Aegon et Ageas: même métier, différentes performances

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La rédaction répond à la question d’un abonné: “L’action de l’assureur néerlandais Aegon stagne depuis des années alors que celle d’Ageas a énormément progressé. Pourquoi?”

Aegon et Ageas suivent une évolution disparate depuis cinq ans. Ageas a gagné 86,1% alors qu’Aegon perdait 38,4%, soit un écart de 124,5%, qui atteint 158,9% avec les dividendes (+139% pour Ageas, -19,9% pour Aegon). Sur la même période, l’action de l’assureur néerlandais NN Group a gagné 45,7%, et même 87,1% avec les dividendes, soit 107% de plus qu’Aegon, mais 51,9% de moins qu’Ageas.

La contre-performance d’Aegon s’explique surtout par des facteurs géographiques. Le néerlandais réalise plus de la moitié de son bénéfice aux Etats-Unis, via l’assureur-vie Transamerica Life Insurance Company, qui, dans un contexte de concurrence intense, peine à maintenir ses revenus depuis plusieurs années, malgré plusieurs réorganisations. De plus, les résultats des assureurs-vie augmentent avec les taux; or, la Réserve fédérale devrait de nouveau abaisser le sien. Ageas cible pour sa part principalement l’Asie, un pôle de croissance attrayant, avec un taux supérieur à 10% et toujours un énorme potentiel à long terme. Les deux compagnies se différencient aussi en matière de distribution de dividendes et de rachat d’actions propres. Les dividendes distribués par Ageas ont apporté un surcroît de rendement de 53% en cinq ans, contre +18,5% pour Aegon. Depuis 2011, Ageas a également racheté, puis détruit 24% des actions en circulation, alors qu’Aegon, limité par ses réserves de capitaux, n’a racheté que les nouvelles actions émises dans le cadre du dividende optionnel. Son titre a dévissé après la publication d’un rapport semestriel faisant état d’une dégradation du ratio de solvabilité d’Aegon Nederland, à 152%, sous le seuil minimum de 155%, ce qui compromet le versement d’un dividende à la société mère. En 2017, le groupe avait déjà dû renforcer les fonds propres de la filiale néerlandaise; des mesures complémentaires s’imposent aujourd’hui. Ce sera la tâche de Lard Friese, l’ancien CEO de NN Group, qui deviendra en mars 2020 le nouveau capitaine d’Aegon et s’appuiera sur son excellente réputation et son expérience pour redresser la barre. Il pourra s’inspirer du parcours impressionnant de Bart De Smet, le CEO d’Ageas, qui a su atteindre presque tous ses objectifs et endiguer les risques liés au passé Fortis par un règlement à l’amiable.

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