Hausse excessive du Nasdaq

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Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

La performance du Nasdaq fait froncer les sourcils. Et il y a de quoi. Ces dernières semaines, la Bourse technologique américaine a enchaîné les records historiques, au mépris de la pandémie de Covid-19.

Le constat selon lequel les actions de croissance surpassent généralement les actions de valeur n’est bien sûr pas neuf. C’est une tendance qui se confirme depuis plus d’une décennie. Mais depuis le mois d’avril dernier, l’écart de performance est considérable.

La différence entre la performance de l’indice Dow Jones (qui regroupe principalement des actions de valeur classiques et relativement peu de valeurs de croissance) et celle de l’indice Nasdaq100 (lequel compte une pléthore d’entreprises en expansion) a dépassé 30%. Entre l’indice Standard&Poor’s 500 (qui recèle des actions de valeur et de croissance, et où les géants technologiques sont également bien représentés) et l’indice Nasdaq 100, l’écart de performance s’élève à environ 25%.

Oui, les géants technologiques ont renforcé leur position sur le marché, mais la surperformance actuelle des valeurs de croissance par rapport aux actions de valeur tient aussi au soutien qu’offrent les banques centrales à l’économie mondiale.

Surchauffe

D’aucuns tirent la sonnette d’alarme, établissant divers parallèles entre la situation actuelle et celle des années 1990 à 2000. Entre autres, ce parallèle symbolique: le Nasdaq est à un peu plus de 10.000 points; en 2000, il était juste au-dessus des 5.000 points quand a éclaté la “bulle internet”, cette bulle spéculative qui a affecté les valeurs technologiques.

Nous ne nous dirigeons à notre estime pas vers un krach internet 2.0.

Des points sont, il est vrai, analogues, comme la surperformance des actions de croissance par rapport à celles de valeur, évoquée plus haut. Elle n’avait plus été aussi élevée depuis l’an 2000, précisément. En outre, l’indice Nasdaq 100 affiche un écart-type presque trois fois supérieur à la moyenne sur 200 jours. Ce phénomène non plus, ne s’était pas produit depuis l’an 2000.

Epinglons un autre élément inquiétant: la hausse n’est portée que par un nombre limité d’actions. Les huit grandes actions de l’indice Nasdaq 100 ont ensemble une valeur boursière de plus de 8.000 milliards de dollars. Qui plus est, leur cours a déjà augmenté de près de 50% en moyenne, cette année. Leur part dans la capitalisation totale de l’indice S&P 500 s’est ainsi accrue de pas moins de 29%.

Pour autant, nous ne nous dirigeons à notre estime pas vers un krach internet 2.0. Il y a vingt ans, les entreprises technologiques formulaient certes des perspectives de croissance, mais déploraient un faible chiffre d’affaires, des bénéfices nuls, une maigre part de marché, des réserves financières quasi inexistantes… tout le contraire de ce qu’elles publient aujourd’hui! Cela dit, effectivement, le Nasdaq se dépréciera, et nettement. Les valorisations sont par trop tendues. Nous dirions même plus: à notre sens, l’indice ne pourra s’orienter qu’à la baisse, dans les mois à venir.

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