Delhaize, Rosier, Nokia

L’annonce simultanée, la semaine dernière, de la nomination d’un nouveau CEO pour le groupe Delhaize et du départ du CEO de Delhaize America a entraîné une baisse du cours de 8%. Faut-il envisager des prises de bénéfices ?

Depuis que Pierre-Olivier Beckers, le directeur (CEO) de Delhaize (46,1 EUR; NYSE Euronext Bruxelles), avait annoncé son départ, on attendait avec impatience la nomination de son successeur. En choisissant le Néerlandais Frans Muller, ancien CEO de la division Cash & Carry du groupe allemand Metro, Delhaize a pris tous les observateurs à contrepied. Muller avait en effet été mis sur la touche chez Metro à la suite des performances décevantes de Cash & Carry. De plus, l’homme n’a aucune expérience d’un marché américain pourtant crucial pour Delhaize – 64% du chiffre d’affaires 2012. En la personne de Roland Smith, CEO de Delhaize America, Delhaize semblait pourtant avoir en son sein le candidat idéal pour prendre la succession de Beckers. Manifestement, Smith en était tout aussi persuadé puisqu’il a démissionné sur-le-champ. C’est d’ailleurs cette démission étonnante qui a fait trembler les marchés. Sous la direction de Smith, Delhaize America avait opéré un joli redressement ces derniers trimestres. Les volumes vendus sont à nouveau en hausse depuis la fin de l’an dernier et Smith peut également se targuer d’un redressement des marges opérationnelles comparables (de 3,2% à 3,8% ces 12 derniers mois). Manifestement, le marché craint surtout que Delhaize soit incapable de confirmer ce regain de forme aux Etats-Unis après le départ de Smith. Le fait que Delhaize America soit placée directement sous l’autorité du nouveau CEO incite également les analystes à redouter une détérioration du “feeling du marché” lors de l’élaboration de la stratégie américaine. Nous trouvons cependant que la réaction au jeu de chaises musicales au sommet de Delhaize est excessive. L’action a perdu près de 15% de sa valeur depuis son pic à 52 EUR début août. L’amélioration de la conjoncture aux Etats-Unis laisse espérer que le redressement des marges n’y est pas arrivé à son terme, même sans Smith. Notamment en raison de la valorisation attrayante, nous confirmons l’avis ” acheter sur correction ” (2B).

L’offre de rachat lancée par Borealis sur les actions Rosier encore en circulation s’est ouverte. Estimez-vous toujours qu’il soit préférable de ne pas l’accepter ?

L’offre lancée par Borealis sur le producteur wallon d’engrais Rosier (200,2 EUR; NYSE Euronext Bruxelles) court jusqu’au 4 octobre. Borealis était légalement obligée de lancer cette offre de rachat sur les actions restantes depuis qu’elle a acquis la participation majoritaire de 57% que Total détenait dans Rosier. Mais les 203,38 EUR par action proposés, un prix qui correspond à peu près à la valeur comptable, sont plutôt chiches. Le timing est malheureux pour les actionnaires avec une année 2012 en mode mineur et avec un cours boursier à un plancher sur cinq ans. Reste à présent à voir si Borealis pourra acquérir au minimum 90% des actions d’ici le 4 octobre. Dans ce cas, l’offre sera, à en croire le prospectus, rouverte entre le 14 et le 28 octobre. Borealis semble en tout cas déterminée à finaliser l’acquisition. Nous continuons à recommander (provisoirement) de ne pas accepter l’offre (3C; ” à conserver/attendre “).

Que faire de mes actions Nokia qui ont gagné 50% depuis l’annonce de la vente de la division Téléphonie mobile à Microsoft ?

L’action Nokia (4,25 EUR; ticker NOK1V sur la Bourse d’Helsinki) a opéré un net rebond à la suite de l’annonce de l’acquisition d’une division Devices & Services (D&S) sur le déclin par Microsoft pour 5,44 milliards EUR. Désormais déficitaire, D&S a contribué au chiffre d’affaires (CA) de Nokia à concurrence de 15 milliards EUR en 2012. Nokia a perdu son leadership sur le marché du GSM au profit de Samsung en 2012. Mais ces dernières années, les Finlandais ont surtout manqué la révolution des smartphones. Leur nouveau smartphone Lumia qui opère sur la plateforme Microsoft Windows Phone n’est pas parvenu à séduire suffisamment de consommateurs jusqu’à présent. Le marché est donc surtout soulagé de la disparition de l’impact financier négatif de D&S sur le groupe. En juillet, Nokia avait racheté la participation de 50% que possédait Siemens dans la division Réseaux mobiles pour 1,7 milliard EUR. Cette division, rebaptisée Nokia Solutions and Networks, devient la plus importante du groupe nouvelle mouture. Elle a réalisé un CA de 5,5 milliards EUR au 1er semestre, en baisse de 10% par rapport au même semestre de 2012. Le bénéfice opérationnel comparable (non IFRS) s’élevait à 539 millions EUR, contre une perte de 98 millions EUR au 1er semestre 2012 et un bénéfice de 822 millions EUR sur l’ensemble de l’année 2012. En outre, Nokia conserve ses petites divisions Services de cartographie et de localisation et Technologies avancées. L’accord trouvé avec Microsoft éclaircit un peu le ciel noir au-dessus de Nokia. Après les opérations Microsoft et Siemens, les liquidités nettes du groupe sont estimées à 2 EUR par action. Après la suppression du dividende l’an dernier, un petit extra pour les actionnaires semble réaliste. Reste à savoir dans quelle mesure Nokia 2.0 pourra devenir structurellement bénéficiaire. Nous maintenons l’avis ” à conserver/attendre ” (3C).

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