Investir dans le secteur de l’engrais (I)

Nous sommes convaincus que le secteur de l’engrais et les services apparentés présentent d’excellentes opportunités pour un investissement au cours des années à venir.

Le secteur des engrais est généralement désigné par l’acronyme NPK : N représente les engrais azotés, P les engrais phosphorés et K le carbonate de potassium ou potasse. L’été dernier, ce dernier segment a été mis sens dessus dessous par une révolution du côté de l’offre. Jusqu’alors, le marché mondial de la potasse était contrôlé par deux cartels. Le premier est Canpotex, abréviation de Canadian Potash Exporters, et se compose des entreprises canadiennes Agrium, Mosaic et Potash Corp. BPC ou Belarussian Potash Company, composé du groupe russe Uralkali et du groupe biélorusse Belaruskali, constituait le deuxième cartel. Directement et indirectement (par des participations dans d’autres producteurs d’engrais), Canpotex et BPC contrôlaient ensemble environ deux tiers des exportations mondiales de potasse, avec une part de 43% pour BPC et d’environ un tiers pour Canpotex. Parmi les autres fournisseurs importants de potasse, citons le groupe allemand K+S (Kali und Salz) et Israel Chemicals.

Eclatement du cartel

Le cartel BPC a éclaté l’été dernier après un désaccord politique entre la Russie et la Biélorussie. Son pouvoir de tarification a donc disparu et seul, Canpotex était incapable de continuer à dicter les prix, surtout lorsqu’Uralkali a décidé d’accroître substantiellement sa production. Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Les clients ont différé leurs achats en prévision d’une baisse des prix. Celle-ci est d’ailleurs intervenue, puisque la tonne de potasse a baissé d’encore 400 USD au 1er semestre à moins de 300 USD au 4e trimestre.

Presque trois trimestres plus tard, la situation s’est plus ou moins normalisée. Les prix ne sont plus en chute libre et les grands acheteurs, au premier rang desquels la Chine, ont recommencé à conclure des contrats à long terme. Au début de cette année, la Chine a ainsi acheté 1,4 million de tonnes à environ 305 USD la tonne, un lot équitablement réparti entre Canpotex et l’ancien BPC. Lorsque l’Inde l’a imitée un peu plus tard en acquérant 1 million de tonnes, elle a déjà dû payer 322 USD la tonne. A la fin du mois dernier, Canpotex a annoncé qu’il avait vendu pour 60 millions USD de potasse au Bangladesh, sans spécifier les volumes. Les réserves existantes doivent encore être réduites, mais il est manifeste que les volumes négociés et les prix sont à nouveau orientés à la hausse depuis plusieurs mois. L’année 2014 sera quoi qu’il en soit difficile pour les producteurs de potasse, mais le pire semble peu à peu passé. Un “joker” possible pour le secteur est la reconstitution du cartel BPC. Les nouveaux actionnaires de contrôle d’Uralkali et le gouvernement biélorusse ne seraient en tout cas pas contraires à l’idée. De nouveaux accords en matière de production renforceraient en tout cas la position des fournisseurs. Outre la potasse, les prix des engrais phosphorés et azotés avaient également baissé l’automne dernier. Eux aussi ont retrouvé le chemin de la hausse ces derniers mois.

Conditions plus favorables

Nous sommes convaincus que le secteur de l’engrais et les services apparentés présentent d’excellentes opportunités pour un investissement au cours des années à venir. Plusieurs tendances structurelles favorisent en effet cette industrie. Ainsi, l’augmentation de la population mondiale accroît la nécessité d’une exploitation plus efficace des terres agricoles disponibles. En outre, l’augmentation du niveau de vie moyen et de la consommation de viande intensifie la pression sur le potentiel de l’agriculture. Selon les Nations unies, la production alimentaire doit augmenter de 70% d’ici à 2050 pour venir à bout de la malnutrition actuelle et future dans le monde. Au niveau mondial, seuls 12% de la superficie terrestre sont adaptés à une agriculture intensive.

Plusieurs arguments suggèrent qu’une correction est imminente sur les Bourses américaines. Cependant, les conditions sont un peu plus favorables qu’il y a douze mois pour le secteur des engrais après la correction de l’an dernier. La semaine prochaine, nous nous pencherons davantage sur quelques entreprises individuelles (Potash, Mosaic) à la suite de la publication de leurs résultats trimestriels.

Plusieurs possibilités

Cette semaine, nous discutons d’un investissement diversifié dans le secteur avec le certificat Agribusiness émis par RBS Markets et coté sur Euronext depuis août 2007 (code ISIN : NL0000696565). Libellé en EUR, il reflète l’évolution du DAXglobal Agribusiness Total Return Index. Cet indice a également une cotation distincte sur la Bourse allemande (code ISIN : DE000A0QY1U3). Après avoir atteint un pic à près de 700 points début 2008, l’indice était retombé à un tiers de ce niveau à la fin de la même année. Depuis, le DAXglobal Agribusiness a de nouveau doublé, mais il n’a pas suivi la large hausse boursière amorcée en 2011. Il fluctue depuis trois ans déjà dans une plage assez étroite de 100 points entre 480 et 580 points. Actuellement, l’indice Agribusiness se situe dans le haut de cette fourchette. Ce même indice est d’ailleurs également suivi par l’ETF Agribusiness de Van Eck Global, coté sur le NYSE Arca (ticker : MOO). Ce tracker est plus liquide que le certificat de RBS, mais est coté en USD.

L’indice Agribusiness est actuellement composé de 102 entreprises, mais les 10 premières participations représentent ensemble près de 58% de la valeur combinée des actifs. Un top10 dans lequel sont représentés les 3 producteurs canadiens de potasse : Potash Corp. prend à son compte 6,8% de l’indice, suivi par Mosaic (4,3%) et Agrium (4,05%). Les trois plus grandes participations sont Monsanto, Syngenta (tous deux 8%) et Deere (7%).

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