Vestas: la hausse des coûts pèse sur la rentabilité

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L’entreprise livre aujourd’hui des turbines qui avaient été commandées fin 2017 à des prix relativement bas. Le marché reste très concurrentiel et les produits et services récemment commercialisés alourdissent la facture de production.

Vestas peine à tirer profit de l’accélération de la demande de turbines éoliennes. Elle a expédié au 2e trimestre pour 3,4 GW de capacité, contre 5,7 GW commandés. L’étoffement, à 31 milliards d’euros, du carnet de commandes, confirme la position de leader qu’occupe Vestas dans son secteur. Mais ces résultats records ne suffisent pas à satisfaire l’actionnaire: le chiffre d’affaires (CA) a cédé 6% et le bénéfice opérationnel (Ebit), chuté de plus de 50%, au 2e trimestre, au détriment des marges. La marge d’Ebit est ainsi passée de 11,5% à 6%, ce qui n’a rien d’anecdotique.

Le problème est que les prix de vente sont stables alors que les coûts, eux, grimpent. Les prix des turbines ont certes cessé de baisser mais l’heure est à peine à la stabilisation – la concurrence est encore trop rude. De surcroît, l’entreprise livre aujourd’hui des turbines qui avaient été commandées fin 2017 à des prix relativement bas, ce qui pèse, là encore, sur son CA. Comme répercuter les hausses de coûts lui est difficile, l’envolée des prix des matières premières et des transports de même que les taxes douanières sur l’acier européen érodent sa rentabilité. Enfin, les nouveaux services numériques et les produits récemment commercialisés alourdissent la facture de production.

Vestas pronostique pour l’exercice une marge bénéficiaire de 8 à 9% sur un CA de 11 à 12,25 milliards d’euros, soit un bénéfice par action de 3,5 à 4 euros et un rapport cours/bénéfice (C/B) proche de 20. Le marché tient donc manifestement d’ores et déjà compte d’un redressement de la rentabilité et de perspectives favorables à long terme. L’énergie éolienne étant très bien placée pour contribuer à résoudre, à des prix abordables, la problématique du changement climatique, la demande devrait progresser spectaculairement. Un numéro 1 sur son marché comme Vestas compte parmi les plus aptes à supporter les frais élevés de développement de la prochaine génération d’éoliennes.

L’entreprise danoise ne se contente pas de construire et d’installer des turbines: elle en assure également la maintenance, une activité pour le moins lucrative. La marge sur les contrats de maintenance atteint 28,4% au 2e trimestre, ce qui représente un Ebit de 135 millions d’euros. Les ventes de turbines lui ayant rapporté 47 millions d’euros, l’on pourrait presque croire que Vestas n’installe d’éoliennes que pour pouvoir les entretenir. Elle qui assure la maintenance d’un nombre croissant de turbines d’autres producteurs a d’ailleurs repris deux petites sociétés américaines spécialisées dans cette activité. L’arrivée d’autres acteurs dans ce segment pourrait grever les marges, mais l’entreprise espère croître plus rapidement que le marché et enregistrer une marge bénéficiaire d’environ 24%.

Enfin, les éoliennes marines, troisième pôle d’activité de Vestas, commencent lentement mais sûrement à contribuer au résultat. L’entreprise a conclu une joint-venture avec Mitsubishi Heavy Industries pour concurrencer Siemens-Gamesa, leader dans le domaine des éoliennes offshore. La filiale a dégagé au 2e trimestre un Ebit de 22 millions d’euros, sur un CA de 534 millions d’euros.

Conclusion

Vestas est coincée entre prix de vente stables et coûts croissants, même si les contrats de maintenance, pour le moins lucratifs, permettent d’atténuer les répercussions de cette situation sur les marges. Le rapport C/B étant proche de 20, le marché mise manifestement sur un redressement de la marge bénéficiaire l’an prochain. Nous continuons de conseiller de conserver le titre.

Conseil: conserver

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 75 euros

Ticker: VWS

Code ISIN: DU300609

Marché: Xetra

Capit. boursière: 14,6 milliards EUR

C/B 2018: 19

C/B attendu 2019: 19

Perf. cours sur 12 mois: +29%

Perf. cours depuis le 01/01: +12%

Rendement du dividende: 1,4%

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