CMB est à la moitié de la valeur comptable

Digne d’achat

Très décevante : c’est ainsi que la direction de CMB a qualifié l’évolution des tarifs pour le transport maritime de vrac sec. Personne ne peut lui donner tort. Les tarifs ont à nouveau chuté ces derniers mois. Début février, ils ont même atteint leur plus bas niveau sur ces 10 dernières années – un niveau encore inférieur à celui de 2008. De tels tarifs condamnent la quasi-totalité du secteur à fonctionner à perte. CMB n’y échappe pas. Bocimar, la filiale de CMB active dans le transport maritime, a essuyé une perte de 20,5 millions de dollars (USD) au 4e trimestre de l’an dernier, qui a porté la perte annuelle à 45 millions USD. Ces dernières années, Bocimar avait beaucoup misé sur un redressement du marché du vrac sec, notamment en étendant sa flotte et en réduisant les contrats à long terme qui offraient une protection contre les baisses des prix. En 2015, la flotte des plus grands navires dispose encore d’une couverture de 35%, alors que les plus petits navires étaient presque entièrement loués aux tarifs en vigueur sur le marché spot. CMB est donc devenue très dépendante de ces tarifs, mais le redressement espéré se fait attendre. Aux prix actuels, Bocimar est lourdement déficitaire. L’entreprise a dès lors conclu un partenariat avec d’autres armateurs pour ses plus grands navires, mais la joint-venture Capesize Chartering n’a entraîné que des économies sur les coûts. L’été dernier, CMB attendait encore un redressement des tarifs au cours de la deuxième moitié de l’année sur la base de plusieurs tendances positives qui s’étaient dessinées en 2014. Ainsi les exportations de minerai de fer affichaient-elles une croissance record et l’Inde importait une quantité croissante de matières premières. En outre, les cours du pétrole élevés au 1er semestre 2014 avaient incité les armateurs à privilégier des transports lents afin d’économiser le carburant, ce qui maintenait la capacité de transport plus longtemps en mer. Enfin, la croissance de la flotte mondiale s’était ralentie, ce qui était indispensable pour réduire la surcapacité résiduelle. Ces évolutions ont cependant été contrecarrées par la baisse des cours des matières premières, qui a incité les importateurs à réduire leurs stocks et donc à différer les importations. La croissance du marché du charbon est également restée inférieure aux attentes et l’Indonésie a porté le coup de grâce en mettant un terme à ses exportations de minerai. Mais comme la direction de CMB le remarque très justement, le marché sera toujours influencé par des événements imprévisibles, positifs ou négatifs. Plus fondamentalement, il faut constater que le secteur est toujours en surcapacité, et que dans de telles circonstances les contrecoups se traduisent très rapidement par une forte baisse des tarifs. La capacité de la flotte mondiale a encore augmenté de 4% l’an dernier, alors que le carnet de commandes des chantiers navals reste bien rempli. Les commandes de nouveaux navires représentent ainsi 1/5 de la flotte existante. Un redressement durable du marché ne sera possible que si l’offre et la demande retrouvent un certain équilibre. Manifestement, les investisseurs ne croient pas en une amélioration à court terme. L’action CMB s’échange en effet à la moitié de sa valeur comptable, ce qui indique que le marché prévoit encore de lourdes pertes et/ou une forte dépréciation comptable de la flotte existante.

Conclusion

Dans le sillage du nouvel effondrement des tarifs de transport maritime, l’action CMB est en net retrait. Le cours n’est plus très éloigné de son plus bas niveau de ces cinq dernières années. Un redressement durable du marché n’est pas envisageable à court terme, mais d’un point de vue technique, l’action repose sur un plancher assez robuste. A la moitié de la valeur comptable, l’action intègre une longue période de tarifs bas. Nous reprenons dès lors en Sélection ce retardataire par rapport au marché, ce qui en fait un candidat pour notre portefeuille.

Conseil: digne d’achat

Risque: moyen

Rating: 1B

Partner Content