Le cours de l’aluminium s’envole

Depuis le 17 avril, ni la Bourse des matières premières London Metal Exchange (LME) ni le Comex (CME) n’acceptent d’enregistrer dans leurs centres de stockage l’aluminium provenant du producteur russe Rusal.

Les marchés de matières premières sont particulièrement sensibles à une hausse des taxes à l’importation, aux sanctions commerciales et autres mesures protectionnistes. L’annonce par le président américain Donald Trump, il y a quelques semaines, d’une augmentation des droits à l’importation sur l’aluminium (notamment) provenant de Chine a initialement donné lieu à une réaction plutôt molle au niveau des prix.

Rusal sur la liste noire

La perception du marché a changé lorsque la Russie s’est vu attribuer le mauvais rôle par la communauté internationale dans le conflit syrien. Sous l’impulsion des Etats-Unis, des sanctions ont été imposées à plusieurs grandes entreprises et oligarchies russes. En font partie Rusal et Oleg Deripaska, l’oligarchie qui contrôle le producteur d’aluminium. Rusal est le plus grand fournisseur du métal de base en dehors de la Chine, et a plusieurs joint-ventures et accords de livraison avec de nombreux groupes miniers. Ainsi la quasi-totalité de la production d’aluminium de Rio Tinto provient-elle d’une joint-venture avec Rusal en Australie. Glencore est quant à lui le plus grand client direct de Rusal. Or, dans le cadre des sanctions, depuis le 17 avril ni la Bourse des matières premières London Metal Exchange (LME) ni le Comex (CME) n’acceptent d’enregistrer dans leurs centres de stockage le métal provenant de Rusal.

Cette évolution a hissé le prix de la tonne d’aluminium pour livraison dans les trois mois (LME aluminium 3M; contrat à terme) d’un quart durant les trois premières semaines d’avril, à son plus-haut depuis fin 2011. Juste avant que la mesure entre en vigueur, les stocks du LME et du Comex ont sensiblement augmenté. Tous les intervenants de marché qui détenaient de l’aluminium provenant de Rusal ont voulu l’enregistrer avant que les sanctions entrent en vigueur. Mais l’envolée de cours est due également à des mouvements spéculatifs.

Risque

Avec 3,8 millions de tonnes d’aluminium l’an dernier, Rusal s’est adjugé une part de 6% de la production mondiale (63,1 millions de tonnes). Sa part en dehors de la Chine atteint même 17%. Il ne fait dès lors aucun doute que Rusal est un acteur important sur la scène mondiale. Dans la mesure où l’on ignore pour l’heure combien de temps les sanctions resteront d’application, il est difficile d’en estimer les conséquences. L’an dernier, le marché mondial de l’aluminium affichait un léger déficit, lequel pourrait se creuser sans la contribution de Rusal.

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