Miser sur l’essor de l’intelligence artificielle

Estimé à plus de 10 milliards de dollars à l’horizon 2024, le marché de l’intelligence artificielle va révolutionner le monde à divers égards. Les entreprises disposant déjà d’immenses volumes de données seront demain les acteurs de premier plan du secteur.

La robotique et l’intelligence artificielle sont deux disciplines relativement récentes qui ont le vent en poupe. Nous avions déjà abordé la thématique de la robotique en décembre dernier dans cette même rubrique. Voyons à présent ce que recouvre l’intelligence artificielle et comment l’investisseur peut exploiter les valeurs axées sur ce domaine très prometteur.

L’Internet des Objets

L’intelligence artificielle (IA) est généralement définie comme la capacité de machines et de logiciels à apprendre. La discipline est née au début des années 1950, lorsque des scientifiques américains ont créé des machines à penser et désigné par ce terme la science et l’ensemble des techniques de production de ces machines. En combinant l’IA et les systèmes auto-apprenants, il est désormais possible de faire exécuter par des machines des tâches que nous pensions hors de leur portée. L’IA est devenue le fondement de l’Internet des Objets (IoT, Internet of Things), ce monde dans lequel des objets du quotidien interagissent au travers de réseaux, internet et autres. Selon l’Institut Gartner, plus de 50 milliards d’objets seront (inter)connectés en 2020. L’IA résoudra même les plus complexes des problèmes que les utilisateurs pourraient rencontrer.

Bouleversement en vue

Si l’IA a fait discrètement son entrée dans quelques domaines, son champ d’action s’élargit sans cesse. Elle est au coeur des moteurs de recherche, intervient en marketing, dans la sécurité, en Bourse… Le prochain tournant majeur sera sa mise au service des robots et des voitures autonomes.

Le marché de l’IA pesait environ 200 millions de dollars en 2015. L’Institut d’analyse Tractica l’estime à plus de 10 milliards de dollars à l’horizon 2024. L’automatisation de tâches est appelée à se généraliser, notamment celles d’apprentissage. Inéluctablement, les systèmes d’IA s’acquitteront de tâches aujourd’hui accomplies par des humains. Cette automatisation croissante bouleversera notre société dans sa globalité.

Watson

Watson, le super ordinateur d’IBM, a démontré il y a plusieurs années que le ” cerveau ” d’un ordinateur disposait d’une puissance de calcul suffisante pour exécuter des tâches d’une grande complexité. A présent dotés de nouveaux processeurs, dont des modèles toujours plus petits et plus puissants voient le jour régulièrement, les ordinateurs peuvent analyser très rapidement un volume colossal de données, détecter facilement des anomalies, établir des corrélations – et aller bien plus loin que l’être humain, dans cet exercice -, etc. Mais lorsque, comme Watson, l’ordinateur assiste l’être humain, l’on parle plutôt d’intelligence augmentée. Si les systèmes ” pensent ” et programment d’eux-mêmes, il s’agit dans ce cas d’intelligence artificielle.

Acteurs américains

Ces mastodontes américains qui nous sont familiers depuis des années constituent des opportunités d’investissement dans l’IA (comme dans la robotique) par excellence: Amazon, Apple, Facebook, IBM, Microsoft… Grâce à l’IA, ces entreprises pourraient exploiter de manière beaucoup plus efficace les quantités délirantes de données dont elles disposent déjà. Pour aider leurs clients à choisir leurs produits, notamment. Non seulement ceux-ci apprécieraient le service, mais surtout, ils achèteraient plus facilement.

Peut-être moins connus des investisseurs belges, il y a également Nvidia, Qualcomm etSalesforce.

Nvidia est un producteur de matériel informatique, principalement des cartes graphiques et des processeurs pour cartes mères et appareils mobiles. Presque tous les ordinateurs sont équipés de matériel de Nvidia.

Qualcomm est un constructeur de semi-conducteurs actif dans 157 pays. C’est le troisième fabricant de processeurs au monde (derrière Intel et Samsung). Ses puces équipent surtout les appareils mobiles. L’an dernier, Qualcomm a offert 47 milliards de dollars (près de 40 milliards d’euros) pour acquérir le groupe néerlandais NXP Semiconductors. Les Américains devraient rapidement recevoir le feu vert des autorités japonaises. Celui de la Commission européenne également, mais pour autant que Qualcomm cède plusieurs brevets de NXP. Dans l’intervalle, le chasseur est devenu une proie, puisque Broadcom lui a soumis une offre de rachat début novembre, le valorisant à 130 milliards de dollars ou 70 dollars par action. Dans le secteur technologique, il s’agirait de la plus grande acquisition de l’histoire.

Quant à Salesforce, c’est une plateforme cloud offrant des solutions de gestion de la relation client (CRM, Customer Relationship Management). Depuis le début de 2016, l’entreprise compte parmi les valorisations les plus élevées; sa capitalisation boursière s’élève à plus de 61 milliards de dollars.

Acteurs asiatiques

L’Asie n’est pas en reste. Le groupe japonais Hitachi est l’un des plus grands conglomérats au monde. Il propose plus de 20.000 produits et emploie plus de 350.000 personnes. Hitachi est idéalement positionné pour tirer profit de l’essor de l’IA car, s’il est spécialisé dans la construction de matériel ferroviaire, il produit également des appareils électriques (frigos, machines à laver, systèmes de climatisation…), qu’il entend connecter à l’IoT – le groupe dispose déjà d’une division Information&Télécommunication, qui fournit notamment des services cloud.

En Chine, Baidu, le Google chinois, s’intéresse de plus en plus à l’IA. C’est du référencement payant qu’il tire, lui aussi, la majeure partie de ses revenus. Mais dans ce domaine, le directeur de Baidu, monsieur Li, a un concurrent de poids, son homologue chez Alibaba, monsieur Ma. Baidu a donc décidé de diversifier ses activités, notamment dans le cloud computing et les véhicules autonomes. Il ambitionne de produire des voitures autonomes à l’échelle industrielle en 2019. A cette fin, le groupe collabore avec le constructeur automobile chinois BAIC, qui a racheté en 2009 les droits de propriété intellectuelle de modèles de Saab. Leurs premiers véhicules autonomes seront, dit-on, de niveau 3: le conducteur pourra détourner son regard de la route, mais devra reprendre les commandes en cas d’urgence. A titre de comparaison, Tesla oeuvre encore au niveau 2: la direction et l’accélération sont automatisées, mais le conducteur doit garder les yeux rivés sur la route. A compter de 2021, les Chinois entendent concevoir des voitures de niveau 4, dans lesquelles, même en cas d’urgence, l’intervention du conducteur ne sera pas requise.

En Corée du Sud, citons Samsung, l’un des plus grands groupes d’électronique au monde. Il est actif dans 58 pays et occupe plus de 210.000 personnes. Le groupe fabrique non seulement des équipements de télécommunication (téléphones mobiles et équipements de réseaux), des appareils et supports numériques (caméras, CD-ROM, DVD, téléviseurs…), mais aussi des navires et équipements offshore, notamment. Vu l’immense volume de données qu’il recueille, Samsung sera lui aussi un acteur de premier plan sur le marché de l’IA.

L’investisseur particulier préférera, pour sa part, investir dans l’IA par le biais de fonds (Allianz Global Artificial Intelligence, par exemple) et de trackers (voir notamment sur etfdb.com/themes/artificial-intelligence-etfs) spécialisés.

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