Yamana doit regagner la confiance du marché

© Yamana

La vente de la mine Chapada, joyau du groupe, n’a pas été appréciée par le marché. Mais pour réduire sa dette, le groupe n’avait d’autre choix.

Yamana est un producteur aurifère canadien de taille moyenne qui gère actuellement cinq mines au Canada, au Chili, en Argentine et au Brésil, pour une production totale d’un peu plus d’un million d’onces troy d’équivalent or (or et argent combinés) en 2018. Yamana sort d’une période difficile: comme nombre de ses pairs, la société avait trop de dettes lorsque le cours de l’or s’est replié en 2013, après avoir atteint un sommet en 2011. Cet endettement l’a empêché d’investir, hypothéquant la croissance future de l’entreprise dont les résultats ont déçu. Le cours a plongé, passant de plus de 20 dollars en 2012 à moins de 1,5 dollar début 2016. Le cours du métal jaune est entré en phase de consolidation depuis et Yamana a pu regagner du terrain. Mais le marché n’a plus confiance en la direction du groupe, qui reste par ailleurs très endetté.

En début d’année, Yamana a décidé de vendre à Lundin Mining la mine de cuivre et d’or de Chapada, au Brésil. En 2018, près de 60.000 tonnes de cuivre et 120.000 onces troy d’or en ont été extraites, mais Yamana a estimé que cette année, la production y baisserait d’environ un sixième. La mine doit en effet être modernisée et étendue pour que la production revienne à un niveau normal; l’acheteur, lui, sera en mesure de procéder aux investissements nécessaires. Yamana se défait certes d’un pôle de croissance, mais il recevra 800 millions de dollars en espèces à la signature, puis 125 millions de dollars sur cinq ans en fonction de l’évolution du cours de l’or. Lundin paiera encore 100 millions de dollars quand les travaux d’extension commenceront. Yamana percevra en outre 2% net sur la production future de Suruca, le volet or de Chapada.

A la fin du premier trimestre, Yamana avait 115 millions de dollars en caisse et une dette de près de 1,8 milliard de dollars (dette nette: 1,68 milliard). Le produit de la vente de Chapada sera affecté principalement à la réduction de la dette, pour la porter fin 2019 à 1,5 fois le bénéfice opérationnel brut (contre un multiple de 2,5 fin 2018), ce qui réduira la charge d’intérêts de 35 millions de dollars par an.

Yamana doit à sa participation dans Canadian Malartic, une joint-venture 50-50 avec Agnico Eagle Mines, près de 35% de la production consolidée. Au cours de l’exercice annuel passé, la mine a produit 349.000 onces troy, un record. Les mines chiliennes El Penon (or et argent) et Minera Florida ont contribué pour leur part à hauteur de 28% à la production totale. La part de la mine argentine Cerro Moro (or et argent), inaugurée l’an dernier, s’est établie à 23%. Au Brésil, Yamana détient encore Jacobina, qui verra s’accroître ses capacités de traitement et donc, sa production passer de 145.000 onces troy en 2018 à 225.000 en 2022. Yamana détient de surcroît 20,5% du canadien Leagold, qui gère quatre mines au Brésil, dont la production atteindra 380.000-420.000 onces troy cette année.

Le cash-flow disponible était négatif, en 2018 (-91 millions de dollars). Mais dès lors que Cerro Moro est entrée en phase de production, Yamana investira de moins en moins. C’est pourquoi le dividende a été relevé de 0,02 à 0,04 dollar par action.

Conclusion

Son produit permettra à Yamana de ramener sa dette à un niveau raisonnable et d’investir dans de nouveaux projets, mais la cession de Chapada n’a pas été appréciée par le marché. Les attentes de ce dernier sont faibles: l’action s’échange à peine à 0,5 fois la valeur comptable. Vu la possible percée du métal jaune, nous pensons que cette valeur en retrait recèle un potentiel.

Conseil: acheter

Risque: élevé

Rating: 1C

Cours: 2,2 dollars

Ticker: AUY US

Marché: New York Stock Exchange

Code ISIN: CA98462Y1007

Capit. boursière: 2,1 milliards USD

C/B 2018: –

C/B attendu 2019: 85

Perf. cours sur 12 mois: -25%

Perf. cours depuis le 01/01: -7%

Rendement du dividende: 0,9%

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