Le gouffre démographique

La croissance économique molle et le manque d’inflation qui frappent depuis quelque temps le monde occidental seraient liés à l’évolution démographique, plus particulièrement au vieillissement de la population occidentale.

Pendant notre interruption estivale, nous avons reparcouru le livre de Harry S. Dent Jr. au titre inquiétant The demographic Cliff (” Le gouffre démographique “). Le sous-titre est assez éloquent : ” How to survive and prosper The Great Deflation of 2014-19 ” (” Comment survivre à la grande déflation de 2014-2019 et en tirer profit ? “).

L’auteur a une explication très claire pour la croissance économique molle et le manque d’inflation qui frappent depuis quelque temps le monde occidental. Tout est lié à l’évolution démographique, plus particulièrement au vieillissement de la population occidentale. Harry Dent est convaincu qu’il existe un schéma de consommation fixe, dépendant de l’âge. Avant l’âge de 46ans, les dépenses de consommation suivent une orientation haussière. Le maximum correspond à 46ans, ou quelque part durant les années suivantes pour les personnes ayant un niveau d’éducation supérieur à la moyenne. Au-delà du demi-siècle cependant, les dépenses reculent lentement mais sûrement pour revenir, à l’âge de 75ans, au niveau des 25ans.

Or le gros problème de la population occidentale est que l’âge moyen a déjà atteint partout 46ans, ou l’atteindra bientôt. Au niveau de la population également, le pic de consommation a déjà été atteint. Au Japon, cette situation s’est présentée au début des années nonante, avec toutes les conséquences que nous avons pu constater ces dernières décennies: récession et déflation chroniques, dettes publiques colossales et prestations boursières faibles pendant une longue période. La mauvaise nouvelle pour l’Europe est que des pays comme l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, etc., ont eux aussi déjà atteint ce sommet durant la première moitié de la décennie actuelle, et que nous peinons aujourd’hui à créer la croissance économique, à éviter la déflation, à maintenir sous contrôle la dette publique. Cela explique que les rendements boursiers moyens soient plutôt faibles ici aussi.

D’autres dépenses priment

Heureusement, il y a les pays émergents, qui abritent une population nettement plus jeune, dont les dépenses moyennes affectées à la consommation sont encore en hausse. Du fait cependant de la politique _ révolue récemment _ de l’enfant unique en Chine, le pays risque d’atteindre ce sommet vers 2025 à 2030, déjà. Dans de nombreux pays asiatiques et africains, ce sommet n’interviendra pas avant plusieurs décennies.

À mesure que nous vieillissons, le type de produits que nous consommons change évidemment aussi. Entre 20 et 30ans, nous consacrons un budget important au logement. À 46ans, le budget maximum est alloué au mobilier. Au-delà de l’âge de 60ans, le budget affecté aux soins de santé, aux médicaments, aux croisières, aux maisons de repos, etc., augmente. La consommation moyenne de médicaments double une première fois après 60ans, et une seconde fois au-delà de 80ans. C’est la raison pour laquelle le thème du vieillissement de la population occupera durablement une place dans notre portefeuille. Structurellement, ces dépenses continueront d’augmenter dans les prochaines années et décennies.

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