Galapagos demeure l’action la plus rentable

Galapagos consolide sa première place au classement des actions belges les plus rentables. Lotus Bakeries n’est sans doute pas près de quitter le Top 10 mais pour Picanol, qui ne conserve sa troisième place que grâce à sa performance sur 20 ans, l’avenir est beaucoup moins certain.

Pour la quatrième année d’affilée (une tradition, désormais), nous recensons les actions belges les plus rentables des deux dernières décennies. Nous dressons la liste des rendements les plus élevés sur 20 ans, mais aussi sur 5, 10 et 15 ans, et mettons à l’honneur les entreprises les plus généreuses envers leurs actionnaires (hausse du cours + dividendes distribués) sur chacune de ces périodes. Nous utilisons à cet effet un système de points de pénalité. Par exemple, l’entreprise qui affiche le rendement le plus élevé sur cinq ans se voit attribuer un point, la deuxième, deux, etc. Nous répétons l’exercice sur 10, 15 et 20 ans. Il s’agit donc d’obtenir le moins de points possible; en cas d’ex aequo, le classement est déterminé par le rendement le plus élevé sur 20 ans.

Les deux premières éditions avaient été dominées par Lotus Bakeries, que Galapagos avait toutefois dépassée en 2018. Une fantastique année 2019 a permis au porte-étendard du secteur biotechnologique belge de consolider sa position. Lotus Bakeries reste certes l’action la plus performante sur 15 et 20 ans, mais elle peine à se maintenir dans le Top 10 des cinq dernières années. Si le podium est identique à celui de 2018, Picanol ne conserve sa troisième place que grâce à sa performance sur 20 ans. VGP, qui se place directement en quatrième position (ex aequo avec Picanol aux points de pénalité), incarne l’irrésistible essor du secteur immobilier – WDP (septième place) est du reste lui aussi un nouvel entrant issu de ce secteur. Spadel et Sofina sont également de nouveaux venus dans le classement, d’où sortent Texaf, Groupe Jensen, CFE et Sioen Industries. Cette fois encore, les lauréats se caractérisent par la présence en leur sein d’un excellent actionnaire de référence (généralement, familial). Voici un bref commentaire à leur propos.

1. Galapagos

La biotech belgo-néerlandaise, dont le cours a dominé l’indice Bel 20 en 2019, a largement consolidé la position de tête décrochée en 2018. Il est vrai qu’elle a conclu cet été un partenariat inédit pour 10 ans avec Gilead Sciences: sans qu’il soit question d’acquisition, les Américains ont porté la trésorerie de Galapagos à 5,5 milliards de dollars, ce qui permettra à l’entreprise malinoise d’investir pleinement dans la validation de son impressionnant pipeline, même si elle devra, plus qu’avant, partager le succès de ses futurs médicaments avec Gilead. L’année a été marquée par les bonnes nouvelles à propos du filgotinib, poule aux oeufs d’or potentielle pour Galapagos. Les trois études de phase III sur le rhumatisme sont extrêmement satisfaisantes, la molécule se distinguant tout particulièrement par son innocuité. Une approbation pourrait donc être obtenue au deuxième semestre de 2020. Le filgotinib fait l’objet de nombreuses autres études, pour d’autres indications, encore. Les résultats de phase III sur la colite ulcéreuse, autre indication présentant un potentiel commercial intéressant, sont attendus cette année. Les résultats relatifs à l’emploi de la molécule GLPG1690 contre la fibrose pulmonaire idiopathique, une maladie mortelle, devraient tomber également: il s’agit là d’un autre blockbuster possible. L’on saura par ailleurs si la famille Toledo, nouvelle catégorie de candidats médicaments contre les maladies auto-immunes qui ont affiché des niveaux d’efficacité inédits lors des études précliniques, recèle un potentiel réel. Il est donc probable que Galapagos domine le classement ces prochaines années encore.

2. Lotus Bakeries

Lotus Bakeries a cédé sa place à Galapagos: si elle reste en tête à 15 et à 20 ans, l’entreprise familiale tombe au neuvième rang du classement à cinq ans. Elle est à l’origine de la percée internationale du spéculoos, un phénomène récent et relativement unique dans le secteur alimentaire. Les Etats-Unis étant depuis quelques années le plus grand marché individuel pour le spéculoos Lotus (Lotus Biscoff), il est logique que le biscuitier ait installé en 2019 à Mebane, en Caroline du Nord, sa première usine de spéculoos en dehors de la Belgique. Le deuxième pilier de la croissance de Lotus Bakeries est constitué des en-cas sains (Bear, Nakd et Trek), grâce aux trois acquisitions effectuées en Grande-Bretagne (Natural Balance Foods, Urban Fresh Foods et Kiddylicious) ces dernières années. Enfin, les spécialités locales forment le troisième pilier, dont la croissance ralentit néanmoins (l’Ontbijtkoek, aux Pays-Bas, n’a plus autant de succès qu’auparavant). Lors de la présentation des résultats semestriels, la direction a surpris en annonçant la création du fonds incubateur baptisé FF (fast forward) 2032, en référence à l’année au cours de laquelle l’entreprise fêtera ses 100 ans. Le capital, de 30 millions d’euros, sera investi dans des marques prometteuses et des entreprises de croissance proposant des produits, des technologies ou une approche commerciale innovantes. A terme, FF pourrait devenir un quatrième pilier à part entière de la société. Le potentiel de croissance est donc suffisant et Lotus Bakeries n’est sans doute pas près de quitter le Top 10.

3. Picanol

Picanol a bien failli disparaître du podium. La guerre commerciale sino-américaine incite les entreprises du monde entier à reporter leurs décisions d’investissement, ce dont souffre, comme d’autres, la société yproise, dont la position de leader mondial absolu dans les métiers à tisser repose sur sa maîtrise technologique. En 2009, Picanol avait été sauvée de la faillite par Luc Tack, le Manager de l’année 2014. Entre l’été 2009 et 2017, son cours était passé de 1,4 à plus de 100 euros, mais il a perdu plus du tiers de sa valeur depuis. D’après les prévisions semestrielles de la direction, 2019 s’inscrira en mode mineur, car les commandes se tassent. Picanol est heureusement depuis plusieurs années l’actionnaire de référence du Groupe Tessenderlo, dont les résultats compenseront en partie ses moindres performances. Tessenderlo étant désormais entièrement consolidé, son poids dans le chiffre d’affaires et les résultats de l’industriel s’est considérablement accru. Mais la place de Picanol sur le podium n’est plus du tout garantie.

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