Faiblesse de la zone euro

L’Europe se porte mal. De plus en plus de pays sombrent dans la récession : Chypre, l’Espagne, l’Estonie, la Finlande, la Grèce, l’Italie et le Portugal. La France stagne et les autres pays enregistrent une croissance dérisoire, avec à leur tête l’Allemagne (0,8%).

L’ensemble de la zone euro croît de 0,2% sur deux trimestres consécutifs. Plus inquiétant toutefois est que la croissance allemande ne provient plus de ses exportations qui s’effritent suite aux remous géopolitiques. Elle survient uniquement de la consommation intérieure. Mais sans croissance en France et en Italie, les deux membres principaux de la zone derrière l’Allemagne, il est peut probable que la zone euro puisse éviter la récession.

Danger de déflation

L’inflation préoccupe aussi. Pas qu’elle explose, loin de là. Elle diminue inexorablement et ne fait plus que 0,7% pour toute la zone. La déflation frappe déjà quatre membres : Chypre, la Grèce, le Portugal et la Slovaquie. La Banque centrale européenne (BCE) prévoit cependant un taux d’inflation de 1,6% d’ici à 2016. Comment elle arrive à ce chiffre, personne ne peut l’expliquer.

La Banque centrale allemande s’inquiète du danger de déflation et s’est dit prête à épauler la BCE dans tous les domaines. La BCE, de son côté, souhaite que les gouvernements européens assument leur part du fardeau. On ne sait si sa demande concerne un soutien à la conjoncture ou aux banques. La BCE vient en effet de mettre la Commission sous pression pour qu’elle ne sabote pas, par des propos irréfléchis, les tests de résistance qui seront bientôt appliqués. Car sans union bancaire, il est clair que les tests ne pourront pas être trop sévères. Qui renflouerait sinon les banques défaillantes ?

Emprunts russes

La crise ukrainienne et l’attitude autiste des gouvernements occidentaux à l’égard de la Russie préoccupent les banques. Toutes les émissions russes en préparation sont actuellement gelées. Les banques occidentales souhaitent que les émetteurs russes (Sibur, Uralkali, Tenex, e.a.) acceptent une clause particulière leur assurant le remboursement immédiat de l’emprunt dans le cas de sanctions contre l’émetteur. Les sociétés russes ont bien sûr rejeté cette clause. Ce qui fait que les banques occidentales ont un manque de plus de 45 milliards de dollars (USD) à digérer. Gazprom, de son côté, organise ses road shows en Extrême-Orient, évitant ainsi les banques occidentales.

Recul de l’euro

Les sombres perspectives économiques ont pesé sur l’euro (EUR). La monnaie commune a perdu du terrain face à toutes les devises principales. Il a abandonné 0,6% par rapport à l’USD, 0,9% face au yen (JPY) et 0,3% face à la livre (GBP). Le rouble russe (RUB) s’est raffermi de 1,8%, en tête de toutes les autres devises. Le yuan chinois (CNY) a repris sa dépréciation vis-à-vis de l’USD.

D’importants mouvements de capitaux ont affecté le marché obligataire international. Sans reprise économique effective, il est peu probable que les autorités monétaires pourront raidir leur politique de sitôt. Les investisseurs misent par conséquent sur une poursuite de la baisse des taux d’intérêt. Ils ont acheté des emprunts souverains en masse. Les taux à long terme ont chuté de plus de 10 points de base. Les cours obligataires ont progressé de plus de 3% pour les souveraines européennes de renom, tandis que ceux des périphériques chutaient d’autant. La tendance générale restait toutefois orientée à la hausse. On comptait de deux à quatre fois plus de titres en hausse qu’inversement.

Tranches supplémentaires

Le redressement du marché des capitaux a inspiré nombre d’émetteurs. Ceux de renom ont opté pour l’émission de tranches supplémentaires. La BEI (AAA, supranationale) a coiffé tout le monde. Elle a émis plus de 14 nouvelles tranches la semaine passée, dans toutes les devises. Et grâce au fléchissement des taux d’intérêt, leurs conditions étaient conformes à celles du marché. Elles ont rapidement trouvé preneurs. Seule la nouvelle tranche en couronne norvégienne (NOK) à 9 ans est trop chère. Préférez l’existante qui s’échange à 102,38% (2,95%) sur le marché secondaire (alt.6). N’oubliez pas qu’il y a des jours d’intérêts encourus à régler à la souscription de toutes ces nouvelles tranches.

Quelques nouveaux venus ont fait leur apparition sur le marché primaire. On trouve le producteur d’aciers spéciaux suédois Ovako (Ba3) qui émet 300 millions d’EUR avec lesquels il tentera, en collaboration avec des investisseurs français, d’acquérir Ascométal tombée en faillite. Le titre s’adresse aux plus fortunés d’entre nous. Il offre un rendement de 6,6%, soit 5,78% de plus que la moyenne du marché. On ne s’étonnera pas s’il cote déjà au-dessus du pair sur le marché gris, à 101% (6,36%). Notez que l’obligation est remboursable anticipativement dès 2016 à 103,25%.

Le fournisseur de carburant anglais Motor Oil (sans notation) est un autre nouveau venu. Son émission à 5 ans offre 4,38% de plus que la moyenne du marché et est aussi remboursable prématurément dès 2017 à 102,563%. Le titre rencontre également un vif succès et cote à 101,1% (4,93%) sur le marché gris. Vilmorin (sans notation), le semencier français, est un nom rare sur le marché. Il profite de sa réputation pour n’offrir que 1,22% de plus que la moyenne du marché à 7 ans. L’accueil est toutefois chaleureux et l’émission s’échange déjà au-dessus de son prix de souscription mais néanmoins sous le pair, à 99,86% (2,4%). L’émission à 10 ans du producteur de gaz allemand Linde (A3) est plutôt chiche quoiqu’acceptable.

De plus en plus d’émetteurs placent leurs titres et nouvelles tranches en dehors du continent européen, de préférence en Extrême-Orient, là où le capital véritable circule. C’est le cas de l’Asian Development Bank (AAA, supranationale) et la Landwirtschaftliche Rentenbank (AAA, avec garantie de l’Allemagne) en dollar australien (AUD) qui coteront à la Bourse de Sydney. Seule la Rabobank (AA-) cotera à Luxembourg. L’autre Rabobank, en EUR, est un emprunt subordonné.

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