Danny Reweghs

Le calme après la tempête

Danny Reweghs Journaliste

Très tumultueux, le premier trimestre de 2022 s’achève sur une note mitigée. Nous nous réjouissons d’avoir mobilisé notre trésorerie pour profiter des désengagements massifs et d’avoir peut-être ainsi sauvé notre année. Dans tous les cas, le trimestre qui s’ouvre s’annonce plus terne.

C’est avec des sentiments mitigés que nous achevons le premier trimestre de 2022, peu faste sur les marchés. D’abord, les banques centrales, comprenant que l’inflation ne serait pas temporaire, ont serré la vis et adopté un ton moins accommodant que celui des 10 dernières années. La Réserve fédérale (Fed), en particulier, a dû prendre un sérieux virage dès l’automne. Les investisseurs ont rapidement compris que cette année marquerait le début d’un cycle de hausses des taux.

Puis la Russie a envahi l’Ukraine, précipitant les marchés dans le rouge; fin février/début mars, plusieurs indices boursiers accusaient un repli de 15% à 20%. La guerre en Europe de l’Est étant susceptible de limiter l’importance des hausses des taux, les marchés se sont redressés, réduisant les pertes de moitié.

Le tableau de ce premier trimestre est donc assez sombre. Nous nous réjouissons toutefois d’avoir agi à temps, en utilisant la trésorerie disponible pour opérer quatre vagues d’achats entre le 24 février (début de la guerre en Ukraine) et le 17 mars (lendemain de la réunion de la Fed, où un premier relèvement de 25 points de base a été décidé); nous avons ainsi pu tirer profit des désengagements massifs qui ont suivi l’offensive russe.

Des eaux moins agitées

Si, comme nous le pensons, le creux de la vague est derrière nous et que la tendance haussière s’est réamorcée, ce trimestre aura sauvé notre année. De nombreux économistes, stratégistes et investisseurs doutent de la pertinence de cette analyse; nous ne crierons pas victoire trop tôt, mais le fait que la reprise boursière des dernières semaines suscite toujours autant de scepticisme augmente la probabilité que le plancher ait effectivement été atteint.

Tempérons quoi qu’il en soit d’emblée les attentes excessives pour le deuxième trimestre. Il est très peu probable que cette année soit une réédition de 2020, pour la simple raison que lorsque la pandémie de Covid-19 a éclaté, les banques centrales et les gouvernements étaient en mesure de soutenir l’économie et les marchés financiers. Mais leur intervention a entraîné une inflation vertigineuse, qui rend le tableau nettement moins réjouissant aujourd’hui. La Fed n’a désormais d’autre choix que de relever (progressivement) ses taux d’intérêt, tandis que, vu la crise budgétaire provoquée par les mesures de soutien arrêtées pendant la crise sanitaire, les gouvernements n’ont plus les moyens de sortir le grand jeu. La restitution des recettes supplémentaires provenant de la TVA et des accises sur l’énergie constitue déjà un sérieux revers.

Alors que le conflit en Ukraine semble s’embourber, les banques centrales vont devoir réévaluer leur politique monétaire à chacune de leurs réunions, ce qui les empêchera de guider les marchés. Dans ce contexte, nous nous attendons à un deuxième trimestre plus terne. Il n’est pas à exclure que les marchés se retrouvent fin juin au même niveau que fin mars.

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