La Chine en ligne de mire

Le capitalisme à l’occidentale ne trouvera probablement pas le Saint Graal de la croissance stable, mais le capitalisme chinois le recherche encore avec ferveur.

En 2007 déjà, le président de l’époque, Wen Jiabao, avait déclaré que l’économie chinoise n’était pas stable ni même équilibrée et durable, et aujourd’hui, six ans plus tard, le Parti Communiste tente de redresser l’économie. La croissance chinoise doit réduire sa dépendance aux investissements dans l’infrastructure et les nouvelles usines, et être davantage portée par la consommation interne. L’exercice est loin d’être simple mais il ne peut plus désormais être reporté. Aussi et surtout parce que l’ancien modèle de croissance repose sur un nombre de plus en plus grand de dettes (nocives). Les leaders chinois, conscients de la menace représentée par une éventuelle bulle de la dette, tentent dès lors de freiner la croissance du crédit. La Banque centrale chinoise a déjà appuyé une première fois sur la pédale de frein mais a dû rapidement revoir sa copie car les marchés financiers, en Chine mais aussi dans le reste du monde, digéraient difficilement ce changement brusque de stratégie. La Chine est confrontée au même dilemme que l’Occident : les mesures qui s’imposent pour la stabilité de long terme sont trop douloureuses sur le court terme.

Cette abondance de crédits chinois trouve sa source en 2008, lorsque le pays, en réaction à la crise financière occidentale, a levé tous les freins au crédit de manière à maintenir sa croissance à niveau. Une stratégie qui s’est d’ailleurs révélée très efficace. Mais ces dernières années surtout, la création de crédits s’est principalement organisée en dehors du système bancaire régulé, dans ce qu’on appelle le système bancaire de l’ombre. Au travers de fonds d’investissement spéciaux fondés par des autorités locales ou de fonds de gestion de fortune, d’importants capitaux ont été investis dans des actifs spéculatifs mais pas toujours productifs, et surtout immobiliers.

Des valorisations attrayantes

Nettoyer le terrain, investir le capital de manière plus productive et contrôler la croissance du crédit : telles sont les ambitions de la Chine. Tout l’art consistera à réaliser ces objectifs sans sacrifier la croissance car les récents indicateurs font état d’une croissance de 7% ou moins, ce qui peut être considéré, aux normes chinoises, comme un état de récession. Les marchés des matières premières l’ont déjà appris à leurs dépens. L’action de la Banque centrale chinoise a également frappé de plein fouet les Bourses chinoises, ce qui s’explique également par le fait que plusieurs banques en manque de liquidités ont été contraintes de vendre des positions en actions. Les investisseurs feraient d’ailleurs bien de tendre l’oreille dès lors que des ” ventes forcées ” sont évoquées car celles-ci sont régulièrement synonymes d’opportunités d’achat.

Les valorisations de la Bourse chinoise et plus spécifiquement des actions chinoises cotées à Hong Kong sont désormais trop attrayantes pour qu’on en fasse abstraction. Les C/B sont inférieurs à dix et les actions qui s’échangent tout juste au-delà de leur valeur comptable ne sont pas rares. Les actions chinoises pourront bientôt apparaître sur les listes des actifs à suivre.

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