Nyrstar: un premier succès juridique

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La rédaction répond à la question d’un abonné: “L’action Nyrstar rebondit depuis peu. Un espoir, pour l’investisseur particulier?”

Le passage de 0,10 euro à 0,51 euro de l’action Nyrstar est dû au premier succès juridique obtenu par un groupe d’investisseurs particuliers réunis autour de Kris Vansanten (RSQ Investors). Le tribunal de l’entreprise d’Anvers a en effet décidé le 30 octobre de charger un collège d’experts d’examiner si les transactions entre Nyrstar et Trafigura ont été opérées à des conditions normales. D’autres contrats, avec Talvivaara Mining notamment, les causes de la crise des liquidités, la conformité des financements et le préjudice que les actionnaires de Nyrstar auraient pu subir doivent être évalués également. RSQ a obtenu en 2019 une minorité de blocage (13,77%), qui fait de lui le deuxième actionnaire après Trafigura (24,42%). Il réclame 982 millions d’euros au moins de dommages et intérêts. Fin mai déjà, la FSMA avait décidé d’étendre à de nouveaux volets ses propres investigations sur la communication antérieure à la restructuration.

Pour rappel, Nyrstar est tombé fin 2018 dans une spirale d’endettement dramatique et la restructuration qui a suivi a réservé un rôle central à Trafigura. Le trader néerlandais en matières premières était entré chez Nyrstar, que l’échec de sa stratégie d’intégration verticale avait déjà financièrement affaibli, fin 2015; il est progressivement devenu fournisseur, client et actionnaire, avant de réunir, fin 2018, tous les pouvoirs. Les actifs de Nyrstar ont été vendus pour un euro symbolique à NN 2 Newco, nouvelle société britannique détenue à 98% par Trafigura et à 2%, par Nyrstar. La valeur de ces 2% est estimée à 15,4 millions d’euros, soit 14 centimes par action Nyrstar. A l’automne 2019, l’offre émise par Trafigura sur ces 2% a échoué; elle s’élevait 22,5 millions d’euros (initialement, 22 millions), ou 0,205 euro par action. En conséquence, une assemblée générale extraordinaire a refusé que la société poursuive ses activités, ce que RSQ veut bien sûr éviter. La décision du tribunal, qui n’agit évidemment pas à la légère, retarde les possibilités de vote d’une cessation. Nyrstar lui-même s’attend à ce que la procédure de liquidation traîne jusqu’à fin 2024. Nous relevons notre conseil à conserver, mais insistons sur le risque très élevé (rating 2C). Une bataille juridique longue et incertaine s’annonce.

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