S’accommoder de taux négatifs

Sur les marchés financiers, c’est l’inflation qui est reine.

A quel point les épargnants et investisseurs sont-ils désespérés ? Ils sont même prêts désormais à payer pour pouvoir prêter leur argent. Jusqu’à dix ans ! Les taux suisses à dix ans sur les obligations d’Etat sont en effet négatifs depuis que la Banque centrale suisse a décidé de manière inattendue d’abandonner le plafond de 1,20 franc suisse (CHF) pour 1 euro (EUR). Et ce n’est pas un cas isolé… Les épargnants qui achètent une Bund allemande (obligation d’Etat) associée à une échéance allant jusque cinq ans sont également confrontés à un taux négatif. Ce qui signifie en fin de compte que l’épargnant signe au préalable pour une perte ” garantie ” sur son investissement… Comment en sommes-nous arrivés là ? La peur, ou à tout le moins l’excès de prudence en sont responsables, serions-nous tentés de répondre. Les investisseurs européens (tant les particuliers que les institutionnels) se remettent difficilement du choc de la crise financière. Le comportement de consommation et d’investissement a clairement changé. Il y a un avant et un après…

Les investisseurs semblent même disposés désormais à payer une prime d’assurance pour leur épargne. Plus seulement pour leur maison. En d’autres termes, nous sommes prêts à accuser même une légère perte pour que notre argent demeure en sécurité et ainsi éviter des pertes plus lourdes. Mais dix années, comme dans le cas de la Suisse ? Là, gageons tout de même que les épargnants espèrent que, du fait de l’abandon du plafond face à l’EUR, la devise suisse prendra de la hauteur et que cette évolution leur permettra d’obtenir malgré tout une indemnisation.

Actions et or

La déflation menaçante, la politique monétaire très agressive des banques centrales et les perspectives économiques peu enthousiasmantes convainquent les investisseurs d’accepter des niveaux de taux historiquement faibles. Epargnants et investisseurs ont également perdu l’espoir d’une amélioration à court terme. Autrement dit : ils ne pensent plus obtenir un rendement pour leur investissement. Cela dit, l’impression massive de billets ne se traduit pas seulement par des prix record sur les marchés obligataires. Des actions à l’art, en passant par les voitures de collection et le vin, les hausses de prix ont toutes la même origine.

L’économie réelle a beau être d’ores et déjà aux prises avec la déflation, sur plusieurs marchés financiers, c’est l’inflation qui est reine. Dans la composition du patrimoine du bon père de famille, la diversification saine demeure le mot d’ordre absolu. Rien ne sert d’investir tout dans des investissements à rendement fixe. D’autant qu’il en faut peu pour accuser une perte de capital. Une hausse de 1% (100 points de base), par exemple, des taux allemands sur les obligations d’Etat, se traduit par une perte de capital de 7%. Ce n’est donc pas sans risque, alors que le rendement offert en contrepartie est maigre, voire inexistant. Les actions européennes restées en retrait et les investissements liés à l’or, par exemple, peuvent en revanche nous permettre, cette année, de tirer profit de l’inflation des actifs, qui découle des mesures d’assouplissement quantitatif (QE) de la BCE.

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