La livre turque: la fin du calvaire, en 2020?

La devise se déprécie d’une manière quasi ininterrompue depuis des années. L’inflation, pour l’heure encore à deux chiffres, devrait cependant continuer de baisser.

En début d’année, l’agence de notation Moody’s qualifiait de dangereuse pour l’économie turque la concentration des pouvoirs aux mains du président Recep Tayyip Erdogan. La situation s’est encore détériorée depuis. La banque centrale turque a perdu toute indépendance; les décisions à propos des taux d’intérêt sont prises sur la base d’arbitrages non pas économiques, mais politiques. La livre (TRY), qui s’est considérablement dépréciée face à l’euro ces cinq dernières années, est très fragile. L’inflation est passée de 25% en octobre 2018 à 10,50% un an plus tard, une tendance qui n’est sans doute pas près de s’arrêter. En juillet et en septembre, la banque centrale a baissé son taux directeur à 16,50%, pour donner de l’oxygène à l’économie – l’activité économique s’essouffle depuis le quatrième trimestre de 2018. La plupart des analystes tablent sur d’autres baisses de taux encore.

Qu’attendre de l’économie?

La faiblesse de la livre met en péril la santé des entreprises turques. Le pays reste très vulnérable aux chocs sur les marchés financiers. Ses relations avec les Etats-Unis demeurent tendues, et la crise des réfugiés perturbe ses liens avec l’Europe également. Les risques politiques et économiques sont élevés. Bien que la dette publique ne représente que 30,4% du produit intérieur brut, S&P et Moody’s ne considèrent plus les obligations turques comme des titres “investissables”.

Comment évoluera la TRY?

Bien qu’elle ait diminué ces derniers mois, l’inflation reste proche de 11%. La banque centrale aimerait la ramener à 5%, mais c’est plus vite dit que fait. Sous la pression du président Erdogan, l’institution a progressivement abaissé son taux directeur à 12% (pour l’instant?), ce qui a évidemment pesé sur la livre – laquelle se déprécie en réalité d’une manière quasi ininterrompue depuis des années. Sauf catastrophe l’an prochain, son calvaire devrait néanmoins pouvoir prendre fin.

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