Etat des lieux (II)

Comme la semaine dernière, nous revenons sur quelques scénarios basés sur des produits dérivés que nous avons abordés au troisième trimestre.

IB28: gaz naturel

Dans le dernier numéro avant l’interruption estivale, cette rubrique s’était intéressée au gaz naturel. A la suite d’un hiver 2013/2014 extrêmement froid en Amérique du Nord, les prix du gaz naturel avaient atteint leur plus haut niveau en plus de cinq ans en février. A la mi-juillet, le cours du gaz naturel avait retrouvé son niveau de début 2014 : le future août, à ce moment le contrat à terme de référence, valait 4,2 USD. Ce niveau n’a cependant pas fait office de plancher intermédiaire, qui ne sera atteint que plusieurs semaines plus tard. Ces derniers mois, le gaz naturel a évolué dans une fourchette de prix assez étroite entre 3,8 et 4,2 USD par million de British Thermal Units (Btu). Il a à nouveau atteint le côté supérieur de cette fourchette au début du mois, mais après une augmentation des stocks plus élevée que prévu aux Etats-Unis, le gaz naturel a retrouvé la limite inférieure de la fourchette la semaine dernière. La “saison d’injection”, c’est-à-dire la période durant laquelle la production est supérieure à la consommation (ce qui entraîne donc une augmentation des stocks) est presque terminée. En fonction des conditions météorologiques, la “saison d’émission” (réduction des stocks) commencera entre fin octobre et mi-novembre. Avec 3100 milliards de pieds cubes (cf), les réserves de gaz naturel se trouvent toujours 10,7% sous leur niveau de l’an dernier et 11,4% sous leur moyenne à cinq ans. A titre de comparaison : début avril, le retard dépassait encore 50%. Selon les prévisions moyennes des analystes, les réserves s’établiront à environ 3500 milliards cf au terme de la saison d’injection.

Arguments intacts

Après la correction de la semaine dernière, les produits à effet de levier ayant le gaz naturel comme valeur sous-jacente s’échangent à nouveau sous leur niveau de la mi-juillet. Nous pouvons en conclure que notre scénario acheteur était peut-être un peu précoce, mais les arguments en faveur d’une hausse des prix sont toujours intacts.

Avec l’hiver en vue, nous restons optimistes pour le gaz naturel au niveau de prix actuel. A la suite de sa récente baisse, il est à nouveau plus intéressant que le charbon pour les centrales électriques. Du côté de l’offre, le gaz naturel est en course pour une nouvelle année record aux Etats-Unis. L’Energy Information Administration (EIA) américaine, qui relève du ministère de l’énergie, prévoit que 2014 sera la 9e année successive de hausse de la production. Néanmoins, les stocks au début de la nouvelle saison d’émission n’atteindront pas leur niveau d’il y a un an (environ 3800 milliards cf). En outre, la demande de gaz naturel américain en dehors des Etats-Unis est en hausse. Ainsi, les exportations de gaz naturel liquide ou LNG vers l’Asie se mettent peu à peu en branle. Plusieurs permis de construire pour des terminaux maritimes ont déjà été délivrés ces derniers mois.

IB31: palladium

Après les congés d’été, c’est le palladium qui a inauguré notre rubrique consacrée aux produits dérivés. L’once de palladium s’échangeait à ce moment à 882 USD et nous estimions que le déficit attendu était déjà en partie intégré dans ce prix. CPM Group prévoit en effet une augmentation de la demande globale de palladium pour la 4e année d’affilée en 2014. L’organisme voit le déficit de production s’établir à environ 369.000 onces troy cette année. Le palladium a finalement atteint son pic en août, à 911 USD, pour ensuite perdre beaucoup de terrain en septembre et durant la première semaine d’octobre, comme d’autres métaux précieux.

Jusqu’au début de cette année, le cours du palladium a longtemps fluctué entre 700 et 750 USD l’once. La crainte d’une interdiction des importations de palladium en provenance de Russie et les grèves dans le secteur minier sud-africain ont donné lieu à 7 mois consécutifs de hausse des cours. Jusqu’en août, lorsque le métal a dépassé le cap des 900 USD. Entretemps, le palladium est retombé à son niveau du début de l’année.

Amélioration en Afrique du Sud

La situation sociale en Afrique du Sud semble s’être stabilisée et l’impact du conflit entre la Russie et l’Ukraine est minime. La Russie prend à son compte environ 40% de la production totale de palladium et en dépit des sanctions commerciales, les volumes restent pour l’instant à niveau. La Russie a besoin de capitaux et le reste du monde ne peut se passer du métal en l’absence d’alternatives équivalentes. Le groupe russe Norilsk Nickel prévoit une production de 2,54 millions d’onces pour 2014. C’est moins de 2% sous le niveau de l’an dernier.

Le Sprinter short émis par ING que nous avons présenté à l’époque a gagné 30% en 10 semaines. Le turbo short plus agressif a encore fait mieux avec une ascension de 56%. Dans l’optique d’un redressement technique après la forte correction du mois dernier, nous prendrions au moins une partie des profits réalisés. Bien que le palladium reste plus performant que le platine, son métal frère, et que le risque de baisse demeure sensible à court terme, un recul marqué des cours semble peu vraisemblable à partir du niveau actuel. Le palladium est toujours moins cher que le platine et voit sa part de marché augmenter dans les pots catalytiques. Du côté de l’offre, il est de plus en plus difficile de trouver des emplacements “high grade” (avec des couches de minerais riches) aux endroits où l’on extrait du palladium depuis des décennies. La recherche de nouvelles réserves va donc accroître les coûts de production.

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