Les montagnes russes du secteur des loisirs

La Compagnie des Alpes est l’action la moins chère du secteur à la lumière d’un certain nombre de ratios, comme les rapports cours/bénéfice et cours/valeur comptable.

Après s’être envolés entre 2015 et 2017, les cours des sociétés de loisirs chutent depuis 12 mois. La Compagnie des Alpes a su limiter les dégâts, Pierre et Vacances et Parques Reunidos souffrent. Le seul à se montrer performant est Studio 100, qui n’est pas coté en Bourse. GBL est investi dans le secteur.

Parques Reunidos: GBL dans l’offre

Une offre de plus de 600 millions d’euros a été émise sur Parques Reunidos (Parques). Elle émane d’un consortium qui réunit le holding belge GBL et la société d’investissement de la famille suédoise Wallenberg EQT. A travers son véhicule Piolin, le consortium est prêt à débourser 14 euros par action. Outre EQT et GBL, Piolin comprend le holding coté Alba, de la famille espagnole March. Alba a accru de 1,42 à 21,43% sa participation dans Parques Reunidos, dont elle est devenue le principal actionnaire, juste devant GBL (un peu plus de 21%).

Parques Reunidos est propriétaire de Bobbejaanland, ainsi que d’une soixantaine d’autres parcs (de divertissement, d’attractions, marins et aquatiques; zoos et téléphériques) dans 14 pays. Ses sites s’appellent Marineland, Bo Sommarland, Faunia, Aqualud, Miami Seaquarium, Warner, Grant Leisure, Hawaii, Movie Park, Palac Group, Wonderland. Sa capitalisation boursière atteint 1,2 milliard d’euros.

GBL avait acquis une participation dans Parques en 2017, sans grand résultat pour l’instant. Le holding de feu Albert Frère avait investi 16 euros par action: le titre a dans l’intervalle cédé 12%, malgré le rebond de la fin avril, qui l’a porté de 10 euros alors à 14 aujourd’hui. Plusieurs avertissements avaient précédé cette correction. Le groupe pointe du doigt la vague de chaleur en Europe et le printemps le plus pluvieux qu’ait connu l’Espagne depuis 1965, ce qui n’a pas évité à Fernando Eiroa de devoir renoncer à son poste de CEO. Il est, cela dit, peu probable que GBL s’émeuve: sa participation dans Parques représente 1% à peine de son portefeuille.

Parques s’est doté d’un plan stratégique destiné à réduire son endettement et à attirer davantage de visiteurs. Bobbejaanland inaugurera une grande attraction en juin. Enfin! Le parc est vétuste et le groupe n’a plus investi à son profit depuis des années. En renonçant à sa cotation, Parques entend accélérer la mise en oeuvre de sa stratégie et, si possible, s’étendre.

L’offre des deux familles sur Parques intervient à un moment idéal pour elles. L’action est en effet tombée autour de 10 euros, son plus bas niveau depuis cinq ans. Les rumeurs évoquant la nécessité de procéder à de lourds investissements n’auront pas manqué d’effrayer les petits actionnaires. Ce n’est pas la première offre dans l’histoire du secteur: il y a quelques années, Eric Domb et Marc Coucke avaient retiré Pairi Daiza de la Bourse.

Pas de mariage pour la Compagnie des Alpes

L’investisseur qu’attirent les grands groupes européens est pour l’heure limité à deux entreprises françaises: la Compagnie des Alpes (la Compagnie) et Pierre et Vacances. La Compagnie gère et exploite des parcs d’attractions et des remontées mécaniques (cette activité date de sa fondation, en 1989). Ses domaines skiables se situent surtout dans les Alpes françaises (Val-d’Isère, Les Arcs et La Plagne), italiennes et suisses. La Compagnie est numéro 1 mondial dans ce segment. Elle n’exploite des parcs d’attractions que depuis 2000. L’un de ses premiers fut le Parc Astérix; l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas et la Belgique (Bellewaerde, Walibi et Aqualibi) ont suivi. Le groupe envisage désormais de s’étendre à la Russie (domaines skiables et un parc d’attractions à Moscou), au Japon (partenariat stratégique avec le groupe Mac Earth) et à la Chine (“partenariat industriel” avec le chinois Fosun). L’idée initiale était de faire entrer Fosun dans le capital, mais le français a finalement décidé de rester autonome. Le premier projet commun est la construction d’une piste de ski couverte à proximité de Shanghai; l’endroit servira aux entraînements en vue des Jeux olympiques d’hiver de 2022, à Pékin.

La Compagnie a achevé l’exercice 2017-2018 sur d’excellents résultats. Son chiffre d’affaires a progressé de 3,1% et sa marge nette frôle les 7% (0,5%, chez Pierre et Vacances). Le bénéfice net a permis d’augmenter le dividende de 30%, à 0,65 euro par action. Le rendement du dividende atteint donc un appréciable 2,80%. La Compagnie est par ailleurs l’action la moins chère du secteur à la lumière d’un certain nombre de ratios, comme les rapports cours/bénéfice et cours/valeur comptable. Depuis que les spéculations sur l’entrée de Fosun se sont tues, l’action a reculé de 30%, pour atteindre une valorisation très raisonnable. Nous recommençons à la suivre activement.

Pierre et Vacances: le grand plongeon

Avec une capitalisation boursière de 167 millions d’euros, Pierre et Vacances est, de loin, la plus petite des trois valeurs examinées. Pierre et Vacances Center Parcs est né de la fusion entre le néerlandais Center Parcs et le français Pierre et Vacances. Celui-ci avait acquis le néerlandais Gran Dorado en 2001, avant de s’offrir, la même année, Center Parcs. En reprenant, en 1997, les activités de location de Creatief Vakantieparken, Gran Dorado était devenu le premier parc de bungalows de vacances d’Europe. Les petits sites peu équipés ont été revendus à Landal Greenparks et Roompot. Pierre et Vacances, qui s’était offert le belge Sunparks en 2007, est aujourd’hui leader européen dans le secteur des vacances de proximité. L’ensemble de ses marques touristiques (Pierre et Vacances, Center Parcs, Sunparks, Villages Nature Paris, Aparthotels Adagio et Maeva.com) exploitent plus de 45.000 logements sur plus de 279 sites en Europe.

Pierre et Vacances pèche principalement par la faiblesse de sa rentabilité. L’action recule depuis le début de 2018. Elle qui valait 50 euros il y a deux ans seulement, affiche 60% de moins aujourd’hui. Alors que ses deux principaux concurrents distribuent un tiers environ de leurs bénéfices, c’est à peine si, en raison de sa faible rentabilité et de son endettement élevé, Pierre et Vacances parvient à verser un dividende. Il a annoncé en début d’année un investissement de 60 millions d’euros dans les Center Parcs d’Erperheide et de Vossemeren. Ce qui ne justifie pas un achat.

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