Les mines d’argent vont bientôt rattraper leur retard

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Nous vous présentons quatre producteurs d’argent (notamment) que ne compte pas le portefeuille de l’Initié: Hecla Mining, Coeur Mining, Fortuna Silver Mines et Hochschild Mining.

En 2021, le rendement de l’argent (-11,5%) a été nettement moins bon que celui de l’or. Cette année, le moins cher des métaux précieux a déjà gagné 6,5%, presque autant que l’or. Cela dit, c’est l’or qui contribue à la majeure partie du chiffre d’affaires (CA) des producteurs d’argent. Si à court terme, le cours du métal gris peut encore baisser, ensuite, il devrait selon nous pouvoir rattraper celui de l’or.

Le portefeuille modèle compte quatre entreprises produisant entre autres de l’argent: Alexco Resource, First Majestic Silver, Pan American Silver et Wheaton Precious Metals, que nous suivons toutes de près. Nous nous intéressons ici à quatre autres sociétés.

Hecla Mining: de belles réserves

Pour Hecla Mining (ticker HL US), 2021 a été une année record s’agissant tant du chiffre d’affaires (CA) que du cash-flow opérationnel ajusté (Ebitda). Le groupe a vu son CA augmenter de 16 % en glissement annuel, à 807,5 millions de dollars; la part de l’argent y est de 34%, celle de l’or, de 42%, du zinc, de 15%, et du plomb, de 9%. Il a produit 12,3 millions d’onces troy d’argent et un peu plus de 200.000 onces troy d’or. L’Ebitda a atteint un nouveau record, 279 millions de dollars (+20%). Au cours de la décennie à venir, la croissance d’Hecla proviendra essentiellement de la mine Lucky Friday (Idaho). L’année dernière, la production d’argent s’y est accrue de 75%, à 3,56 millions d’onces troy. En 2022, elle devrait atteindre 4,3-4,6 millions d’onces, et ensuite, 5 millions d’onces par an.

Les prévisions du groupe pour 2022 ne sont pas très ambitieuses: 13,2 millions d’onces troy d’argent et 170.000 onces troy d’or. Il disposait de 210 millions de dollars de liquidités fin 2021, pour une dette de 520 millions de dollars. Le ratio dette nette/Ebitda est tombé à 1,1, contre 1,7 un an plus tôt. Lignes de crédit prises en compte, la trésorerie s’élevait à 443 millions de dollars. Il est donc peu probable que le groupe mène sous peu une nouvelle opération de capital.

Hecla a pour atouts de faibles coûts de production (moins de 10 dollars par once troy d’argent), des mines situées dans des régions stables, et surtout, des réserves bien garnies – 200 millions d’onces troy d’argent (+6%) et 2,73 millions d’onces troy d’or (+14%), à fin décembre. Il a toutefois un actif dont l’histoire est mouvementée, et donc, à risque: Lucky Friday. En outre, au cours actuel de l’argent, l’action n’est plus vraiment bon marché, à 35 fois le bénéfice attendu et à 2,1 fois la valeur comptable. Elle a déjà gagné un quart de sa valeur cette année, anticipant la hausse des prix des métaux précieux. Nous attendrions un repli vers les 6 dollars pour l’acheter.

Coeur Mining: grosse déception

Au cours de ces 12 derniers mois, l’action Coeur Mining (ticker CDE US) a perdu 55% de sa valeur. En 2021, le groupe a produit 349.000 onces troy d’or et 10,1 millions d’onces troy d’argent. Si son CA (832,8 millions de dollars) a légèrement augmenté (+6%), son Ebitda a reculé d’un cinquième, à 214,8 millions de dollars. En conséquence, la marge d’Ebitda a chuté de 34 à 25%. Coeur a subi une perte nette, modeste, de 1,4 million de dollars. La direction avait déçu en pronostiquant pour 2022 une production de 9-11 millions d’onces troy d’argent et de 315.000-353.000 onces troy d’or; en d’autres termes, pas de croissance, cette année. Il faut dire que le groupe doit investir massivement alors que son bilan est loin d’être bon.

