OCI à la peine et toujours très endetté

La rédaction répond à la question d’un abonné: “OCI se substituerait-elle avantageusement à Nutrien ou Mosaic? L’actionnaire principal a récemment étoffé sa position et un fonds de Bill Gates est présent dans le capital.”

OCI (Orascom Construction Industries), fondé dans les années 1950 par la famille égyptienne Sawiris, fabrique des produits azotés pour engrais, des anti-polluants pour moteur diesel (AdBlue) et des produits chimiques (méthanol et mélamine). L’entreprise est donc plutôt concurrente de l’américain CF Industries que de Mosaic et Nutrien, axés sur la production d’engrais potassiques et phosphatés. En 2015, OCI a envisagé une cession de ses usines américaines et européennes d’engrais à CF Industries, mais le projet n’a pas abouti et OCI a poursuivi en toute autonomie le développement de ses activités en Afrique du Nord (Algérie et Egypte), aux Pays-Bas et en Amérique du Nord, où le groupe a beaucoup investi dans une nouvelle usine d’urée en Iowa (IFCo), entrée en service en 2017, et le site de Natgasoline au Texas, plus grande usine de méthanol des Etats-Unis (1,8 tonne métrique), mise en service en 2018. OCI a aussi doublé sa capacité de production de biométhanol dans l’usine néerlandaise de BioMCN en 2019.

Mais ces projets ont alourdi la dette nette: fin 2017, elle s’élevait à 4,45 milliards de dollars, soit 7 fois le cash-flow opérationnel ajusté (Rebitda). S’appuyant sur des perspectives positives (hausse limitée de l’offre, baisse des exportations chinoises, demande soutenue), le groupe voulait ramener ce ratio à 2,5 fin 2019. Mais la météo défavorable aux Etats-Unis (avec donc une baisse de la demande et du prix des engrais), la maintenance nécessaire et la paralysie de Natgasoline pendant plusieurs mois ont changé la donne.

Le chiffre d’affaires annuel a baissé de 7% par rapport à 2018, à 3 milliards de dollars, le Rebitda de 20%, à 748,4 millions. La dette nette n’a guère baissé (de 4,12 à 4,06 milliards de dollars), et le taux d’endettement a progressé de 4,4 à 5,4 fois le Rebitda (trois fois chez Mosaic). Cet été, OCI a conclu une joint-venture avec ADNOC (Abu Dhabi National Oil Company) pour fusionner les activités des deux groupes dans les engrais. OCI en détient 58%. L’action OCI a déjà perdu 43% de sa valeur cette année (CF Industries: -45%). Nous éviterions d’échanger des positions dans Mosaic ou Nutrien contre une position dans OCI, plus risquée, mais conserverions les positions existantes (rating 2C).

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