé et un endettement plus faible (même si une dette financière nette représentant trois fois l’EBITDA n’est pas négligeable). L’étiquette espagnole qui pèse toujours sur l’action nous offre ainsi l’occasion, après le récent repli, de porter l’avis à ” digne d’achat ” (1C), ce qui fait également de l’action une candidate au portefeuille modèle.

Partner Content