Danny Reweghs

La Chine mure sa Bourse

Danny Reweghs Journaliste

Les actions chinoises ont fait l’objet de ventes massives, dernièrement, après des interventions qui rappellent la toute-puissance des autorités, même en Bourse. Nous sommes toutefois relativement confiants sur le long terme.

Le redressement rapide de la Chine après la crise sanitaire a profité à la Bourse chinoise, l’une des rares à avoir marché sur les pas du Nasdaq en 2020 (+34% sur un an, contre +38% pour le Nasdaq). En cette année du Buffle, en revanche, les indices boursiers chinois figurent en queue du peloton international.

Alors que la quasi-totalité des grands indices a bien progressé depuis le début de l’année, les marchés chinois s’inscrivent nettement dans le rouge. Les investisseurs belges se sont eux aussi intéressés aux actions chinoises en général et à celles des géants de la technologie (Alibaba, Tencent Holdings et Baidu) en particulier. Début 2021, nous recommandions toutefois une exposition limitée à l’empire du Milieu.

Le gouvernement chinois a embrassé le capitalisme il y a quelques décennies, mais le parti communiste demeure au-dessus de tout et les autorités interviennent si elles le jugent nécessaire dans l’intérêt de ce dernier – parfois même en dépit de toutes les règles élémentaires de bonne gouvernance en Bourse.

Pas de panique

Tout a commencé fin 2020: la veille de la cotation d’Ant Group, filiale d’Alibaba, les autorités chinoises ont brusquement changé les règles du jeu, faisant annuler l’opération à la dernière minute. La popularité croissante de l’emblématique fondateur d’Alibaba, Jack Ma, et ses critiques envers les autorités commençaient à gêner le parti; l’ordre, qui serait venu de Xi Jinping en personne, a marqué le coup d’envoi d’une salve de nouvelles réglementations, de lourdes amendes et d’enquêtes antitrust.

Cette politique, qui vise à rappeler qui est le véritable patron en Chine et à remettre à leur place les millionnaires chinois, vient de franchir un nouveau cap avec le blocage de l’application de taxi Didi après son introduction en Bourse aux Etats-Unis et le classement du secteur éducatif en “bien public”, qui a fait fondre de 50% la valeur boursière des plateformes d’éducation en ligne.

Ces événements ont entraîné des dégagements massifs sur les actions chinoises. Prosus (par le biais duquel l’on investit dans Tencent) a également surpris en plongeant sous 70 euros, plombant le sentiment; l’action affiche une décote de 35% par rapport à sa valeur intrinsèque – mais reste dans le portefeuille modèle. De nombreux établissements financiers conseillent désormais aux investisseurs d’alléger leur exposition à la Bourse chinoise.

Ne cédons pas à la panique, toutefois: étant donné la course géostratégique engagée avec les Etats-Unis pour la domination de la planète, qui passe par une hégémonie technologique, les autorités chinoises ne peuvent, selon nous, pas se permettre de paralyser leurs géants (de la tech) ou de provoquer un krach boursier. Ce n’est pas demain que la Chine regagnera la confiance des investisseurs. Pour autant, nous préférons accroître notre exposition aux actions chinoises, de manière raisonnable.

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