Statoil & Seadrill

J’envisage depuis quelque temps d’acheter Statoil. La forte baisse de ces dernières semaines offre-t-elle une opportunité ?

Le géant norvégien du pétrole Statoil n’a pas non plus échappé à la (nouvelle) correction brutale qui a frappé le secteur pétrolier après que l’OPEP (groupe des pays producteurs de pétrole, qui comprend notamment l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Irak et le Venezuela) a décidé, à la fin de la semaine dernière, de ne pas abaisser le plafond de production actuel de 30 millions de barils par jour. L’OPEP (lisez : l’Arabie Saoudite) laisse donc libre cours à la baisse du prix de l’or noir, qui s’échange désormais autour de 70 USD le baril, 32% sous le pic annuel de 112 USD atteint en juin. L’Arabie Saoudite cherche ainsi à protéger sa part de marché, mise sous pression par l’essor du pétrole et du gaz de schiste américain. L’Arabie Saoudite affiche un coût de production très bas de seulement 27 USD le baril, alors que la moyenne pour le pétrole de schiste américain – et malgré les améliorations technologiques – s’établit entre 70 et 75 USD le baril. Ce petit jeu politique pourrait encore durer quelque temps, et nous n’envisageons guère de redressement à court terme. Il règne cependant d’importants désaccords au sein de l’OPEP concernant la politique à mener. L’époque du pétrole bon marché est en effet structurellement révolue, et les budgets publics de la plupart des pays producteurs – comme la Russie, mais aussi la plupart des membres de l’OPEP, y compris l’Arabie Saoudite – ont besoin d’un pétrole (beaucoup) plus cher. Statoil a anticipé cette détérioration de la situation avec un plan d’économies strict (1,3 milliard USD par an à partir de 2016), une réduction des dépenses d’investissement (pour un montant cumulé de 5 milliards USD pour les trois prochaines années) et un durcissement des critères d’approbation (surcroît de rendement d’au moins 8%) pour les nouveaux projets. Principalement grâce à une série de désinvestissements, la production s’établit après neuf mois à 1,87 million de barils par jour, 3,7% de moins que l’an dernier. Pour la période 2014-2016, Statoil table sur une croissance moyenne annuelle de 3% par rapport à un niveau de production 2013 – recalculé en raison de désinvestissements – de 1,85 million de barils par jour. Après neuf mois, le bénéfice net ajusté a reculé de 4,4%, à 34,8 milliards NOK, soit 10,94 NOK par action. Les analystes escomptent un bénéfice net de 13 NOK par action pour l’an prochain. Statoil est une entreprise très robuste, qui a réduit ses coûts. Vous pouvez acheter (1A).

L’action Seadrill était à nouveau en net recul la semaine dernière, avant même la décision de l’OPEP de ne pas réduire la production de pétrole. Quelle est la raison de cette baisse ?

Seadrill a décidé de supprimer son dividende trimestriel avec effet immédiat. Un choc pour les actionnaires qui a entraîné une correction de près de 40% en quelques jours. Seadrill n’a pourtant cessé de relever son dividende brut par action ces dernières années : de 1,05 USD en 2009, à 3,72 USD en 2013 et 1 USD par trimestre depuis le 2e trimestre de cette année. De plus, le groupe avait encore annoncé en août que le dividende trimestriel relevé serait maintenu au moins jusque fin 2015. La décision n’a donc certainement pas été prise à la légère et témoigne de la vitesse à laquelle la situation s’est dégradée dans le secteur des services pétroliers ces derniers mois. Sous l’égide de son actionnaire principal (23%), le milliardaire John Frederiksen, l’entreprise norvégienne a accédé en 10 ans au top mondial de la location d’installations de forage pétrolier. Cette forte croissance s’est cependant accompagnée d’un net accroissement de la position nette d’endettement, qui atteignait 11,6 milliards USD fin septembre (6,2 milliards USD fin 2009). De plus, l’entreprise ambitieuse a encore un programme de construction de 16 nouvelles plateformes en cours, dont 12 seront livrées en 2015 et trois en 2016. La livraison d’une plateforme a déjà été différée et d’autres reports sont à prévoir, car seules deux des nouvelles plateformes sont déjà sous contrat actuellement. Au contraire de certains concurrents, Seadrill n’a qu’un nombre limité de plateformes dont le bail arrivera à échéance au cours des deux prochaines années : 9 en 2015 et 12 en 2016, sur une flotte totale de 53 plateformes. L’entreprise est donc – pour l’heure – moins exposée à la baisse des tarifs journaliers. De plus, les mises hors service d’anciennes plateformes se multiplient ces dernières semaines, ce qui renforce la conviction de la direction que des opportunités vont inévitablement se présenter dans ce net creux cyclique. La décision radicale de supprimer le dividende doit être également considérée dans ce contexte. Seadrill veut non seulement renforcer son bilan, mais aussi être prête à procéder à des acquisitions opportunistes. Bien que ce ne soit pas prioritaire actuellement, l’entreprise s’est également ménagé la possibilité de racheter jusqu’à 10% d’actions propres au cours des 12 prochains mois. Nous sommes persuadés que Seadrill a pris la bonne décision dans une perspective de long terme. Nous voyons les Norvégiens jouer un rôle de repreneurs actifs durant la suite du cycle et nous confirmons notre avis “digne d’achat” (1A).

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