La confusion des banques affecte les toutes nouvelles co-co

Les derniers chiffres le prouvent, la reprise se confirme. Du moins au niveau macroéconomique. Car personne ne semble s’attarder au fait qu’en Europe le nombre de chômeurs et de faillites ne cesse d’augmenter.

Aux Etats-Unis, l’embauche est restée en dessous des prévisions. Les chiffres du mois précédent ont par ailleurs été revus à la baisse. Ce qui dénote que l’embellie est toujours moins rose que prévue. Plus préoccupant, cependant, est que l’évolution varie d’un mois à l’autre. Ainsi, 8.000 places avaient été créées dans la construction au mois du juin, en conformité avec l’expansion de ce secteur. Le mois dernier, par contre, 6.000 places ont été perdues. Une reprise en mouvement de yoyo alors.

L’optimisme ne sévit pas au niveau financier. Les marchés ont été bercés par les mesures d’assainissement lancées par deux géants européens, la Deutsche Bank et la Barclays. Ces deux banques envisagent de réduire leur bilan de 400 milliards d’euros ! Selon les directives du comité de Bâle chargé de la réglementation bancaire, toutes les institutions bancaires devront disposer d’un capital en actions représentant 3% de leurs engagements d’ici à 2015. Les banques sont toutefois libres d’évaluer leurs engagements elles-mêmes, ce qui donne des résultats très divergents.

Aux Etats-Unis, par exemple, presqu’aucune banque ne conserve ses engagements sur son bilan. La plupart les transfèrent vers des entités spécialement conçues pour cela. Elles peuvent aussi solder leurs positions contraires en produits dérivés, malgré le fait que la débâcle de Lehman Brothers en septembre 2008 ait prouvé que de telles éliminations peuvent avoir des conséquences catastrophiques. Le comité de Bâle préconise d’ailleurs la mise en place de capital en fonction du risque propre aux engagements.

Les banques européennes tentent d’éviter cette contrainte en se référant à la directive européenne en la matière qui leur est nettement plus favorable. Selon celle-ci, les banques peuvent solder jusqu’à un quart des opérations contraires en produits dérivés, face auxquels elles ne doivent pas placer de capital en actions. Malgré cet accommodement, les deux géants bancaires se sont rendu compte qu’ils devaient encore élaguer des actifs pour atteindre ce seuil de 3%.

Il n’existe pas de conditions homogènes en la matière. Selon les mesures respectées, certaines banques dépassent déjà le seuil des 3%, alors que si on calcule la chose à partir des directives du comité de Bâle, elles restent largement en dessous. Ces divergences ont des effets pervers. Les banques s’en plaignent, à juste titre. Plus elles lèvent de capitaux, plus elles devront prendre de risques pour maintenir leur rendement à son niveau actuel. A bien les comprendre, leurs produits sophistiqués seraient moins risqués que l’octroi de crédits aux investisseurs nécessiteux. Elles démontrent par leur attitude qu’elles ne comprennent rien à la notion d’argent.

La confusion affecte aussi ces toutes nouvelles obligations appelées contingent convertibles ou co-co. Ces obligations sont automatiquement converties en actions dès qu’un seuil particulier est atteint. Certaines co-co sont suicidaires, terminant sans valeur dans le cas où le seuil est franchi. La KBC en avait émise une de cette sorte au début de l’année. Il est primordial qu’on sache comment le seuil doit être calculé pour mesurer le risque de telles obligations. Ce qui n’a pas empêché le Crédit Suisse d’en émettre une pareille à 10 ans pour un montant de 2,5 milliards de dollars.

Malgré la santé des Bourses, les banques rechignent à augmenter leur capital. Elles ne souhaitent manifestement pas diluer leur capital en actions, ce qui compliquerait davantage le maintien du rendement. Elles préfèrent émettre des produits dérivés économiquement inutiles (elles ont lancé plus de 215.000 warrants depuis le début de cette année !) plutôt que d’octroyer du crédit aux secteurs dans le besoin.

La reprise généralisée des économies occidentales a poussé les taux d’intérêt vers le haut jusqu’à vendredi dernier où ils ont rebroussé chemin pour terminer quasiment inchangés. La situation était plus mouvementée sur le marché des changes. Les devises à haut rendement y ont fortement souffert. Le réal brésilien (BRL) a plongé de 2,45%. Le rand sud-africain (ZAR) s’est effondré de 2,4%. Le dollar australien (AUD) a fléchi de 3,35% depuis que la banque centrale du pays a annoncé qu’elle se tenait prête à assouplir sa politique. Une aubaine pour quiconque souhaite renforcer sa position dans cette devise.

La tendance était baissière sur le marché secondaire, excepté pour l’euro et l’AUD, où les gains dépassaient parfois les 4% alors que les pertes restaient souvent en dessous de 2%. Les transactions étaient une nouvelle fois tributaires de réaménagements de portefeuilles. Certaines valeurs ont parfois souffert le martyr, comme la Telecom Italia qui s’est effondrée suite aux amortissements massifs de la firme. Plus près de chez nous, épinglons la déconfiture des titres de Nyrstar.

Plusieurs nouvelles tranches ont déferlé sur le marché primaire. Leurs conditions étaient rarement susceptibles de décrocher une recommandation de notre part. Les alternatives du marché secondaire le démontrent. Des trois émissions en ZAR, la plus intéressante est celle de la BEI 2019 7,5% (AAA, supranationale). La KBC (A-) lance à son accoutumée deux émissions dont le montant dépendra de leur succès auprès des investisseurs. Leurs conditions sont techniquement correctes. Vous trouverez, sinon mieux, plus facilement négociable sur le marché secondaire. S&B Minerals (B3), une entreprise minière grecque, lance via sa filiale luxembourgeoise un emprunt à sept ans rapportant 7,74% de plus que la moyenne du marché. Il y a peu de chances qu’on trouve encore un seul titre aux conditions de souscription. Si vous n’êtes pas rebuté par l’importance de la coupure, vous pouvez acquérir le titre sur le marché gris au prix de 103,77% (8,66%).

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