IBM, le vilain petit canard

Digne d’achat

Avec une baisse de 18% l’an dernier alors que le marché clôturait l’année dans le vert, l’action du groupe technologique américain IBM est restée nettement en retrait de la reprise boursière. Elle est même la lanterne rouge de l’indice Dow Jones pour la deuxième année d’affilée, ce qui n’était plus arrivé depuis Bethlehem Steel en 1993 et 1994. Il y a naturellement des arguments à cette contre-performance. Pour autant, il serait prématuré de condamner Big Blue : le groupe sait enfin où il veut aller sur le plan stratégique, et cela n’a pas toujours été le cas. Au cours du 4e trimestre 2014 (3 mois jusqu’à fin décembre, le plus récent pour lequel on dispose de résultats), le chiffre d’affaires (CA) a de nouveau reculé de 12% sur base annuelle, à 24,11 milliards USD; un montant nettement inférieur aux prévisions moyennes des analystes, qui tablaient sur 24,77 milliards USD. C’était déjà la 11ebaisse consécutive du CA. En 2011, IBM avait encore enregistré un CA de 107 milliards USD. L’an dernier, il était retombé à 92,8 milliards USD, 6% de moins que l’année précédente. A l’instar d’autres grandes entreprises informatiques classiques comme Oracle, SAP, Cisco et Hewlett-Packard, IBM éprouve des difficultés à se positionner dans l’environnement cloud, où les logiciels sont proposés sur Internet et qui nécessite moins de matériel, de mises à jour et de support propres. IBM cherche à augmenter ses marges en cédant ses activités les moins rentables. La division serveurs System X a par exemple été cédée pour 2,1 milliards USD au groupe chinois Lenovo l’an dernier. La vente de la division Microélectronique s’inscrit également dans cette stratégie. IBM a défini plusieurs activités stratégiques qui doivent lui permettre de renouer avec la croissance des bénéfices à terme – le CA n’est plus prioritaire. Outre le cloud computing, les priorités sélectionnées par la direction sont les services mobiles, les médias sociaux, la sécurité Internet et l’analyse avancée de données. IBM a déjà annoncé que ces divisions stratégiques avaient enregistré une croissance de 16% l’an dernier. Les revenus du cloud ont grossi de 60%, alors que la progression s’établissait respectivement à 19% et 7% dans la sécurité et l’analyse. Le problème est que ces activités ne prennent à leur compte qu’un peu plus d’un quart du CA du groupe. La marge brute a gagné 50 points de base (0,5%) sur base annuelle à 50% durant l’exercice passé, et l’amélioration s’est poursuivie au 4e trimestre. L’appréciation du dollar est naturellement défavorable. Le lancement d’une nouvelle ligne de produits mainframe doit apporter une amélioration. Ce type d’ordinateur est particulièrement approprié pour l’analyse et le stockage de grandes quantités de données. IBM prévoit également neuf centres de données supplémentaires pour le stockage de données locales. L’évolution des bénéfices est un autre point délicat chez IBM. Jusqu’à présent, la baisse du CA et la stagnation des marges étaient compensées par des rachats d’actions propres, au point même qu’une grande partie des cash-flows libres y était sacrifiée. Mais une telle stratégie est tout sauf durable et IBM a pris l’an dernier la décision courageuse d’abandonner son objectif d’un bénéfice par action de 20 USD en 2015. Cela a causé un choc chez les investisseurs. IBM prévoit un bénéfice compris entre 15,75 et 16,5 USD par action pour l’exercice en cours, nettement en deçà des prévisions moyennes des analystes. Au 4e trimestre, le bénéfice net et le bénéfice opérationnel ont reculé de respectivement 6% et 13%. Sur l’ensemble de l’exercice, ce bénéfice opérationnel a chuté de 9%, à 16,53 USD par action. Autrement dit : même selon le scénario le plus optimiste, il ne faut pas attendre de croissance du bénéfice net cette année.

Conclusion

A moins de 10 fois le bénéfice attendu, l’action IBM n’est pas chère. La nouvelle stratégie est (plus) claire, mais IBM appelle à présent à la patience. Après de nouveaux résultats décevants, l’action met ses planchers à l’épreuve. IBM est en haut de notre “watchlist”.

Conseil: digne d’achat

Risque: moyen

Rating: 1B

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