Qualité suisse

Vous devez sans doute habiter sur une autre planète si vous affirmez que ni vous, ni aucun autre membre de votre famille n’a jamais consommé de produits Nestlé (65,80 CHF; Bourse de Zurich, ticker : NESN ; capitalisation boursière : 213 milliards CHF; code ISIN : CH0038863350). Car Nestlé est une véritable institution dans le monde économique et financier. Remarquons d’ailleurs que l’on évoque toujours l’entreprise suisse avec un énorme respect. Solide, dotée d’un excellent management, de grande qualité… : ce ne sont que quelques-uns des qualificatifs que l’on rencontre fréquemment à la lecture des commentaires des analystes boursiers sur Nestlé. Le groupe enregistre également une croissance “moyenne à long terme” d’environ 8% depuis des décennies, le dividende progressant au même rythme. Avec 43% du chiffre d’affaires réalisé dans les pays émergents en 2012, on considère d’ailleurs qu’il sera à même de maintenir cette allure au cours des années, voire des décennies à venir. De plus, le pouvoir de tarification dont disposent les Suisses leur permet de répercuter toute hausse des prix et donc de ne pas subir les aléas de l’inflation. Bien entendu, il est impossible, dans l’espace qui nous est imparti ici, de présenter l’histoire et les activités du groupe in extenso.

Si le groupe a fait preuve d’une grande stabilité au sommet de ses secteurs d’activités classiques depuis plus de 145 ans, il ajoute très régulièrement de nouveaux domaines (de croissance) à sa palette. Cela fait de lui le géant de l’agroalimentaire le plus diversifié au monde, avec des ventes dans 194 pays, 468 sites de production répartis dans 86 pays et 339.000 salariés. En 2012, le chiffre d’affaires (CA) de 92,2 milliards de francs suisses (CHF) se répartissait entre boissons liquides et en poudre (22% du CA du groupe), produits laitiers et glaces (20%), plats préparés et produits pour cuisiner (16%), produits pour animaux de compagnie (12%), aliments pour bébés et produits liés aux soins de santé (12%), confiseries (11%) et eaux (7%). Avec, outre Nestlé proprement dit, de grandes marques comme Nescafé, Nestea, Nesquik, Häagen Dazs, Buitoni, Herta, Maggi, Gerber, Purina, Fitness, KitKat, La Laitière, Chef, Powerbar, Perrier…

Nestlé s’est lancé sur le marché des produits pour animaux de compagnie dès 2001, avec le rachat de Ralston Purina. Un coup dans le mille, car la marque enregistre une croissance nettement supérieure à celle du PIB dans les pays occidentaux. Idem pour l’alimentation sportive (Powerbar en 2000). Ces dernières années, le groupe a concentré ses achats sur la tendance à une alimentation plus saine et les produits qui favorisent la santé, à la fois pour les bébés, les enfants et les adultes. En témoignent les acquisitions de Novartis Medical Nutrition (avec une marque comme Gerber) en 2007, la fondation du Nestlé Health Science et du Nestlé Institute of Health Sciences en 2011 et la reprise de Wyeth Nutrition l’an dernier. Nestlé a ainsi déboursé la modique somme de 11,85 milliards USD pour les activités de Pfizer dans l’alimentation pour bébés. Ce n’est pas peu pour un CA de 2,4 milliards USD. L’opération se justifie cependant par la grande complémentarité avec les activités de Nestlé dans les aliments pour bébés, à la fois en termes de produits (S-26 Gold, SMA et Promil rejoignent des marques propres comme Gerber, Nan, Lactogen, Nestogen) et sur le plan géographique (Wyeth Nutrition est très présent dans les pays émergents comme la Chine). Nestlé, c’est la qualité suisse, et cette qualité se paie cher. A 19 fois les bénéfices attendus cette année, 17,5 fois ceux de l’an prochain et un rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flow opérationnel (EBITDA) de 12,5, l’action n’est pas spécialement bon marché dans une perspective à court terme. Mais à long terme, Nestlé reste une valeur sûre. Nous relevons l’avis à ” première position ” (2B). Un conseil d’achat n’est pas à exclure en cas de nouveau repli entre 62 et 63 EUR.

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