Danny Reweghs

Les yeux rivés sur l’Europe du Sud

Danny Reweghs Journaliste

Les crises turque et italienne nous incitent à privilégier les actions américaines aux européennes. Les premières sont certes plus chères, en moyenne, mais elles sont plus sûres.

L’Europe du Sud inquiète les investisseurs. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, fait couler beaucoup d’encre. L’homme prétend pouvoir prendre le contrôle de tout, même de la politique monétaire. Si la Banque centrale turque est censée gérer cela en toute indépendance, dans les faits, elle est, à l’instar des autres organismes du pays, loin d’être seule aux manettes. Elle aurait sinon relevé ses taux directeurs, vu l’inflation galopante. En conséquence de ce statu quo, la livre turque (TRY) plonge. Elle est ainsi devenue la devise la moins performante au monde, en dépit des perspectives favorables de la Turquie.

Pour l’heure, l’investisseur en obligations en TRY doit avoir des nerfs d’acier. Le président turc s’entourant de conseillers inexpérimentés, l’on peut s’attendre à ce que l’instabilité persiste sur les marchés. Les actions turques s’échangent à très bon compte, à sept fois le bénéfice escompté pour cette année, mais pour elles comme pour les obligations turques, un horizon d’investissement de (très) long terme est recommandé. Pourquoi ne pas investir dans l’entreprise belge Deceuninck? Elle est très bien positionnée sur le marché turc et d’autres puissances émergentes, où elle réalise 32% de son chiffre d’affaires. Nous reviendrons sous peu sur ce producteur de profilés en PVC pour portes et fenêtres. L’investisseur particulier peut également opter pour le produit dérivé Turkije Certificaat (12,90 euros; code ISIN: NL0000458198) de BNP Paribas, qui réplique l’indice DJ Turkey Titans 20, comparable au Bel 20. Ce certificat a cédé plus de 60% depuis le sommet atteint l’an dernier! Un investissement à envisager de préférence dans une perspective de long terme également.

L’Italie, ce volcan

L’Europe n’aurait pas à s’inquiéter d’une contagion de la crise turque, dit la majorité des économistes. En revanche, le risque est réel s’agissant de l’Italie. La hausse des taux à 10 ans au-delà des 3% dans la péninsule, de même que l’élargissement de l’écart de rendement (spread) entre les dettes publiques italienne et allemande, à 275 points de base (contre encore 150 points de base en début d’année), témoignent de la fébrilité des marchés.

L’Italie est la troisième économie de la zone euro (le pays est ” too big to fail “: on tendrait d’office la main à l’Italie, pour sauver également la zone euro). Mais sa croissance souffre, son taux d’endettement (dette publique/PIB) est le plus élevé de la zone euro après la Grèce, elle n’a toujours pas corrigé les erreurs de son système bancaire… Et elle est dirigée par un gouvernement inexpérimenté et populiste, non enclin à faire de la réduction de ses déficits une priorité. Les marchés attendent, nerveux, la présentation du budget italien, à l’automne, et la réaction de l’Europe. Il nous paraît plus opportun, d’ici là, de privilégier les actions américaines aux européennes. Les premières sont certes plus chères, en moyenne, mais elles sont plus sûres.

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