Palmarejo (Mexique) fournit 65% de sa production d’argent et 31% de sa production d’or; Rochester (Nevada), 35% et 12% respectivement; Kensington (Alaska), 34% de son or; et enfin, Wharf (Dakota du Sud), 23% de son or. Le groupe compte encore Silvertip (en Colombie-Britannique, au Canada), acquise en 2017, mais la mine ne rouvrira qu’en 2025 au plus tôt. Les dépenses d’investissement de Coeur Mining ont plus que triplé en 2021, à 309 millions de dollars. Elles devraient passer à 320-390 millions de dollars en 2022, et servir surtout à la poursuite de l’extension de Rochester (coût total: 600 millions). La dilution de l’avoir des actionnaires demeure le principal problème. En 2021, le groupe a levé 375 millions de dollars, et avait ramené sa dette nette à 430 millions de dollars au 31 décembre, soit à un peu plus de deux fois l’Ebitda. Autre problème: le groupe s’est doté d’un programme de couverture contre les fluctuations du prix de l’or qui réduit son potentiel de croissance, lorsque le prix du métal jaune augmente. En 2022, 132.000 onces troy d’or (quelque 40% de la production attendue) seront vendues à un prix à l’unité compris entre 1.630 et 2.038 dollars. Vu son manque de croissance et son bilan peu rassurant, Coeur Mining n’emporte pas notre préférence.

Fortuna Silver Mines: intéressante

Contrairement à ce que suggère son nom, Fortuna Silver Mines (ticker FSM US) ne produit plus essentiellement de l’argent. Au 4e trimestre, la part de ce métal dans son CA n’était que de 22%; l’or en a apporté 69%; le zinc (5%) et le plomb (4%), le solde. Le groupe doit cette évolution à la mine d’or Lindero (Argentine), qui a connu un trimestre record. L’argent est extrait à San José (Mexique) et à Caylloma (Pérou). En acquérant Roxgold l’an passé, Fortuna s’est offert la mine d’or Yaramoko (Burkina Faso). Quant au projet d’exploration Séguéla (Côte d’Ivoire), il devrait devenir opérationnel au cours du 2e semestre de 2023. La production d’or à Lindoro s’est hissée de 55.000 onces troy en 2020 à 207.000 onces troy en 2021. Dans le même temps, la production d’argent n’a augmenté que de 7,1 à 7,5 millions d’onces troy. Grâce surtout à l’or, le CA a plus que doublé (+115%), à près de 600 millions de dollars. L’Ebitda s’étant monté à 280,7 millions de dollars, la marge s’est établie à 47%. En octobre 2021, le permis d’environnement (12 ans) pour San José (Mexique) est arrivé à échéance. Le gouvernement mexicain a décidé de ne le prolonger que de deux ans, alors que le groupe avait introduit une demande de prolongation de 12 ans. Fortuna tente d’en obtenir plus en passant par les tribunaux. Il ne fait pas bon investir dans le secteur minier mexicain actuellement! Cette année, le groupe verra sa production d’argent diminuer de 8-17%, à 6,2-6,9 millions d’onces troy, par rapport à 2020; elle passera de 6,4 millions à 5,2-5,8 millions d’onces troy à San José. La progression attendue de la production d’or, de 244.000 à 280.000 onces troy (+18-35%) compensera heureusement cette baisse. A fin 2021, la dette nette s’élevait à 58,9 millions de dollars, soit à seulement 0,2 fois l’Ebitda. Fortuna se négocie sous la valeur comptable (0,8 fois) et à 4,2 fois l’Ebitda, ce qui est bien inférieur au secteur (6,8 fois), alors que les perspectives de croissance sont plutôt bonnes. L’incertitude entourant San José participe à la décote. Fortuna est digne d’achat à titre spéculatif.

Hochschild Mining: très dépendant du Pérou

Au Pérou, le nouveau gouvernement de gauche de Pedro Castillo entendait fermer Inmaculada et Pallancata l’an passé, au motif que la législation environnementale y avait été violée. Il a changé d’avis quelques semaines plus tard – l’exploitation minière représente 60% des recettes d’exportation du pays. Ce fut un soulagement pour le groupe Hochschild (ticker HOC LN), car ensemble, les deux mines lui apportent près de trois quarts de sa production. En acquérant Amarillo Gold, Hochschild devient le propriétaire du projet Posse Gold (Brésil). Grâce à celui-ci, la production du groupe croîtra de plus d’un cinquième, et ses coûts baisseront. En 2021, ses mines ont produit 31,2 millions d’onces troy d’équivalent argent au prix moyen de 14,4 dollars par once. Le CA s’est élevé à 811,4 millions de dollars (+30%) et l’Ebitda, à 382,8 millions de dollars (+41%). Cette année, la production diminuera à 26-27 millions d’onces troy, tandis que le coût de production augmentera à 18,5-19 dollars. Hochschild disposait d’une trésorerie nette de 86 millions de dollars au 31 décembre. A 1,2 fois la valeur comptable, 2,8 fois l’Ebitda et 0,8 fois le CA, ce titre est lui aussi digne d’achat à titre spéculatif. Mais le risque est supérieur à la moyenne.

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