Sucre: dans l’attente d’un catalyseur

En Inde, où la production et les exportations de sucre sont généreusement subsidiées, les stocks sont largement excédentaires. Le cours du sucre est faible partout dans le monde, mais son redressement pourrait être soutenu par un réal brésilien en hausse, ou par de mauvaises récoltes.

Après deux années consécutives de situation d’excédent, l’International Sugar Organisation (ISO) annonce un déficit sur le marché mondial du sucre à partir de l’année de récoltes 2019/2020. Le cours n’intègre pas encore cette donnée; les stocks demeurent en effet abondants et les exportations indiennes ne sont pas, à ce jour, quantifiées.

L’Inde perturbatrice

Le plus grand producteur de sucre au monde n’est plus le Brésil, mais l’Inde. Au cours de la dernière année de récoltes, l’Inde a produit 33 millions de tonnes de sucre, alors qu’elle n’en consomme que 26 millions, ce qui porte les stocks locaux à plus de la moitié de la consommation annuelle. Pour des raisons politiques et sociales, la production et les exportations indiennes de sucre sont largement subsidiées, ce dont se sont plaints le Brésil et l’Australie, entre autres. Le réal brésilien (BRL) est une autre cause de la faiblesse des prix: un BRL bon marché soutient les exportations et comprime le cours du sucre.

Redressement attendu

Les pronostics de l’ISO tiennent compte d’un recul de la production en Inde, au Brésil, en Thaïlande, aux Etats-Unis et en Europe. En Inde, les récoltes devraient baisser à 28 millions de tonnes, ce qui ne suffirait toutefois pas à annuler l’excédent. Ailleurs, la faiblesse des prix pèse sur la production. Ainsi est-il devenu plus intéressant pour le Brésil de transformer le sucre brut (près de 65% désormais) en éthanol; le taux de conversion augmente avec le prix du pétrole, ce qui explique la corrélation positive entre ce dernier et le prix du sucre. En Thaïlande, la superficie agricole allouée au sucre baisse à cause de la chute des prix. Les Etats-Unis se protègent au moyen de droits de douanes élevés, mais leurs récoltes sont décevantes cette année. La Chine, dont les récoltes ne suffisent pas à faire face à la consommation domestique, n’en applique pas moins des taxes élevées à l’importation. Reste que selon toute vraisemblance, les Etats-Unis et la Chine vont devoir commencer à importer davantage.

Il n’y aura pas de hausse durable du cours du sucre sans un allègement des stocks. Le BRL est un paramètre important à court terme: le Brésil enregistre une inflation faible et des taux d’intérêt réels très élevés, une combinaison en théorie favorable à la devise. Or un BRL en hausse, ou des récoltes décevantes, pourraient accélérer le redressement du prix du sucre.

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