Les valeurs pétrolières recèlent encore du potentiel

Image d'illustration. © Reuters

Force est de constater que les cours des actions de compagnies pétrolières n’ont pas suivi l’ascension du cours du pétrole, en particulier depuis l’été dernier. C’est le cas de ceux des majors classiques, mais plus encore des entreprises prestataires de services pétroliers; nous avons cinq autres arguments en faveur d’un investissement dans les actions du secteur.

Le 30 novembre 2016, les membres de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) décidaient pour la première fois de la décennie de réduire leur production journalière de 1,2 million de barils (fûts de 159,24 litres). Dans leur sillage, onze autres pays, emmenés par la Russie, s’engageaient à diminuer leur production de plus de 500.000 barils. L’accord a rapidement été qualifié d’historique et a posteriori, l’on peut considérer qu’il a été déterminant pour l’évolution du cours du pétrole. En cinq trimestres, le baril de Brent (pétrole de la mer du Nord) est passé de 45 dollars à un cours proche de 70 dollars.

L’accord a été prorogé de neuf mois à deux reprises. Reste à savoir, et la réponse à cette question est et sera l’objet de toutes les spéculations sur le marché du pétrole au cours des mois à venir, si ces pays annonceront cette année la fin de la taille dans leur production.

L’excédent d’offre se résorbe

Le cours du pétrole a connu une évolution capricieuse ces dernières années. Début 2016, beaucoup scrutaient avec angoisse le cours du pétrole chaque jour, se demandant quand il finirait de dégringoler. Le baril de Brent s’échangeait alors sous les 30 dollars; il avait déjà perdu plus de 70% depuis la mi-2014, lorsqu’il avait amorcé sa chute. Entre le début de 2016 et aujourd’hui, soit en l’espace de deux ans, il a regagné 140%, et coûte donc environ 70 dollars.

La crise du pétrole (2014-2016) a été portée par l’offre essentiellement. Elle ne peut être considérée indépendamment de l’essor de la production de pétrole en haute mer et dans les sables bitumineux, ni surtout de la croissance spectaculaire de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis. En temps normal, l’Arabie Saoudite, pays ” clé ” au sein du cartel (Opep) en raison de ses gigantesques réserves, aurait tout bonnement réduit sa production en cas de suroffre. Mais les Saoudiens ont continué à produire allègrement en vue de stopper l’essor du pétrole de schiste, notamment. Par ailleurs, l’Iran pouvait à nouveau exporter davantage de pétrole vers l’Occident après un accord sur le programme nucléaire. Les Saoudiens ne voulaient pas faire cadeau d’un cours du pétrole élevé à leur rival historique.

La tactique n’a pas donné le résultat escompté. Oui, la production a chuté aux Etats-Unis, mais elle a accéléré le recul du cours du pétrole. Le Moyen-Orient s’est tiré une balle dans le pied. D’énormes déficits budgétaires se sont creusés. Le cours du pétrole a terminé sa chute à 28 dollars le baril, un chiffre qui ne tient rien du hasard: il correspond au coût de production par baril en Arabie Saoudite.

La décision des pays exportateurs de réduire leur production de brut a mis un terme à la crise et donné lieu à une remontée du cours.

Six arguments en faveur d’un investissement

Force est cependant de constater que les cours des actions de compagnies pétrolières n’ont pas suivi l’ascension du cours du pétrole, en particulier depuis l’été dernier. C’est le cas de ceux des majors classiques, mais plus encore des entreprises prestataires de services pétroliers; c’est le premier de notre demi-douzaine d’arguments en faveur d’un investissement dans les actions de compagnies pétrolières.

Valeurs pétrolières à la traîne

C’est inédit: les cours des actions des compagnies pétrolières n’ont que très peu suivi le net redressement du cours du brut ces dernières années, et en particulier l’ascension de ces derniers mois. Nous pouvons le déduire notamment de la performance relative de l’indice Stoxx600 Oil&Gas par rapport à celle du cours du pétrole en euro. Ces six derniers mois, l’indice sectoriel affiche un recul de 24% par rapport au cours du pétrole. Certes, les performances se rapprochent (-1,5%) en base annuelle, mais les compagnies pétrolières auraient dû faire mieux en raison de l’effet de levier qu’exerce une hausse du prix de l’or noir sur leurs bénéfices.

