Coup de mou pour le nickel

La plupart des analystes prévoient un déficit de l’offre au cours du premier semestre 2015.

Au début de cette année, le nickel trônait – avec le zinc – en haut des listes des métaux de base les plus prometteurs pour 2015. Le nickel avait commencé l’année 2014 à 14.000 USD la tonne, pour culminer à plus de 21.000 USD la tonne en mai, à la suite de l’interdiction d’exporter décrétée en Indonésie. Il a cependant terminé l’année à 15.000 USD la tonne, un gain finalement assez maigre.

La première réaction assez vigoureuse à la décision de l’Indonésie s’est donc rapidement étiolée lorsqu’il est apparu que la disparition du minerai de nickel indonésien ne provoquerait pas de déficit à court terme. Anticipant l’interdiction d’exporter, la Chine s’était déjà constitué des stocks substantiels. En outre, les Philippines, où les minerais sont moins riches en nickel, mais les volumes disponibles sont suffisamment élevés, ont pris le relais. Les réserves de nickel ont entre-temps fondu, et même la route philippine risque d’être temporairement coupée. La saison des pluies entre décembre et avril va compliquer, voire rendre totalement impossible l’approvisionnement en nouveaux minerais. En Chine, les prix du minerai de nickel et de la fonte au nickel (ou nickel pig iron) sont déjà en hausse, mais le cours du nickel proprement dit ne suit pour l’instant pas la tendance.

Déficit imminent

Après un excédent d’offre constant depuis 2012, la plupart des analystes prévoient à nouveau un déficit pour le 1er semestre 2015. Sous l’influence d’indicateurs macroéconomiques décevants en Chine et d’une révision à la baisse des prévisions de croissance, le cours du nickel a encore baissé en direction des 14.000 USD le mois dernier. Ces dernières semaines, il a cependant repris un peu de hauteur après la décision de la Banque centrale chinoise de baisser les ratios de réserve des banques commerciales. D’autres stimuli monétaires sont attendus au cours des mois à venir pour redonner un coup de fouet à l’économie chinoise.

Il est assez difficile de miser sur le cours du nickel par le biais d’actions de grands groupes miniers, parmi lesquels les purs producteurs de nickel sont rares. Le groupe russe Norilsk est le premier fournisseur de nickel au monde, mais il produit aussi, entre autres, du palladium et du cuivre. De plus, les sanctions économiques contre la Russie constituent un important facteur d’incertitude. Le groupe brésilien Vale est le 2e producteur mondial de nickel, mais l’évolution de son chiffre d’affaires (CA) et de son bénéfice est surtout dictée par le minerai de fer. Il est certes question de scinder les activités dans le nickel, ce qui donnerait naissance à un pur producteur, mais ce ne sont actuellement que des conjectures. Vale ne prendra une décision définitive à ce propos qu’en août prochain. BHP Billiton et Glencore ont également des activités dans le nickel, mais elles ne représentent qu’une infime partie du CA des deux groupes.

En raison de la contraction de l’offre, aucun produit à effet de levier permettant de miser sur une hausse du cours du nickel n’est actuellement disponible sur Euronext. Il subsiste cependant deux produits de ce type sur la Bourse allemande. Trois trackers permettent également de suivre l’évolution du cours du nickel.

Dow Jones UBS Nickel Total Return ETN

Ticker: JJN

Bourse: NYSE Arca

Emission : octobre 2007

Performance depuis le 01/01/2015: -0,3%

Volume journalier moyen: 3600

Actif sous gestion: 7,2 millions USD

Frais annuels de gestion: 0,75%

Ce tracker possède la structure juridique d’un ETN ou Exchange Traded Note, c’est-à-dire d’une obligation subordonnée. L’émetteur n’est cependant pas le premier venu, puisqu’il s’agit de Barclays iPath. Le produit (ticker JJN) est coté sur le NYSE Arca. Le JJN suit l’évolution du Dow Jones UBS Nickel Subindex. Cet indice reflète le cours du prochain contrat à terme sur le nickel à venir à échéance sur le London Metal Exchange (LME). Remarquons à ce propos que le nickel se trouve actuellement en situation de contango. Les contrats à terme assortis d’une échéance ultérieure sont donc plus chers sur le LME, et le roulement des positions induit par conséquent un rendement (roll yield) négatif. Les frais annuels de gestion sont plutôt élevés : 0,75%.

iPath Pure Beta Nickel ETN

Ticker : NINI

Bourse: NYSE Arca

Emission: avril 2011

Performance depuis le 01/01/2015: -0,1%

Volume journalier moyen: 2900

Actif sous gestion: 2,8 millions USD

Frais annuels de gestion: 0,75%

Cet ETN appartient également à la famille iPath de Barclays. La différence par rapport au JJN réside dans l’indice sous-jacent. Il s’agit ici du Barclays Capital Nickel Pure Beta Total Return Index, qui suit non seulement l’évolution du cours du prochain contrat à terme arrivant à échéance, mais également d’autres futures à plus longue échéance. Ce qui a pour effet d’atténuer l’impact du rendement négatif sur le roulement des positions, conséquence de la situation de contango évoquée ci-dessus. Les frais annuels de gestion sont cependant aussi élevés.

Le groupe britannique ETF Securities propose également un tracker sur le nickel. L’ETFS Nickel est coté sur le London Stock Exchange (mais en USD, comme le nickel proprement dit) (ticker: NICK; code ISIN: GB00B15KY211). Comme les deux trackers américains, il s’agit aussi d’une obligation subordonnée. L’indice sous-jacent est cette fois le Bloomberg Nickel Subindex Total Return, un indice synthétique (par opposition à physique) qui reflète l’évolution du cours du nickel sur le LME. Comme dans le cas du JJN, seul le cours du prochain contrat arrivant à échéance est pris en considération. Les frais annuels de gestion (0,49%) sont nettement plus bas que ceux facturés par ses pendants américains.

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