Le palladium à nouveau en déficit

Les possibilités d’investir dans le palladium par le biais de produits à effet de levier sont nombreuses.

Du côté des métaux précieux, l’or et l’argent affichent un rendement légèrement positif au terme des cinq premiers mois de l’année 2015. Ce n’est pas le cas du platine et du palladium, qui s’échangent légèrement en deçà de leur niveau au 1er janvier. Certes, les rendements paraissent un peu plus favorables en euro (EUR), mais la sous-performance reste évidente. Il y a quelques semaines, nous avions étudié la situation du platine. Cette semaine, nous nous penchons sur le palladium.

Grève des mineurs en Afrique du Sud

Thomson Reuters GFMS a publié sa Platinum and Palladium Survey au début du mois. Cette étude fait état d’un déficit de l’offre de 1,58 million d’onces troy sur le marché du palladium. Le palladium est certes en déficit depuis 2007, mais celui de l’an passé était le plus important de la décennie écoulée. Cinq mois de grève des mineurs en Afrique du Sud – deuxième producteur du métal précieux après la Russie – ont entraîné une baisse de la production minière mondiale de 7%, à 6,04 millions d’onces troy, le chiffre le plus bas depuis 2002 ! Ce recul de la production a été partiellement compensé par l’augmentation de l’offre de palladium recyclé (+8%). Du côté de la demande, les fabricants de pots catalytiques restent les principaux consommateurs du métal disponible. Dans ce segment, la consommation de palladium a progressé de 5%, à 6,61 millions d’onces troy. Le palladium est surtout utilisé dans les pots catalytiques pour voitures à essence aux Etats-Unis et en Asie. La consommation de palladium a baissé de 3% dans les autres applications industrielles (principalement électroniques).

La GFMS Survey ne comportait pas de prévisions pour cette année, au contraire du Platinum Group Metals Report de Johnson Matthey, le premier producteur de pots catalytiques au monde. Pour 2014, ce rapport fait état d’un déficit mondial de palladium supérieur de 1,8 million d’onces à celui avancé dans l’étude de GFMS. Mais Johnson Matthey le voit ensuite retomber à 100.000 onces troy à peine en 2015. L’entreprise table en effet sur une hausse de la production sud-africaine de 17%, à 2,48 millions d’onces troy, son plus haut niveau depuis 2011. Et ce, bien entendu, dans l’hypothèse d’une paix sociale préservée, ce qui ne peut jamais être garanti en Afrique du Sud. L’industrie minière du pays est d’ailleurs confrontée à d’autres problèmes, comme le manque de fiabilité de l’approvisionnement électrique. Outre la hausse de la production minière, l’offre provenant du recyclage (bijoux et pots catalytiques usagés) augmenterait de 4,5% cette année.

Baisse de la demande

Simultanément, Johnson Matthey s’attend à une baisse de la demande de palladium de 12%, à 9,4 millions d’onces troy cette année. Ce recul serait principalement imputable aux investisseurs qui afficheront cette année un solde vendeur de 400.000 onces troy, contre un solde acheteur de 932.000 onces troy en 2014. La demande de la joaillerie serait également en baisse, alors que la demande industrielle (hors pots catalytiques) diminuerait de 2,4%. Nous retiendrons surtout du rapport de GFMS et des prévisions de Johnson Matthey que le marché du palladium sera à nouveau en déficit en 2015. Les prévisions concernant la production minière en Afrique du Sud nous semblent particulièrement optimistes et ne tiennent pas compte de problèmes opérationnels ou sociaux. En outre, nous trouvons l’hypothèse d’investisseurs massivement vendeurs très présomptueuse. Actuellement, les trackers qui investissent dans le palladium physique ont 91,9 tonnes en gestion. En août dernier, c’était encore près de 96 tonnes.

Nombreuses possibilités

Il existe plusieurs possibilités d’investir dans le palladium par le biais de produits à effet de levier. Nous rappelons que dans le cas des métaux précieux, la valeur sous-jacente est toujours le cours sur le marché spot, et donc pas un contrat à terme. Cela signifie donc que la barrière désactivante peut aussi être atteinte en dehors des heures d’ouverture d’Euronext. Les investisseurs doivent en tenir compte lors du choix de leur produit. L’évolution du cours de change est un autre aspect à prendre en considération, car les produits à effet de levier sont cotés en EUR et la valeur sous-jacente en USD.

BNP Paribas Markets propose 11 turbos longs dont les leviers varient de 1,2 à 5,6. L’assortiment ING se compose de 7 sprinters longs avec des leviers compris entre 1,7 et 9,2. La différence entre le cours acheteur et le cours vendeur (spread) s’établit dans tous les cas à 20 centimes d’euro.

Palladium Turbo long (risque moyen)

Code ISIN: NL0009570761

Devise: EUR

Niveau de financement: 523,64

Cours de référence: 779,3

Barrière désactivante: 576

Levier: 3,01

Cours: 22,93/23,13

La barrière désactivante de ce turbo long émis par BNP Paribas Markets se trouve plus de 35% sous le cours actuel du platine. Ce niveau a été atteint pour la dernière fois en 2010.

Les investisseurs qui préfèrent investir dans le palladium sans levier peuvent le faire par le biais d’un tracker. Le tracker de loin le plus important et le plus liquide est le Physical Palladium Shares d’ETF Securities :

ETFS Physical Palladium Shares (PALL)

Ticker: PALL

Bourse: NYSE Arca

Emission : janvier 2010

Code ISIN: US26923A1060

Performance depuis le 01/01/2015: -2,1%

Rendement sur 12 mois: -4,5%

Rendement sur 3 ans: +27,6%

Volume journaliser moyen: 30 000

Actifs sous gestion: 366,5 millions USD

Frais annuels de gestion: 0,6%

Ce tracker coté sur le NYSE Arca (en USD, ticker PALL) a pour valeur sous-jacente du palladium physique entreposé dans des coffres à Londres et à Zurich. Chaque part représente un dixième d’once troy de palladium, mais ne peut pas être échangée contre du métal physique. Le 19 mai, PALL avait près de 460.000 onces troy de palladium sous gestion. Le cours du tracker évolue donc avec celui du prix spot du palladium, mais peut légèrement s’en écarter en raison de frais de gestion (0,6% sur base annuelle) et d’une petite partie de liquidités.

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