Le constat est plus frappant encore si nous comparons les performances des prestataires de services pétroliers à celle du cours de l’or noir. Le tracker VanEck Vectors Oil Services affiche une performance inférieure de 33,5% à celle du pétrole Brent sur ces douze derniers mois; et sur six mois, la progression est de 27% moindre (21% contre 48%). Si nous remontons à deux ans, l’écart atteint même 59% (39% contre 98%). En somme, le marché évolue comme si le baril fluctuait encore dans un canal entre 55 et 60 dollars.

Multiplication des relèvements des perspectives de bénéfices

Dans le secteur pétrolier, le nombre de révisions à la hausse du bénéfice escompté atteint son plus haut niveau depuis 2008, où le baril de pétrole se négociait à… 146 dollars!

Rapportcoûts/efficacité en constante amélioration

Leurs efforts consentis en matière d’économie, leurs désinvestissements, leur recentrage sur leur coeur d’activité… ont dopé les cash-flows disponibles des producteurs de pétrole à un point tel qu’un Brent à 52 dollars leur suffit désormais pour continuer à financer intégralement les dividendes actuels. L’an dernier, cela n’était possible qu’à un cours de 59 dollars.

Rendement de dividende attrayant

Dans un environnement de taux bas, les valeurs pétrolières offrent toujours un rendement de dividende élevé, un atout important. Actuellement de 1,8% supérieur au rendement de dividende moyen, ce rendement est le plus élevé depuis 30ans. Ce sont surtout les majors pétrolières qui l’ont porté à ce haut niveau.

Performance typique d’une fin de cycle

Par rapport au marché, les valeurs énergétiques se sont particulièrement distinguées de 1998 à 2000 et de 2006 à 2008. Autrement dit: il est souvent (très) rentable d’être investi en actions pétrolières en fin de cycle boursier.

Sous-valorisation des valeurs pétrolières

Même à défaut d’une hausse du cours du pétrole, nous pouvons envisager une appréciation des cours des valeurs pétrolières. Si au cours des six à douze prochains mois le prix du brut se stabilisait entre 60 et 70 dollars, voire entre 60 et 65 dollars, les cours des actions du secteur se redresseraient néanmoins, puisque les valorisations actuelles correspondent toujours à un prix du baril situé entre 55 et 60 dollars.

Des opportunités en 2018

Ces nombreux constats nous amènent à penser que les investissements liés au pétrole rapporteront davantage cette année. L’assortiment de valeurs pétrolières est vaste. La manière classique d’investir dans le secteur consiste à acquérir les valeurs de géants tels BP, Royal Dutch Shell et Total. Nous les recommandons toujours à l’achat, notamment en raison de leur rendement de dividende attrayant.

Ce sont cependant les actions des prestataires de services pétroliers, demeurées plus en retrait, qui recèlent le potentiel haussier le plus important. En portefeuille modèle, nous attendons précisément de Schlumberger, TechnipFMC et Transocean qu’elles rattrapent leur retard. Citons par ailleurs Fugro (lire l’analyse détaillée ici), dont on espère que le cours a atteint son plancher, et Polarcus (lire le portrait ici), qui accroît ses chances de survie; les deux titres sont assortis d’un risque élevé.

Ceux qui préfèrent aux actions individuelles les trackers, peuvent opter pour l’ETF United States Brent Oil Fund (ticker BNO, codeISIN US91167Q1004), qui suit l’évolution du cours dupétrole. Attention: ce tracker investissant dans des contrats à terme, il peut générer un roll yield (rendement) lors du remplacement des anciens contrats par de nouveaux. Ce rendement peut être positif comme négatif.

Les investisseurs peuvent également “traquer” l’évolution des entreprises prestataires de services pétroliers par le biais de l’ETF VanEck Vectors Oil Services (ticker OIH, code ISIN US92189F7188), brièvement évoqué plus haut. Il faut savoir, cependant, que les entreprises américaines y sont surpondérées et que deux actions individuelles (Schlumberger et Halliburton) pèsent un tiers du total… Ce tracker n’est il est vrai pas très diversifié.

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