Le point sur les devises (II)

Poursuivant la série entamée la semaine dernière, nous passons en revue cinq autres devises clés, à l’aube du second semestre de 2022. Voici le deuxième volet, lui-même articulé sur trois jours (troisième jour), consacré aux principales devises régulièrement évoquées sous cette rubrique.

Lire turque

La lire (TRY) ne cesse de crever les planchers historiques. Il y a 10 ans, les Turcs payaient 2,20 TRY pour un euro; aujourd’hui, c’est 17 TRY. L’effondrement, un peu plus chaque jour, de sa monnaie face à l’euro et au dollar, est catastrophique pour une population confrontée à une inflation au plus haut depuis 1998 (73,5%).

Toute amélioration semble exclue, puisque le président Erdogan refuse de relever les taux pour juguler cette hausse des prix galopante. Pour le 5e mois consécutif, la banque centrale turque a donc maintenu ses taux d’intérêt à 14% en juin.

Réal brésilien

Le Brésil souffre lui aussi d’une inflation trop élevée: le renchérissement atteint 11,73%, et s’accélère encore. La banque centrale n’a eu d’autre choix que de relever ses taux d’intérêt, pour la 4e fois cette année; son taux directeur atteint ainsi 13,25%. Profitant de ces tours de vis, le réal (BRL) a déjà gagné 14% par rapport à l’euro depuis janvier. Sur cinq ans toutefois, il s’est déprécié de 43%. Les investisseurs qui ont des obligations en BRL en portefeuille doivent donc percevoir des coupons considérables pour compenser la dépréciation de la devise.

Un taux élevé qui ne parvient pas à juguler l’inflation augure toutefois des problèmes. L’économie brésilienne est sortie de récession au 4e trimestre de 2021 et a connu une croissance de 4,6% sur l’année, un exploit après les -3,9% enregistrés en 2020. Mais l’euphorie sera de courte durée: la croissance est attendue à 0,3% seulement en 2022. Le déficit budgétaire avoisine 10% du produit intérieur brut (PIB) et la dette publique pourrait même atteindre 90% du PIB. Une embellie pourrait s’esquisser à partir du mois d’octobre, si l’ancien président Luiz Ináncio Lula da Silva faisait son retour. Tout cela est néanmoins à prendre au conditionnel, car l’homme n’est pas irréprochable non plus.

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