La pérennité des ETF ne semble pas menacée

© iStock

La rédaction répond à la question d’un abonné: “Les “trackers sont en plein essor. Peut-on tirer des parallèles avec la crise de 2008? Mon argent est-il protégé en cas de faillite de l’émetteur?”

Célèbre pour avoir anticipé le problèmes des CDO avant la crise de 2007/2008, Michael Bury a récemment jugé préoccupant l’énorme afflux de capitaux dans les ETF (Exchange Traded Funds, ou trackers), en plein essor depuis 2008. Aujourd’hui, quelque 2.000 ETF américains gèrent au total plus de 4.000 milliards de dollars (moins de 1.000 milliards en 2008) – un succès qui s’explique par des coûts très faibles (entre 0,15 et 0,3% par an, contre 0,5 à 0,8% pour les fonds traditionnels à gestion active) et la sous-performance de nombreux fonds à gestion active par rapport à leur sous-jacent.

Michael Burry affirme que les ETF, qui se contentent de refléter l’évolution d’un indice, secteur, ou d’une matière première ou devise en investissant automatiquement, sans analyse solide des titres, perturbent la formation du prix des obligations et actions, avec une divergence de plus en plus flagrante par rapport au risque pris – un phénomène encore renforcé par les taux très faibles. Autre élément: l’énorme succès des ETF a provoqué une forte concentration des investissements sur les plus grandes Bourses; neuf des 10 plus grands ETF sont investis sur les Bourses américaines et surpondèrent les grandes entreprises. Nous pensons aussi que les ETF vont amplifier les fluctuations haussières, mais surtout baissières. Un manque de liquidités pourrait poser problème en cas de panique. La plupart des ETF n’ont pas encore connu de krach boursier: leur solidité reste donc théorique. Une protection existe en principe en cas de faillite d’un émetteur, car les actifs sont conservés séparément chez un dépositaire. Les trackers les plus sûrs sont les ETF physiques, qui achètent effectivement les titres sous-jacents – à l’inverse des ETF synthétiques, qui répliquent leurs performances en négociant des futures et des contrats de swap, et pourraient donc subir des pressions susceptibles de se traduire par des pertes.

Nous n’utilisons les ETF qu’à titre complémentaire, pour investir dans des segments (matières premières) ou régions (Japon) difficiles d’accès via des actions. La pérennité des ETF ne semble pas menacée, mais nous recommandons de conserver une diversification suffisante, d’opter pour des trackers liquides et d’éviter les ETF synthétiques.

Partner Content