La course à la voiture électrique

© REUTERS

Idéalement, tout le monde devrait se déplacer à bord d’une petite voiture électrique. Même si, comme l’affirment certains, les producteurs d’électricité polluent abondamment.

Les constructeurs automobiles n’ont pas à se plaindre de leurs ventes ces dernières années. En Europe occidentale, ils ont écoulé 2,5% de voitures de plus sur l’ensemble de l’exercice 2017. C’est la troisième hausse en trois ans. Pour 2018, les experts pronostiquent une croissance de 1% en Europe occidentale, et une accélération qui pourrait être plus marquée dans le Sud de l’Europe.

Pourtant, personne, au sein des hautes directions, n’est tout à fait serein. Le dieselgate provoqué par Volkswagen a changé la donne. Les gouvernements d’à peu près tous les pays occidentaux tentent de freiner les ventes de voitures équipées d’un moteur à combustion, et en particulier des voitures diesel. Les véhicules les plus anciens ne sont même plus admis dans certaines grandes villes.

Idéalement, tout le monde devrait se déplacer à bord d’une petite voiture électrique. Même si, comme l’affirment certains, les producteurs d’électricité polluent, eux, abondamment – il n’y a en d’autres termes pas suffisamment d’électricité propre pour alimenter la totalité du parc automobile.

Il n’existe de surcroît aucune batterie vraiment performante apte à équiper les voitures à un prix abordable. Le groupe américain Tesla Motors, qui ne ménage pas ses efforts sur ce plan, semble en passe d’en développer une; mais le poids énorme de ce composant, l’énergie nécessaire à sa production et le recyclage restent problématiques.

Investissements massifs

Malgré tous ces obstacles, les constructeurs investissent massivement dans la voiture électrique. Les budgets dégagés sont impressionnants. Volkswagen prévoit d’investir 40 milliards de dollars, peut-être en partie pour redorer une image devenue catastrophique depuis que l’on sait qu’il a fait respirer des gaz d’échappement à des singes, et même à des êtres humains. L’affaire, qui va coûter beaucoup d’argent au groupe (lequel a d’ailleurs constitué une provision de 25 milliards d’euros dans cette perspective), a été dénoncée alors que le scandale du logiciel frauduleux retombait à peine.

Ceci étant, le plus grand constructeur automobile d’Europe est parfaitement capable de remonter la pente. Outre VW, il possède des marques comme Audi, Porsche, Lamborghini, Bentley, Bugatti, ¦koda et Seat. Il fabrique également les camions Scania et MAN. Il doit sa rentabilité aux généreuses marges réalisées sur Porsche et Audi. Pour faire oublier le dieselgate, il se veut un pionnier en matière de mobilité durable – il a l’intention d’équiper d’un moteur électrique 20 à 25% de son parc de nouvelles voitures d’ici sept ans.

BMW investit depuis plusieurs années déjà dans la voiture à motorisation électrique, comme l’i3, et la sportive i8. Son concurrent Daimler (Mercedes) le rattrape depuis peu, ce qui affaiblit dans une certaine mesure la position des modèles haut de gamme de BMW, sur lesquels la marque dégage des marges élevées. Pour lutter contre la concurrence directe d’autres constructeurs, Daimler a créé une marque distincte, baptisée EQ.

Peugeot a conclu une série de partenariats importants sur le plan stratégique avec des constructeurs comme DongFeng et GM. L’acquisition d’Opel devrait lui permettre de dégager des synergies, ce qui incite les analystes à penser que cette année l’action pourrait ” surperformer “.

Ford va investir 11 milliards de dollars, soit plus du double du montant initialement prévu. Il est vrai qu’il a un certain retard à combler. Le constructeur compte mettre sur le marché d’ici cinq ans 40 modèles, hybrides ou entièrement électriques – ce n’est pas rien. Associés à la hausse du coût de l’acier, de l’aluminium et des autres métaux, ces investissements pèsent sur le résultat; la direction a dès lors prévenu que les chiffres seraient cette année inférieurs aux attentes.

Si General Motors, le grand rival de Ford, a achevé l’exercice 2017 sur des bénéfices en nette baisse, c’est à cause de la réforme fiscale du gouvernement Trump. GM a cédé l’an dernier Opel et Vauxhall au groupe français PSA et s’est retiré d’Afrique du Sud, d’Afrique de l’Est et d’Inde. Le groupe prévoit pour 2018 des résultats dans la lignée de ceux de l’an passé; les bénéfices ne devraient repartir à la hausse qu’en 2019.

Tesla à la peine

En cinq petites années d’existence, Tesla est devenu la référence par excellence sur le marché de la voiture électrique. Si la marque n’est pas à la portée de toutes les bourses, elle a le mérite d’avoir incité la quasi intégralité de ses concurrents à intégrer la voiture électrique dans leur gamme. Certains, comme Volvo, ont même décidé de ne plus proposer aucune voiture équipée d’un moteur à combustion d’ici quelques années. La Chine compte elle aussi réduire les ventes de moteurs à combustion à partir de 2019. En 2025, la Norvège aura banni de son territoire les voitures propulsées par des combustibles classiques.

Tout précurseur qu’il est, Tesla n’est pas épargné par les ennuis. Plombés par de nombreux problèmes opérationnels, ses résultats d’exploitation demeurent à ce jour largement en deçà des attentes. Le constructeur n’est tout simplement pas capable de faire sortir suffisamment d’exemplaires du Model 3 de ses chaînes de production. Il a achevé le quatrième trimestre de 2017 sur une perte de non moins de 675,4 millions de dollars. L’action ne peut donc intéresser que les spéculateurs.

Savoir-faire japonais

Une entreprise comme Nissan, dont la LEAF est la voiture à propulsion électrique la plus vendue au monde, possède d’excellents atouts. Les Japonais ont d’ores et déjà accumulé une expérience énorme, bien supérieure à celle de nombreux concurrents. L’action n’a guère fait d’étincelles l’an dernier, mais c’était pire encore les années précédentes. Elle s’échangeait, par exemple, à 20 dollars à la fin de 2012. Elle ne coûte il faut bien le dire pas beaucoup plus cher aujourd’hui, malgré la hausse limitée de l’an dernier. Rien de bien excitant sous le soleil nippon, donc…

Toyota a revu ses prévisions à la hausse pour l’exercice 2018. Considérables, ses avantages d’échelle lui permettent de dégager des marges élevées. Les difficultés liées au rappel de 8 millions de véhicules sont manifestement oubliées. L’entreprise investit 13 milliards de dollars dans un programme lié aux voitures électriques. Elle dispose d’un appréciable savoir-faire, acquis grâce à la Prius Hybride, que l’on sait très prisée. Toyota a l’intention d’augmenter davantage encore ses investissements dans les voitures entièrement électriques et dans les voitures propulsées par une pile à combustible.

Partner Content