Danny Reweghs

La fin n’est pas si proche

Danny Reweghs Journaliste

Selon nous, la correction attendue à Wall Street n’est pas imminente. Nombre d’éléments indiquent certes qu’une correction boursière va advenir. Mais un krach survient plus généralement lorsque personne ne s’y attend.

Récemment, un article intitulé “The End is Near” (La fin est proche) faisait la une du célèbre magazine américain Forbes. Il annonçait la fin de la tendance haussière de Wall Street, amorcée en mars 2009. Il s’agit du plus long marché haussier que la Bourse américaine ait connu. Forbes n’est pas le seul à anticiper une correction. La plupart des observateurs fondent leur raisonnement sur les éléments suivants:

• Hyperoptimisme des chefs d’entreprises: Forbes fait référence à plusieurs enquêtes menées récemment, desquelles il ressort que les chefs d’entreprises américains n’ont plus été aussi optimistes quant à l’avenir de l’économie de leur pays depuis de nombreuses années.

• Durée atypique de l’expansion: nombre d’économistes affirment qu’en réduisant l’impôt, le président Trump a quelque peu prolongé le marché haussier actuel et exercé une pression inflationniste, mais que l’inversion de la tendance est proche. L’expansion économique actuelle dure depuis 113mois. Depuis que les statistiques sont relevées, à savoir depuis 164 ans, c’est la deuxième fois qu’une expansion dure très longtemps. Mais la première avait été plus longue encore.

• Déficit budgétaire croissant: selon les estimations les plus récentes, les mesures de relance fiscale qu’a fait adopter le président Trump creuseront encore le déficit budgétaire de 1.600 milliards de dollars. Les marchés financiers en prendront la mesure lorsqu’ils auront pris acte du ralentissement de l’économie américaine.

• Globe menacé par le conflit commercial: une escalade du conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis, et une généralisation de celui-ci affecteraient la croissance économique mondiale et soutiendraient l’inflation.

• Dette colossale des entreprises: les taux historiquement bas et la durée exceptionnelle du cycle haussier ont incité les entreprises à emprunter beaucoup d’argent. Aux Etats-Unis, la dette des entreprises atteint le seuil inédit de 73,5% du PIB.

Pas imminente

En réalité, il n’y a rien de neuf sous le soleil. L’on pouvait déjà en dire autant il y a plusieurs mois. C’est certain, ces facteurs indiquent qu’une correction boursière, probablement la plus importante de la décennie, va advenir. Mais, selon nous, elle n’est pas imminente. L’article de Forbes va d’ailleurs dans ce sens. Un krach survient plus généralement lorsque personne ne s’y attend. Que les investisseurs ne s’étonnent pas, dès lors, si, en dépit de l’actualité, l’indice S&P 500 s’orientait en direction des 3.000 points, voire plus haut, avant de plonger, l’an prochain. Cela demeure le scénario que nous privilégions. Reste à savoir dans quelle mesure les marchés boursiers européens imiteront les américains – en tout état de cause, cela dépendra du président turc Erdogan et du gouvernement italien.

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