Danny Reweghs

Piège à rat

Danny Reweghs Journaliste

Le coronavirus monopolise la une et fait planer son ombre sur les marchés financiers. Mais son incidence sur la croissance chinoise devrait être limité et le moment est probablement bien choisi pour renforcer les positions en Chine.

Les Chinois viennent d’entamer l’année du rat. En Europe de l’Ouest, ce n’est pas forcément l’animal qui inspire le plus de sympathie. Nous le considérons comme rusé et désagréable, voire effrayant quand il s’autorise à pénétrer dans nos maisons et transmettre des maladies. Dans la culture chinoise, le rat est associé à des qualités beaucoup plus positives: intelligence, détermination, efficacité, minutie ou encore énergie.

Quoi qu’il en soit, ce Nouvel An chinois a plutôt mal commencé, puisqu’il a coïncidé avec l’apparition, dans la métropole de Wuhan, d’une maladie pulmonaire mortelle due au coronavirus. Le moment n’aurait pu être moins heureux, car le Nouvel An implique énormément de déplacements familiaux – un contexte idéal pour que la maladie prenne des proportions épidémiques. On comprendra dès lors que le gouvernement chinois ait pris des mesures drastiques. Les écoles et les entreprises restent fermées dans de nombreuses villes. L’économie chinoise sera donc sérieusement affectée par le coronavirus, même si le préjudice est impossible à estimer tant que l’épidémie n’est pas endiguée.

Un effet de courte durée?

La Chine venait à peine de sortir la tête de l’eau après un pénible conflit avec les Etats-Unis; l’accord préliminaire, même très symbolique, revêt malgré tout une certaine importance pour le pays, qui a dû soutenir vigoureusement son économie pour maintenir son taux de croissance minimum à 6%. La conjoncture de l’empire du Milieu évolue au rythme le plus lent depuis 30 ans et le gouvernement va devoir prolonger ses mesures de relance.

Les positions en actions chinoises doivent-elles dès lors être vendues? Sur la base des virus antérieurs, le risque de repli se situe entre 10 et 15%. En 2003, le SRAS avait fait plonger de 15% l’indice Hang Seng de Hong Kong. Mais à l’époque, le gouvernement chinois avait tenté de dissimuler l’épidémie, perdant un temps précieux. Huit cents personnes avaient perdu la vie.

Pékin s’attaque cette fois au problème de manière plus rapide et radicale. Hélas, les virus sont tous différents et il est impossible d’isoler leur impact net sur les marchés boursiers. Le virus Ebola, qui a sévi en Afrique de l’Ouest en 2014, a coûté 10% aux indices boursiers occidentaux. Les dommages causés par le MERS en Corée du Sud en 2015 furent plus limités.

On notera en tout cas que les crises sanitaires n’ont généralement affecté les marchés financiers que quelques semaines ou mois. Il est donc très peu probable que ce nouveau virus ne vienne interrompre l’ascension chinoise à long terme. Or, les investisseurs en actions chinoises doivent viser un horizon long. Dans cette optique, et compte tenu du contexte généralement favorable aux actions (taux d’intérêt ultra-faibles, notamment), la panique ne saurait être bonne conseillère. Par le passé, l’étoffement des positions s’est révélé être le bon choix. Ainsi, un an après la fin de l’épidémie de SRAS, l’indice Hang Seng s’était adjugé 50%.

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