Pas un cru exceptionnel

Nous avons déjà précisé que les perspectives du secteur agricole étaient réjouissantes à long terme. Ce qui ne signifie pas pour autant que les actions agricoles constitueront chaque année à coup sûr un investissement extrêmement porteur, voire simplement bon. Cette année d’ailleurs, ce n’est absolument pas le cas.

Les actions agricoles des groupes de plantations Sipef, Socfinaf, Socfinasia, Anglo Eastern Plantations, ou des spécialistes des engrais K+S, Potash Corp, Mosaic, ou encore de Deere&Company (machines agricoles) et Syngenta (spécialiste des moyens de protection des cultures et des semis) sont notamment loin d’avoir connu une brillante année. Ces actions agricoles sont même restées en retrait par rapport à la hausse boursière de cette année.

L’origine de cette moins bonne année est le repli généralisé des prix des matières premières agricoles. Dans le segment des céréales particulièrement, notons que le prix du maïs a reflué de plus de 40% depuis le début de l’année. Actuellement, il s’élève encore à 4,2 USD par boisseau (mesure britannique ; équivaut à 36,344 litres). C’est presque exactement la moitié du sommet de 8,3 USD de l’an dernier. Le même constat se vérifie mais dans une moindre mesure pour le blé : le prix actuel fluctue autour de 6,5 USD par boisseau, par rapport à un sommet de 9,5 USD en 2012. L’an dernier, les récoltes ont déçu aux Etats-Unis en raison de la sécheresse exceptionnelle, mais cette année, ces récoltes ont atteint un record. Selon le ministère américain de l’Agriculture (USDA), les récoltes de maïs seront supérieures de 30% cette année à celles de l’an dernier, à un record proche de 14 milliards de boisseaux. Ce, sur la base de 91% des récoltes totales atteintes à la mi-novembre. En conséquence, les stocks américains sont au plus haut des cinq dernières années.

Potentiel pour 2014 (et au-delà)

L’estimation est désormais qu’en raison de ces prix sensiblement plus faibles consécutifs aux récoltes record, le revenu moyen de l’agriculteur américain baissera de 12% par rapport à l’an dernier, et la crainte que ceci mène à une baisse des investissements dans les moyens de protection des plantes, semis, engrais, machines agricoles, etc., maintient les cours de la plupart des valeurs du secteur à un niveau faible. Evidemment, il ne s’agit là que d’une vision de court terme.

Les perspectives à plus long terme sont toujours aussi favorables. C’est d’ailleurs ce que confirme un nouveau rapport conjoint de l’OCDE et l’Organisation mondiale pour l’agriculture relatif à la période 2013-2022. Celui-ci révèle qu’actuellement, 12% de la population mondiale est sous-alimentée et que celle-ci connaît encore une croissance de 70 à 75 millions de personnes par an. En Chine particulièrement, la consommation alimentaire continuera d’augmenter plus rapidement que la production propre et donc, que les céréales, notamment, qui continueront d’être importées du reste du monde. Le rapport prévoit que les prix demeureront à un niveau moyen historiquement élevé et connaîtront encore régulièrement des sommets comme ceux de l’an dernier au cours de la décennie à venir.

Les actions agricoles restées en retrait représentent donc une opportunité pour 2014. Naturellement, nous ne pouvons pas exclure de nouvelles récoltes record l’an prochain. Mais si ce n’est pas le cas, il nous semble très probable que ces actions surperforment la moyenne du marché. C’est la raison pour laquelle nous avons relevé temporairement, avec l’achat de Syngenta, la pondération du thème agricole à la limite maximale prévue de 20%.

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