Danny Reweghs

Les marchés émergents sous-valorisés

Danny Reweghs Journaliste

Après l’éviction de Donald Trump et de sa politique protectionniste, les marchés émergents semblaient sortis d’affaire et les perspectives, pour cette année et les suivantes, être à nouveau au beau fixe. Or voilà que la reprise s’est figée en mars.

Les investisseurs dans les marchés émergents avaient applaudi à l’éviction de Donald Trump et de sa politique protectionniste, en novembre 2020. Le MSCI Emerging Markets s’était envolé et avait surperformé tous les autres indices.

Il était temps que ces marchés reprennent des couleurs. Investir dans le MSCI Emerging Markets n’avait rapporté, au cours de la décennie écoulée, “que” 5,1% l’an en moyenne, soit un rendement (hausse du cours + dividendes) de 65%, puisque l’indice n’avait pas progressé de plus de 26% sur cette période. Alors que le MSCI World avait réalisé un rendement de 237%, soit une moyenne de 12,9% l’an, soit encore une différence de 172%. Sa progression avait été majoritairement soutenue par les géants de la tech américains; à part cela, la politique de la Réserve fédérale avait fait en sorte que les fonds restent massés à Wall Street, la croissance de la Chine avait subi un ralentissement structurel, certains pays avaient été en proie à des problèmes politiques, etc.

Classe moyenne

Après l’élection de Joe Biden, les marchés émergents semblaient donc sortis d’affaire et les perspectives, pour cette année et les suivantes, être à nouveau au beau fixe. L’indice MSCI Emerging Markets avait en outre progressé de 39%, contre 32% pour le MSCI World, entre le début mars 2020 et la fin février 2021. Wall Street étant devenue hors de prix, les investisseurs américains s’étaient tournés vers l’étranger. Les pays émergents ne manquent pas d’atouts: alors que la classe moyenne occidentale est sous pression, la leur affiche une croissance régulière, qui se traduit par une augmentation soutenue de son pouvoir d’achat. Si les milléniaux ne sont que 65 millions aux Etats-Unis et 60 millions dans l’Union européenne, ils sont 800 millions en Asie et des centaines de millions en Afrique et en Amérique latine. Cette population jeune se caractérise par un fort potentiel de croissance, sur fond de numérisation très rapide de l’économie au cours des années et même, des décennies, qui viennent.

La Chine

Or voilà que la reprise s’est figée en mars. Le MSCI Emerging Markets a plongé, alors que l’indice mondial poursuivait sa progression. L’écart est passé de 0% à 18% au détriment des émergents cette année. En cause: le déploiement de la vaccination, plus lent dans la plupart des pays émergents qu’en Amérique du Nord et surtout, qu’en Europe, a fortiori avec la montée en puissance du variant Delta. Mais plus encore, la Chine, qui s’en est prise à ses (trop) puissants géants de la tech. Or les actions chinoises pèsent lourd dans tous les indices des émergents.

En renversant radicalement le sentiment, ces événements ont plombé la valorisation de ces marchés. Le MSCI Emerging Markets vaut désormais 37% de moins en moyenne que le MSCI World (historiquement: 25%). Il faudra que le sentiment à l’égard des actions chinoises s’améliore avant qu’une reprise puisse s’amorcer.

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