Danny Reweghs

En route pour une décennie passionnante

Danny Reweghs Journaliste

Après deux décennies contrastées, marquées par deux krachs pour la première et par une dichotomie entre l’évolution de l’économie et celle des places boursières pour la deuxième, la troisième s’annonce variée.

L’année 2019 fut le point d’orgue d’une excellente décennie pour les Bourses internationales. Les années 2010-2019 sont en quelque sorte un condensé de l’histoire du lièvre et de la tortue. Si l’on considère uniquement l’économie mondiale, il est difficile de parler d’une décennie grandiose. La crise bancaire a eu un impact négatif sur la conjoncture planétaire, qui n’a jamais pu renouer avec le rythme de croissance de la période d’avant-crise.

Pourtant, les marchés boursiers se sont bien comportés, grâce à la politique accommodante adoptée de manière durable par les banques centrales. Malgré un contexte économique mitigé, l’indice américain Standard&Poor’s 500, le plus en verve à l’échelle planétaire, a enregistré un return total (évolution de l’indice + dividendes) de 256%, soit une moyenne annuelle de 13,5%. Le return de l’indice Euro Stoxx 50 est beaucoup plus modeste, à 86% (moyenne annuelle de 6,5%). Le Bel 20 a fait un peu mieux avec un return de 130%, mais il demeure très en retrait par rapport à Wall Street. Ceux qui ont investi dans les mines d’or tout au long de la décennie se mordent en revanche les doigts: l’indice des mines d’or, le HUI, a perdu 37% sur la période.

Un début de siècle contrasté

Si l’on prend en compte la période 2000-2020, le tableau est toutefois beaucoup plus nuancé. Le HUI affiche alors un return de 289% et surperforme l’indice S&P 500 (227%). La première décennie du 21e siècle a en effet connu une évolution complètement différente de la deuxième, avec notamment l’éclatement de la bulle technologique et la crise bancaire; avec ces deux krachs, le return de Wall Street s’est élevé à -9%, tandis que sur la même période, les métaux précieux brillaient et le HUI affichait un return incroyable de 523%.

Un atterrissage à prévoir

Après cette rétrospective, il reste maintenant à savoir si nous connaîtrons, comme au siècle précédent, une réédition des Années folles, qui avait été marquée par une envolée des marchés boursiers. Ce scénario serait jubilatoire, après l’ascension déjà soutenue de la dernière décennie. Le cycle économique et la hausse de Wall Street sont déjà très longs en comparaison historique. Rappelons qu’après plusieurs mois difficiles, nous tablons sur une prolongation de la tendance haussière actuelle des marchés boursiers. Tant que le scénario d’une croissance économique modérée et de taux d’intérêt (ultra)bas se poursuivra, les marchés des actions en tireront avantage. Une progression de l’indice S&P 500 vers 4.000 points n’est donc pas à exclure ces prochaines années. Mais nous craignons aussi que s’amorce une phase (fortement) baissière avant même d’avoir atteint le milieu de la décennie. L’association d’une gigantesque montagne de dettes et d’un contexte économique peu florissant devrait entraîner un recul considérable des valorisations, mais aussi faire briller les métaux précieux plus que jamais. La décennie s’annonce très variée… et donc passionnante!

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