Casino fait ses emplettes à Rio

L’exercice 2012 a marqué un jalon dans la stratégie d’internationalisation du groupe français Casino (72,3 EUR; NYSE Euronext Paris; ticker : CO; capitalisation boursière : 8,1 milliards EUR; code ISIN : FR0000125585). A la fin de l’an dernier, le groupe de distribution réalisait pour la première fois plus de la moitié (56%) de son chiffre d’affaires (CA) en dehors de l’Hexagone.

Casino a en effet acquis le contrôle de Grupo Pao de Açucar (GPA) fin 2012. Avec un CA de 20,2 milliards EUR, 1640 magasins et 159.800 membres du personnel, GPA est de loin le premier détaillant du Brésil. Il propose également tous les types de magasins possibles : des hypermarchés Extraau aux épiceries de quartier Extra Minimercado en passant par les supermarchés Extra Supermercado. Casino a donc acquis une position de leader. Le groupe occupe d’ailleurs une position de (co-)leader dans les trois autres pays émergents où il est actif. L’an dernier, les activités internationales ont également enregistré une croissance organique de 8,5%. La chaîne Exito, en Colombie (plus quelques activités en Uruguay), est la deuxième présence de Casino en Amérique du Sud. Moins connue ici, la Colombie est pourtant la quatrième économie d’Amérique latine avec une croissance de 4% l’an dernier. Exito y est leader dans son secteur avec 427 points de vente (dont 86 (!) ouverts l’an dernier) à la fin de l’an dernier et un CA de 4,3 milliards EUR. Et la présence internationale de Casino ne se limite pas à l’Amérique latine. Le groupe est également bien implanté dans deux pays d’Asie : la Thaïlande et le Vietnam, chaque fois avec la chaîne Big C. En Thaïlande, il possède 348 magasins, pour un CA total de 3 milliards EUR, ce qui lui vaut une nouvelle position de leader. Sur un marché vietnamien très prometteur, mais aussi peu développé, le groupe exploite 21 hypermarchés, la plupart dans des centres commerciaux. Bien entendu, Casino n’est pas qu’une histoire de croissance internationale. Au niveau du groupe, la croissance organique est restée limitée à 3,5% l’an dernier, en raison d’une contraction de 0,8% dans une France en récession, où la confiance des consommateurs et des chefs d’entreprises est en chute libre. Les hypermarchés (Géant Casino) ont été particulièrement touchés (-7,7%). Heureusement, le groupe privilégie la diversité outre-Quiévrain, en plaçant l’accent (moitié du CA) sur les épiceries de quartier (sous les marques SM, Franprix et Monoprix). Au contraire des hypermarchés, celles-ci ont bien résisté à la crise jusqu’à présent, tant en termes de CA que de marge. En matière d’e-commerce, Cdiscount est une réussite. Avec la chaîne Leader Price, Casino est également actif dans le segment du hard discount (14% des CA ” français “). Les activités internationales ne sont pas uniquement importantes pour la croissance, mais aussi pour les marges. Ces cinq dernières années, le groupe a enregistré à trois reprises une croissance organique ” à deux chiffres ” : 11,7% en 2008, 10,8% en 2010 et 12,2% en 2011 (+8,5% l’an dernier). Les marges sont nettement supérieures en Amérique latine et en Asie en raison de la croissance économique et d’une concurrence moins intense. Au niveau du groupe, la marge de rebit (bénéfice opérationnel récurrent) se monte à 4,8% – 3,7% en France et 5,6% pour les activités internationales (5,5% en Amérique latine et 7,1% en Asie). Au cours des six premiers mois de l’année, la marge de REBIT a progressé de 40 points de base par rapport au 1er semestre 2012 (4,1% contre 3,7%). Et puisque le CA a lui aussi dépassé les attentes (23,8 contre 23,7 milliards EUR attendus), le bénéfice a excédé les prévisions des analystes (969 millions EUR contre un consensus de 930 millions). L’action a bondi en direction des 80 EUR, mais la nouvelle crise dans les pays émergents l’a ramenée à moins de 14 fois le bénéfice attendu pour cette année, 12,5 fois celui de l’an prochain et un ratio valeur d’entreprise (EV)/cash-flow opérationnel (EBITDA) attendu de 6,5 en 2013. Compte tenu du profil de croissance pour les années à venir, nous obtenons une juste valeur de 82 EUR. Nous relevons donc l’avis à ” digne d’achat ” (1B) et plaçons une limite d’achat pour le portefeuille-modèle.

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