Prudence avec les options binaires !

La nature très risquée de ce type d’options a attiré l’attention de la FSMA.

Les sites Web vantant les options binaires se multiplient depuis quelques mois. Ceux parmi vous qui visitent régulièrement des sites de placement peuvent difficilement échapper aux bannières publicitaires qui promettent des opérations particulièrement lucratives. On dit parfois que quand quelque chose est trop beau pour être vrai, c’est généralement le cas. Vérifions si cette maxime peut être appliquée aux options binaires ou si ces produits méritent votre attention.

Que sont les options binaires ?

Les fournisseurs ont l’habitude de décrire les options binaires comme des produits financiers complexes. Ce n’est pourtant pas du tout le cas. Pour l’acheteur d’une option binaire (ou option numérique), il n’y a que deux issues possibles. Soit il gagne, soit il perd la totalité de sa mise. Il n’y a donc pas de voie intermédiaire. C’est la première différence importante par rapport à une option classique.

Dans la pratique, les fournisseurs d’options binaires vous demanderont de verser de l’argent sur un “compte investisseur” à partir duquel vous pourrez opérer – bien que leurs produits n’aient guère de rapport avec un investissement.

Le résultat de votre opération dépend de la réalisation ou non d’une condition donnée. Cette condition est déterminée par le type d’option binaire choisie. Pour commencer, vous devez savoir que l’acheteur d’une option binaire n’acquiert pas la valeur sous-jacente. En fait, une option binaire n’est rien d’autre qu’un pari sur l’évolution du cours d’un sous-jacent donné. Lequel peut être un indice d’actions (S&P500, EuroStoxx50, BEL20), une action individuelle (Shell), une matière première (pétrole brut, or) ou un couple de devises (EUR/USD, USD/JPY).

Il existe d’abord des options binaires de type high/low. Dans ce groupe, il faut encore opérer une distinction entre les options call et put. Les options de ce type permettent de miser sur le cours du sous-jacent à une date fixée à l’avance. On remarquera d’ailleurs que cette échéance est souvent très courte. Il peut s’agir de quelques jours, mais aussi de quelques heures, voire de quelques minutes. Le dénouement de l’option binaire est assez simple : si la valeur sous-jacente – dans le cas d’une option call – a progressé à l’échéance, un montant donné sera versé sur votre compte en plus de votre mise. Dans le cas d’une option put, ce sera bien entendu le cas si le sous-jacent a baissé. Ce rendement (éventuel) est connu à l’avance et s’établit généralement (selon l’émetteur) à 70% ou 80%.

Exemples

Comment fonctionne une option binaire high/low ? Imaginez que vous achetiez une action binaire associée au pétrole brut, dont le cours, au moment de l’achat, s’élève à 60 USD. Vous prévoyez une hausse et vous achetez donc une option call. L’option court sur trois jours. Elle coûte 100 EUR et vous rapportera 80 EUR si le cours du pétrole dépasse 60 USD dans trois jours. Dans ce cas, 180 EUR seront crédités sur votre compte. Si le baril de brut s’échange à moins de 60 USD à l’échéance, vous perdez la totalité de votre mise, même si ce niveau a été atteint entre l’achat et l’échéance de l’option. Dans le cas (très invraisemblable) où le cours à l’échéance serait exactement identique au cours d’achat, votre mise vous sera remboursée.

Notons ici une deuxième différence importante par rapport aux options classiques. Il est impossible de vendre une option binaire avant l’échéance : elle est donc totalement illiquide ! Lorsque vous l’achetez, vous souscrivez en fait à un contrat “tout ou rien”.

Il existe également des options binaires one-touch. Dans ce cas, l’acheteur doit prévoir si un cours atteindra ou non un niveau donné entre l’achat de l’option et son échéance. Ici aussi, il existe donc deux scénarios. Soit l’option est “dans la monnaie” (le niveau a été atteint), soit elle ne l’est pas (“hors de la monnaie”). Le rendement est à nouveau connu à l’avance. Bien entendu, il diminue à mesure que le niveau touch se rapproche du cours actuel. Des options one-touch permettent aussi d’obtenir des rendements plus élevés qu’avec des options binaires high/low. Imaginez que vous achetiez pour 100 USD une option binaire one-touch sur le niveau du S&P500. Son rendement, fixé à l’avance, s’élève à 100 %. En tant qu’acheteur, vous pariez sur le fait que l’indice boursier américain atteindra les 2150 points dans les deux jours. Si c’est le cas, vous êtes plus riche de 100 USD. Dans le cas contraire, vous perdez votre mise de 100 USD.

Avertissement

La nature très risquée des options binaires et les caractéristiques des fournisseurs (généralement des sites Web étrangers) ont attiré l’attention des organes de surveillance des marchés financiers. Sur leur site Web et par communiqué de presse, tant l’autorité belge (FSMA) que son homologue néerlandaise (AFM) ont mis en garde les investisseurs contre les risques liés aux options binaires. En Belgique, la Commission des jeux de hasard s’intéresse elle aussi aux options binaires : les produits proposés par certains fournisseurs présentent d’étonnantes similitudes avec ceux de sites de paris en ligne. Les vendeurs d’options binaires ne disposent d’ailleurs pas tous des autorisations nécessaires pour déployer leurs activités ici. De plus, l’acheteur n’a aucun contrôle sur le calcul des cours entre la souscription du contrat et son échéance. En cas de non-paiement ou de toute autre défaillance du fournisseur, il vous sera enfin très difficile de faire valoir vos droits.

Les investisseurs qui voudraient malgré tout tenter leur chance ont tout intérêt à consulter le site Web de la FSMA (http:///www.fsma.be) pour vérifier si aucune mise en garde n’a été émise concernant le fournisseur avec lequel ils comptent s’engager. L’organe de surveillance des marchés financiers chypriote (la Cyprus Securities and Exchange Commission) a récemment suspendu la licence de WGM Services Ltd, qui était active chez nous sous la marque EZ Trader.

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